By: Ann Leger-Anderson
Lorsque John Hawkes remarqua en 1924 que les femmes avaient contribué de façon inestimable à la formation de la province, il se référait implicitement à celles appartenant à l’ethnicité en faveur : les Canadiennes britanniques1. Vus de notre époque, les faits sont beaucoup plus complexes : les nouveaux arrivants alors considérés inférieurs font maintenant partie de l’histoire de la province ; les autochtones, longtemps marginalisés, réclament la place qui leur revient ; et il y a maintenant de nouveaux immigrants. Le présent essai traite des principales immigrantes du 20ième siècle2.
En 1870, quand la région qui allait devenir la Saskatchewan faisait partie des nouveaux Territoires du Nord-Ouest, ses habitantes étaient autochtones. Certaines, appartenant au groupe des METIS, étaient des sang-mêlé issues du commerce des fourrures (FUR TRADE) ; d’autres ne tardèrent pas à arriver, telles les Métisses de la Rivière Rouge, mal à l’aise dans la nouvelle province du Manitoba ; mais la plupart étaient des Indiennes de race pure, bien souvent des Cries traditionnelles. Au début du 20ième siècle les nouvelles arrivantes, qui jusque là avaient été rares, éclipsèrent les autochtones. La première fut peut-être une femme de missionnaire, Mme Robert Hunt, qui avait accompagné son mari à un avant-poste anglican, Stanley Mission, au milieu des années 1850. En 1860, les Soeurs Grises (SISTERS OF CHARITY) arrivèrent à Ile-à-la-Crosse pour aider les pères Oblats (OBLATE) dans leur travail. D’autres femmes de tendance missionnaire suivirent, dans le but d’enseigner et de dispenser des soins médicaux. Si elles étaient catholiques elles appartenaient en général à un ordre religieux, bien qu’il y ait eu des laïques, par exemple ONÉSIME DUVAL. Si elles étaient protestantes, elles constituaient vraisemblablement la moitié d’une équipe missionnaire dirigée par leur époux pasteur. Néanmoins, certaines étaient célibataires, comme LUCY BAKER, une presbytérienne qui passa sa vie dans la région de Prince Albert. Parmi d’autres se trouvait peut-être la première doctoresse de la future province : ELIZABETH MATHESON. Elle arriva à Onion Lake en 1892 avec son mari, un missionnaire anglican qui insista pour qu’elle termine ses études de médecine afin de mieux pourvoir aux besoins des autochtones. Les femmes faisaient aussi partie du personnel scolaire chargé d’enseigner les moeurs occidentales – un effort alors considéré louable. Comme les écoles étaient régies par les hommes, ces femmes étaient en général des subordonnées ; on connait cependant une exception : CATHERINE GILLESPIE (plus tard MOTHERWELL), une presbytérienne qui fut principale du pensionnat de File Hills de 1901 à 1908, malgré l’opposition de certains fonctionnaires.
Les nouvelles arrivantes de la fin du 19ième siècle n’avaient pas toutes des intentions missionnaires. Certaines, dans des besognes ordinaires mais qui avaient leurs exigences, secondaient les hommes en faisant la lessive ou en procurant la nourriture et le logement ; elles travaillaient parfois comme domestiques chez les propriétaires aisés. Il y avait d’autres occupations : les prostituées, par exemple, représentaient un mélange dans lequel on comptait des autochtones ; celles qui étaient quelque peu visibles étaient en général des nouvelles venues, et on les tolérait tant qu’elles demeuraient dans des endroits désignés. Il y avait aussi d’autres types, comme la notoire Mme Habourg, dont le restaurant à Moose Jaw servait de façade au commerce du whisky qu’elle faisait venir clandestinement.
D’autres victoriennes évoquent la diversité chez les femmes de l’ère territoriale, ainsi que les opportunités qui se présentaient parfois. Par exemple CATHERINE SIMPSON HAYES, qui venait des provinces maritimes, était une femme de talent menant une double vie. Elle arriva dans la région de Prince Albert en 1879 ; après un mariage raté, elle réapparut à Régina avec deux enfants, prétendant être veuve bien que son mari soit fermier en Ontario. Elle vécut jusqu’en 1900 dans la capitale, où elle devint une personnalité culturelle en tant que journaliste et auteure. Elle prit pour amant NICHOLAS FLOOD DAVIN, propriétaire et rédacteur du Regina Leader ainsi qu’imprimeur ; elle eut deux enfants de lui, derrière une façade de respectabilité victorienne et une glorification de la domesticité féminine. Un autre exemple est GERALDINE MOODIE, une photographe originale qui au cours des années 1890 installa ses studios à Battleford, puis à Maple Creek, sans se laisser décourager par ses responsabilités de mère et d’épouse d’un officier de la police montée du Nord-Ouest. Dans les premières années de Saskatoon, une autre femme, Grace Fletcher, devint boutiquière, vendeuse d’os de bisons, et importante propriétaire foncière ; il se peut que son succès ait été entravé par un mari alcoolique3.
Il est arrivé occasionnellement que des jeunes filles laissent des traces de leur destin. May Clarke, par exemple, arriva à Régina au sein d’une famille d’immigrants anglais. En 1887, alors qu’elle avait treize ans, son père l’envoya travailler pour Nicholas Davin ; comme ce dernier, dans son métier d’imprimeur, avait besoin de travailleurs qualifiés et qu’il était disposé à passer au-delà des conventions, il lui enseigna des tâches normalement réservées aux hommes. Néanmoins – et cela était alors typique – elle fut forcée d’abandonner son travail quand sa mère tomba malade. D’autres femmes arrivèrent et repartirent presqu’aussitôt, par exemple l’espiègle et studieuse Lucy Maud Montgomery. Arrivant à Prince Albert pendant l’été 1890 âgée de seize ans, elle avait l’intention de vivre avec son père, séparé depuis longtemps, et avec sa belle-mère ; cette dernière, cependant, s’avéra jalouse et exigeante, et Lucy fut bien contente de partir un an plus tard. Son journal offre de rares aperçus du passé : la vie scolaire à Prince Albert (y compris l’affection malvenue d’un enseignant), ainsi que les intérêts et perspectives d’une jeune fille relativement privilégiée.
La plupart des femmes et des jeunes filles arrivées à la fin du 19ième siècle (et même plus tard) sont perdues pour l’histoire4. Parfois elles arrivaient seules, mais avaient des parents à proximité. Le plus souvent, pourtant, elles faisaient partie de cellules familiales propriétaires de concessions, peut-être associées à un projet de colonisation ou à un bloc ethnique. En plus des Canadiennes britanniques, il y avait des Hongroises, des Ecossaises, des Suédoises, des Norvégiennes, des Finlandaises, des Roumaines, des Islandaises, et de nombreuses femmes parlant allemand, parmi lesquelles des Mennonites. Celles qui appartenaient à diverses colonies agricoles juives différaient par la religion. A la fin du siècle arrivèrent les femmes Doukhobors, dont la foi chrétienne était en conflit avec la société d’accueil, surtout en ce qui concernait le mariage et le divorce : les Canadiennes britanniques, comprenant mal leurs corvées, les considéraient victimes d’une terrible imposition de la part des mâles. Il y avait aussi des Britanniques, associées parfois à des colonies caractéristiques telles que CANNINGTON MANOR, et parfois à des projets d’émigration visant à réduire le surplus de population femelle. Les Françaises étaient également représentées ; les Québécoises, surtout, avaient des difficultés d’adaptation et trouvaient leur environnement étrange, primitif et isolé5.
Au début du vingtième siècle, la diversité des femmes s’accrut. Il y avait maintenant les épouses et les enfants des hommes vêtus de peaux de moutons, ceux que l’on appellerait plus tard Ukrainiens. Les Canadiens britanniques les considéraient comme inférieurs à cause de l’étrangeté de leur religion, de leurs coutumes (filles mariées très jeunes, corvées des femmes aux champs), et de la violence masculine, qui empirait avec la boisson. Les épouses et les mères ukrainiennes étaient souvent coincées entre deux mondes : attachées à leur ancienne patrie et à son langage, elles étaient aussi confrontées par leurs enfants, qui s’adaptaient aux nouveau style de vie. Après que Frank Oliver ait remplacé Clifford Sifton comme ministre de l’Intérieur en 1905, on favorisa l’immigration des fermiers américains – s’ils étaient blancs. Les Noirs, bien que considérés indésirables, arrivèrent quand même, surtout de l’Oklahoma. Parmi ceux qui vinrent au début de 1910 et établirent une communauté agricole dans le district d’Eldon se trouvait la famille Mayes ; à sa tête, Hattie Mayes devint le centre de la communauté et de son église, illustrant ainsi le pouvoir informel que pouvaient détenir des femmes de toutes sortes.
A la fin du 19ième et au début du 20ième siècles les nouvelles arrivantes, si on les remarquait, étaient vues comme épouses, mères et ménagères – le triple rôle qu’Ottawa considérait essentiel au destin agricole des prairies. Les femmes, essentielles pour l’entreprise agraire, étaient là pour aider : c’est ce qui était suggéré par la propagande, les comptes rendus de voyages, les éloges funèbres, les éditoriaux, et les femmes elles-mêmes. Seul le mariage pouvait résoudre les difficultés du fermier célibataire : la femme partagerait son travail, donnerait naissance aux enfants qui offriraient un jour leur contribution à la ferme, et transformerait la maison en foyer. En un mot, la femme permettait la réussite de l’entreprise. Parfois, les hommes recherchaient une épouse dans les journaux ou les annonces. « Trouver un compagnon » était le thème pour recruter les femmes : Venez à l’ouest, remplissez un emploi indispensable comme institutrice ou domestique, puis trouvez un conjoint et votre contribution au développement en sera d’autant plus grande. Trouver un conjoint (ou un emploi, ou bien les deux) était également un leitmotiv pour les femmes britanniques qui cherchaient à échapper à l’excédent de population femelle. A la veille de la Première Guerre mondiale, cependant, le déséquilibre des sexes avait cessé d’être un problème en Saskatchewan6.
Le métier de fermière était rarement acceptable pour les femmes ; leur travail dans les champs était problématique, et les Canadiens britanniques désapprouvaient son existence chez certains immigrants7. « La femme en tant que fermière » était une anomalie culturelle, acceptable seulement dans des circonstances exceptionnelles. En fait, le recensement de 1911 ne classait comme fermières que 12% des femmes dans la main-d’oeuvre salariée de la Saskatchewan ; celles-ci, en général âgées de 25 à 64 ans, étaient le plus souvent des veuves qui avaient repris la ferme après la mort du mari, vraisemblablement avec l’aide des enfants. Très peu de femmes étaient d’authentiques détentrices de homesteads : les femmes mariées n’y avaient bien sûr pas droit, et la Loi sur les terres fédérales de 1872 (DOMINION LANDS ACT) en avait refusé l’accès aux femmes célibataires. C’est seulement dans les conditions les plus impérieuses que certaines femmes, en général des veuves entourées de personnes à charge qui pourraient se charger du travail pénible, étaient autorisées à déposer une demande de concession. Mais cette loi fut attaquée, et GEORGINA BINNIE-CLARK, une immigrante devenue fermière qui s’était installée dans la vallée de la Qu’Appelle, devint le porte-parole de celles qui réclamaient son amendement. Comme elle était elle-même inéligible, elle avait été forcée d’acheter des terres, et luttait à présent sous un fardeau financier excessivement lourd. Elle communiqua sa situation aux médias et à Ottawa, et il s’ensuivit une croisade à base de pétitions : 11 000 signatures furent présentées au gouvernement en 19138.
Pour la vaste majorité des femmes et des jeunes filles, il était absolument inconcevable de posséder une ferme : elles passaient leur vie en tant que filles, puis épouses, mères et femmes au foyer (voir aussi PIONEERS, FEMALE). Leur dure existence était parfois remarquée. Au début, la colonisation fut bien sûr difficile à cause des conditions d’isolement primitif ; cela était d’autant plus vrai pour la minorité d’immigrantes provenant de milieux urbains, qui n’étaient pas habituées au labeur incessant de la ferme. Plus tard, alors que les fermes demeuraient bien souvent éloignées de tous services, les soins médicaux étaient la plus grande préoccupation des femmes, étant donné leurs responsabilités pour le bien-être de la famille et leurs grossesses fréquentes. Les fermes étaient généralement petites, mal bâties et sans confort : les transformer en foyers était le rôle des femmes – un rôle difficile, surtout quand l’argent disponible était consacré à l’exploitation de la ferme. Même si cette image de corvée est parfois exagérée, il reste que le labeur n’arrêtait jamais. En fait, ce travail féminin non rémunéré, que l’on oublie fréquemment, était crucial parce qu’il comportait la responsabilité de nourrir et d’habiller le mari et les enfants, et de les conserver à l’abri et en bonne santé. Les fermières s’occupaient aussi du jardin, de la volaille et des conserves. Le stéréotype de la table de ferme chargée de nourriture masque cependant une réalité qui était loin d’être rare : une alimentation fort limitée. C’était aussi la femme qui tenait la comptabilité, et qui obtenait un revenu supplémentaire grâce à la vente du surplus d’oeufs, de lait ou de beurre. Les fermières faisaient de leur mieux pour procurer à la maisonnée les produits nécessaires ainsi que certains agréments.
Le portrait ainsi brossé est général : les conditions réelles se trouvaient affectées par des facteurs tels que l’ethnicité, la classe sociale, les circonstances immédiates, les attentes de la famille, et les caractéristiques individuelles. Néanmoins, on est frappé par la similarité des responsabilités et des tâches féminines, ainsi que par la conviction que la vocation d’une femme était d’être épouse, mère et femme d’intérieur. Ceci peut poser des questions concernant l’existence d’une frontière féminine, ou plus généralement d’une culture féminine. Il est difficile d’y répondre étant donné les facteurs de division cités plus haut, mais il existe une autre considération : tout le monde était convaincu que la femme avait une position subalterne, que l’homme était dans l’obligation d’être le soutien de famille, et que la femme était incapable d’assumer les obligations qui revenaient de droit aux hommes. Ces thèmes de base étaient cependant ornés de nombreuses variations, dont certaines discréditaient les femmes plus que d’autres. Quoi qu’il en soit, la domination du mâle était omniprésente, ainsi que les deux poids, deux mesures habituels : la glorification de la pureté sexuelle de la femme, et l’acceptation du caractère volage de l’homme.
Ces attitudes étaient également prévalentes, bien sûr, dans les centres urbains où vivait une petite minorité de nouvelles arrivantes9. Néanmoins, les villes et cités en pleine croissance offraient davantage d’options que les régions rurales : la vie y était plus aisée, plus intéressante et plus variée. Jeunes ou pas, appartenant à un groupe ethnique favorisé ou non, d’une classe sociale privilégiée ou pas, les femmes ressentaient l’attraction des villes. Pour beaucoup il s’agissait des opportunités d’emploi, quelles que soient leurs limitations10. La salariée typique était une jeune célibataire : une femme récemment mariée abandonnait normalement son travail, quitte à y revenir si les circonstances l’exigeaient – par exemple le veuvage ou un mari handicapé. Considérées comme des travailleuse temporaires et rémunérées moins que les hommes, elles étaient censées n’être aptes qu’à certains métiers. D’autres facteurs déterminaient également les emplois ouverts aux femmes : classe sociale, ethnicité, et demande. Les emplois industriels, les plus recherchés par les femmes sans qualifications, était rares dans une province agraire. Mais s’il existait toujours une opposition au travail féminin dans l’industrie, le service domestique restait en revanche le pilier traditionnel. Dans cette catégorie, il y avait très peu d’emplois d’élite comme ceux offerts aux Canadiens britanniques par la résidence du gouverneur (GOVERNMENT HOUSE) à Régina : on avait beaucoup plus de chances de trouver du travail dans une maison urbaine cossue – ce qui d’ailleurs était préférable à un emploi rural, pour lequel la demande était cependant plus grande. Les plans de recrutement, qui visaient l’aide domestique anglaise, ne furent pas très fructueux : le « problème des domestiques » persista sur le plan urbain autant que rural jusqu’à ce que le 20ième siècle soit bien avancé.
La croissance économique rapide dans la Saskatchewan urbaine du début du vingtième siècle offrit une variété d’emplois féminins -- parmi lesquels celui de téléphoniste, les femmes étant considérées plus polies et moins sensibles aux bas salaires que les hommes. Le travail de bureau se répandit grâce aux agences gouvernementales, aux compagnies d’assurances et d’immobilier, et aux entreprises de vente par correspondance telles que Simpson et Eaton, à Régina : les femmes, qui ne risquaient pas de demander une position d’autorité ou un salaire élevé, étaient les bienvenues dans toutes sortes d’emplois de bureaux. On avait besoin de vendeuses dans les grands magasins et les diverseries, et les centres urbains avaient besoins d’employées dans leurs hôtels et leurs restaurants11. Les quelques femmes qui était indépendantes, et même entrepreneuriales, géraient vraisemblablement un magasin de confiseries ou bien une pension de famille ; mais il y avait aussi quelques agentes courtières, sans oublier Mme E. Marriott, propriétaire de la pépinière de Saskatoon12. Le développement des fonctions gouvernementales pouvait également créer des emplois : ETHEL MACLACHLAN, par exemple, fut nommée surintendante pour les enfants négligés à charge, et peu après, en 1917, devint le premier juge du tribunal pour enfants de la Saskatchewan.
Certaines entrèrent dans les « professions féminines », qui, comparées à celles des hommes, étaient moins prestigieuses, moins bien payées, et détenaient peu d’autorité. La plus récente était la profession d’infirmière – généralement en service privé après une période de formation et de travail dans les écoles d’infirmières attachées aux nouveaux hôpitaux. La principale profession féminine demeurait néanmoins l’enseignement, en milieu rural et urbain. Présentes déjà aux débuts des Territoires, et travaillant parfois dans des écoles privées de fortune, les institutrices devinrent onmiprésentes. Bien que la plupart des maîtresses d’école de l’époque aient été situées en milieu rural, les femmes préféraient travailler dans une école urbaine parce que les conditions y étaient meilleures (malgré le salaire, qui était à peu près celui du concierge). En ville, les nouvelles écoles secondaires offraient des emplois occasionnels avant la Première Guerre mondiale, et beaucoup d’enseignantes célibataires s’y consacrèrent pendant des dizaines d’années. E. Don Cathro, par exemple, une diplômée de Queen’s, enseignait déjà à Régina lorsque l’école secondaire ouvrit ses portes ; elle y entra en 1909 et enseigna l’anglais jusqu’à sa retraite en 193513. Les religieuses étaient bien sûr à la base des soins infirmiers et de l’instruction élémentaire pour la population catholique.
Dans tous les cas, l’emploi des femmes était affecté non seulement par la classe sociale et l’ethnicité, mais aussi par l’éducation. La plupart des immigrants considéraient une éducation de base comme appropriée pour les filles, pourvu que ceci n’aille pas à l’encontre des besoins et des obligations de la famille. Certaines, anglophones et vivant dans l’aisance, obtenaient une éducation secondaire – dans des écoles publiques ou religieuses pour filles14, ou bien, à la veille de la Première Guerre mondiale, dans des collèges offrant un enseignement académique traditionnel comprenant le latin aussi bien que les sujets commerciaux. Quelques femmes pursuivirent leurs études à l’Université de la Saskatchewan, où les cours débutèrent en 1909. A l’époque, quel que soit le niveau, l’enseignement ménager était en général considéré le plus approprié : on craignait en effet que l’éducation, surtout à un nivau avancé, ne soit néfaste à la vie de famille. Ce n’est qu’en 1928 que l’Ecole d’enseignement ménager ouvrit ses portes au sein de la jeune université (voir aussi WOMEN AND EDUCATION).
Ce que les femmes pouvaient ou ne pouvaient pas faire, ce qu’elles pouvaient étudier ou pas, était déterminé en partie par la coutume, la pratique et les attentes. Toutes, cependant, étaient égales (ou plutôt inégales) devant la loi. La condition des femmes mariées, surtout, était inférieure, bien que le principe traditionnel de couverture ait été modifié. Durant la période territoriale, par exemple, les femmes avaient des droits contractuels et afférents à des biens immobiliers limités, qui, bien que reportés après 1905, ne portaient que sur quelques résidentes urbaines. Bien plus important pour les fermières – la majorité des nouvelles arrivantes – était l’absence de tout douaire, dûe à la Loi sur les biens immobiliers des Territoires (1886), que les législations ultérieures n’amendèrent qu’imparfaitement. A la campagne comme à la ville, le mari était la personne légalement dominante. Malgré quelques modifications passagères, les femmes possédaient des droits légaux limités, même sur leurs enfants ; le concept de viol conjugal n’existait pas ; les divorces, rares et coûteux, stigmatisaient les femmes ; et les épouses abandonnées avaient peu de recours. Les célibataires avaient davantage de droits, et celles qui étaient propriétaires foncières (y compris les veuves) obtinrent avant les femmes mariées le droit de voter au niveau local. Quel que soit leur statut légal, les femmes ne pouvaient pas participer aux élections provinciales ou fédérales15 (voir LEGAL RIGHTS OF WOMEN).
Malgré leurs droits limités et leur position subalterne, les femmes apportèrent une contribution essentielle à la colonisation de ce qui allait devenir la Saskatchewan – non seulement en tant qu’épouses, mères et femmes au foyer, mais aussi comme participantes dans la main-d’oeuvre salariée. Les immigrantes cherchèrent également à reproduire le milieu qu’elles avaient laissé, ou bien à améliorer les conditions ambiantes. Toutes ces contributions interagirent de manière complexe, conduisant parfois à des tensions parmi différentes sortes de femmes. Pour beaucoup de nouvelles arrivantes, il était important de rétablir les institutions religieuses et de s’en servir pour influencer la société16. Les immigrantes comptaient parmi elles des juives et d’autres non-chrétiennes, mais c’était les chrétiennes de toutes confessions qui prédominaient, si bien qu’on pensait souvent qu’elles avaient une tendance naturelle à la religion ; quoi qu’il en soit, elles étaient plus susceptibles que d’autres d’appartenir à une église. Les femmes voyaient souvent l’église locale comme un foyer d’identité au sein d’un monde étrange et isolé, comme un lieu de réunion, ou simplement comme un agréable changement de routine. La communauté religieuse ou les dévotions personnelles pouvaient également être une grande source de réconfort dans un monde rempli de danger et de mort. Les contributions qu’une femme pouvait offrir à sa religion dans le cadre de la communauté dépendaient de l’idée que sa confession se faisait de la nature et des devoirs féminins.
Les religieuses catholiques, bien que subordonnées aux prêtres, étaient chargées d’importantes fonctions traditionnelles dans les hôpitaux, les établissements de bienfaisance et les écoles. Au sein des principales confessions protestantes – presbytérienne, méthodiste, anglicane, baptiste – qui formaient le groupe culturel dominant et qui étaient de tendance évangélique, les femmes se taillèrent une place subalterne dans le travail auxiliaire : en plus de l’école du dimanche, elles étaient actives dans les sociétés d’aide et de mission ; et dans les milieux ruraux et urbains elles représentaient la religiosité féminine et établirent les premières organisations de femmes. Bien que leur travail ne fasse que reproduire ce qui était déjà bien établi, les demandes d’un nouveau territoire peu peuplé conduisirent parfois à des tâches normalement considérées comme inappropriées pour des femmes17. Le pastorat, cependant, présentait une barrière infranchissable, et les protestantes n’avaient pratiquement aucune influence sur la conduite des affaires de leurs confessions. Une autre pratique soulignait ce statut subalterne : jusqu’à la fin du vingtième siècle, il n’était pas rare qu’une femme adhère à la confession de son mari si elle était différente de la sienne18.
Mais les femmes ne s’étaient pas limitées aux confessions religieuses : elles avaient aussi établi toute une gamme d’organisations, en général basées dans les villes. Par leur truchement, les femmes contribuèrent au développement communautaire, offrirent leur assistance, étendirent leurs droits, poursuivirent leurs intérêts, et parfois influencèrent la formulation de politiques. Leurs membres étaient en général des femmes mariées d’origine britannique, aisées et plutôt éduquées. Elles étaient affiliées à ces organisations pour plusieurs raisons : pour contribuer à la communauté, poursuivre leurs intérêts ou développer des qualités de commandement ; ou bien, moins sérieusement, pour avoir une excuse de quitter la maison, pour fréquenter les gens, ou pour se faire une place dans la société. Pour les privilégiées, ce travail en organisations se substituait à une carrière et était d’autant plus le bienvenu qu’à l’époque les femmes mariées nanties travaillaient rarement en dehors de la maison.
Les premières organisations d’importance majeure à faire une trouée dans les limites confessionnelles représentaient la voix de la féminité protestante évangélique, qui comptait parmi ses objectifs l’amélioration de la condition féminine : l’Union de tempérance des femmes chrétiennes (WOMEN’S CHRISTIAN TEMPERANCE UNION, ou WCTU) et l’Association des jeunes chrétiennes (YOUNG WOMEN’S CHRISTIAN ASSOCIATION, ou YWCA). Toutes deux dataient des années 1870 ; la première était d’origine américaine, la seconde d’origine anglaise. La WCTU se répandit rapidement dans la Saskatchewan d’avant-guerre pour devenir la plus grande des organisations féminines ; passionnée de réformes, elle critiquait fréquemment l’impact du status quo sur les femmes et les familles. La YWCA naquit du désir d’offrir un environnement protecteur aux jeunes femmes qui affluaient dans les villes en plein essor pour le travail ou les études ; la première branche fut ouverte à Moose Jaw en 1907. Avant cela, en 1895, un Conseil des femmes local (LOCAL COUNCIL OF WOMEN) avait été établi à Régina. Ce n’était au départ qu’un groupe générique d’auxiliaires religieuses cherchant à fonder un hôpital local, mais plus tard il traita de nombreuses questions, y compris celles concernant les femmes. Plusieurs autres conseils apparurent durant la Première Guerre mondiale, et un organisme provincial fut formé.
D’autres organisations se développèrent, parmi lesquelles des professionnelles comme l’Association des infirmières autorisées de la Saskatchewan (1917) et l’Association des enseignantes de Saskatoon (1918). La culture trouva un moyen d’expression avec les clubs musicaux féminins (WOMEN’S MUSICAL CLUBS) de Régina (1907) et de Saskatoon (1912), ainsi que la Société de formation féminine (Women’s Educational Society) affiliée à Regina College. Les diplômées universitaires formèrent les University Women’s Clubs de Régina (1915) et de Saskatoon (1918), bientôt affiliés à la Fédération canadienne des femmes universitaires (CANADIAN FEDERATION OF UNIVERSITY WOMEN). Celles qui cherchaient à promouvoir une identité canadienne et impériale adhéraient à l’Ordre impérial des filles de l’Empire (IMPERIAL ORDER OF DAUGHTERS OF THE EMPIRE), présent dans la province depuis 1909 ; des femmes provenant d’autres nationalités formèrent également leurs propres organisations ; d’autres encore contribuèrent une aide importante aux hôpitaux et autres institutions. La plupart de ces organisations étaient basées dans les villes ; mais comme la jeune province était surtout agricole, deux d’entre elles se distinguaient par leur mission d’améliorer les conditions de vie dans les fermes et les communautés rurales ; attirant surtout les immigrantes anglophones, elles se répandirent rapidement dans toute la province. Les Clubs des ménagères de la Saskatchewan (Homemakers’ Clubs of Saskatchewan) furent fondés en 1911, sur le modèle des Instituts féminins qui virent le jour en Ontario au milieu des années 1890 (voir HOMEMAKERS’ CLUBS AND THE WOMEN’S INSTITUTES) ; et 1914 vit naître une contribution unique de la Saskatchewan, l’organisation plutôt radicale des Récoltantes de grain (Women Grain Growers), ouverte seulement aux fermières authentiques (voir ORGANIZED FARM WOMEN IN THE WGG, THE UFC, THE SFU, AND THE NFU).
A la campagne comme à la ville, les organisations féminines provinciales grandirent rapidement au cours des années 1910 ; beaucoup possédaient un caractère féminin de type traditionnel, qui voyait dans leurs efforts d’émancipation une expression de l’instinct maternel. Certaines femmes commencèrent à se concentrer sur les besoins organisationnels des jeunes, principalement les filles, et embrassèrent deux organisations qui avaient rapidement atteint la Saskatchewan : les Eclaireuses (GIRL GUIDES) en 1910, et les Filles canadiennes en formation (CANADIAN GIRLS IN TRAINING) en 1918. Les Clubs de filles et de garçons, établis en 1918 et qui plus tard devinrent les 4-H CLUBS, s’adressaient surtout à la jeunesse rurale.
A la veille de la Première Guerre mondiale, la vie des femmes urbaines mieux nanties se conformait au modèle édouardien familier. Il est difficile de savoir si elles étaient plus libres ici qu’à l’est, étant donné qu’elles vivaient dans un contexte social qu’elles trouvaient agréable. Annie Brown, par exemple, l’épouse d’un lieutenant-gouverneur, appréciait apparemment le tourbillon d’activités de leur résidence ainsi que sa propre participation à de nombreuses organisations ; sa vie démontrait également les opportunités de mobilité sociale offertes par la jeune province. La plupart des femmes urbaines n’étaient pas aussi aisées, et certaines vivaient dans la difficulté : les habitantes de Régina est, par exemple, provenant de l’Europe continentale et vivant à l’étroit dans des conditions insalubres, avaient des options limitées ; et pourtant, certaines avaient des opportunités dont elles n’avaient jamais rêvé. La vaste majorité des femmes vivaient dans des fermes, et très peu bénéficiaient des avantages d’une Catherine Gillespie Motherwell, qui était capable d’aller et venir entre une ferme confortable et les milieux aisés de la capitale. Elles menaient des vies très différentes ; ceci était d’autant plus vrai pour celles dont la langue, les attentes et le style de vie contrastaient avec ceux de la société d’accueil. Même celles qui vivaient dans une aisance relative avaient peu d’agréments, et il était presque impensable qu’elles participent aux activités féminines nouvellement développées : les sports comme le tennis, le golf, le hockey pour femmes, et le basket-ball19 (voir WOMEN IN SPORTS).
Un nombre croissant de femmes, bien qu’encore une minorité, étaient mécontentes de leur condition en Saskatchewan. Elles avaient compris que leur active participation dans des organisations ne leur donnait que des occasions limitées d’influencer le développement , les politiques et les pratiques communautaires ; elles avaient donc besoin d’une voix directe dans le corps politique : il leur fallait le vote. Une courte campagne, consistant surtout en pétitions qui galvanisèrent les femmes jusque-là passives, se solda par une victoire, et la Saskatchewan devint en mars 1916 la deuxième province à accorder le vote aux femmes (voir WOMAN SUFFRAGE). Comme il convenait à une province essentiellement agricole, il s’agissait d’un mouvement agraire ; la WGG en prit la direction et collabora avec la WCTU, basée dans les centres urbains ; et VIOLET MCNAUGHTON en fut l’âme. De plus en plus de femmes appuyaient le suffrage, et ce pour de nombreuses raisons. Beaucoup y voyaient d’abord un outil pour des réformes, surtout en ce qui concernait la prohibition, qui allaient élever moralement la communauté et la province. C’était pour elles un moyen de promouvoir leurs intérêts, de réparer la perte de leur droit au douaire, et d’obtenir le droit à la propriété. Transformer les femmes en citoyennes à part entière était aussi une réforme démocratique qui s’était faite désirer. Cependant, c’était les hommes qui votaient, qui légiféraient, et qui détenaient le pouvoir. Mais après plusieurs années de réponses évasives, le gouvernement libéral décida finalement que le moment était venu : les femmes avaient clairement démontré qu’elles désiraient le vote. C’était aussi un signe de progrès -- la Saskatchewan se montrait moderne20.
Comme en mars 1916 les femmes étaient activement engagées dans l’effort de guerre, l’octroi du droit de vote prit un air plus acceptable. Elles contribuaient à travers les organisations urbaines et rurales, où l’Ordre impérial des filles de l’Empire jouait un rôle prédominant21. En fait, on peut attribuer en partie l’expansion des organisations féminines durant la guerre à leur détermination de participer à cet effort. Elles s’activaient à collecter des fonds pour les hôpitaux, les ambulances et les secours ; elles tricotaient, confectionnaient des bandages, assemblaient des commodités et de la lecture pour les soldats, et mettaient de côté des vivres et des vêtements. Les femmes des réserves indiennes n’étaient pas en reste, mais on oublia bien vite leur contribution. Bien que quelques-unes servent comme infirmières militaires, l’anglophone moyenne travaillait à l’intérieur ; sa ferveur patriotique, atteignant parfois un haut degré d’excitation, contribua à une canadianisation accrue, à la méfiance envers les ressortissants d’un pays ennemi, et à la campagne pour les écoles de seule langue anglaise. Une autre catastrophe salua la fin de la guerre : l’épidémie de grippe, contre laquelle luttèrent les femmes de toute la province. Puis vinrent les années 1920, une décennie de construction sur les bases qui avaient produit la troisième province du pays pour la population.
Les plus ardentes partisanes du suffrage, qui contemplaient une ère nouvelle d’activisme féminin, furent bientôt déçues. Les femmes intéressées par la politique avaient tendance à n’entreprendre que du travail auxiliaire au sein du vaste réseau d’associations féminines libérales et conservatrices qui faisait son apparition. Les expériences de la première députée, SARAH RAMSLAND (circonscription Pelly) sont instructives, étant donné l’hostilité envers sa candidature. En 1919 elle obtint un siège de veuve dans une élection partielle, puis l’emporta encore en 1921, mais cette fois par une majorité de votes provenant d’un électorat sérieusement divisé qui avait à choisir entre quatre candidats ; et en 1925 elle perdit une course bilatérale au profit du candidat qui était arrivé dernier en 1921. Localement, quelques femmes furent élues aux conseils scolaires, le plus souvent au niveau élémentaire, et d’autres furent placées dans les conseils des bibliothèques. Il est difficile de déterminer l’importance des efforts de certains groupes, comme le Conseil local des femmes de Régina, pour encourager leurs consoeurs à se présenter aux élections. Quant à l’espoir – et à la crainte – que le suffrage féminin ne devienne un bloc d’influence, cela s’avéra être un mythe. Il y eut également peu de réparations concernant l’inégalité de certains droits légaux, et beaucoup des plus actives partisanes du suffrage, qui étaient également membres de la WCTU, virent avec consternation la fin de la prohibition. Quant à la décision « Persons’ Case » de 1929, qui était l’oeuvre des Cinq de l’Alberta (Alberta Five), les femmes de la Saskatchewan n’y attachèrent que peu d’intérêt ; certaines, en fait, considéraient le Sénat comme un corps antidémocratique non élu, qui devrait être aboli.
Le milieu urbain, bien qu’encore de dimensions réduites, continua d’offrir aux femmes davantage d’options et d’opportunités que la Saskatchewan rurale, surtout pendant l’essor de la fin des années 1920. Il existait comme auparavant toute une gamme de métiers, et les femmes célibataires éduquées trouvaient prfois un créneau professionnel dans un monde dominé par les hommes. La doctoresse FRANCIS MCGILL, par exemple, venait de commencer une longue carrière en pathologie, y compris la pathologie légale. La doctoresse LILIAN CHASE, une élève de Banting qui commença sa pratique à Régina en 1925, prit la tête du personnel médical du Regina General Hospital en 1932. EDITH ROWLES SIMPSON devint directrice de l’Ecole d’arts ménagers, finalement établie à l’Université de la Saskatchewan en 1928. Des femmes se trouvèrent parfois impliquées dans un travail novateur : CATHERINE SHELDON-WILLIAMS, par exemple, lança l’école par correspondance « Outpost Correspondence School » en 1926.
La jeune travailleuse célibataire qui quittait la main-d’oeuvre après son mariage demeurait typique : épouse, mère et ménagère étaient les rôles privilégiés. Les trajectoires professionnelles étaient familières : emplois de bureau, soins infirmiers, vente, travail d’hôtel et de restaurant, service domestique, et enseignement (en milieu rural plutôt qu’urbain). La condition des travailleuses reçut quelque attention, mais peu d’amélioration22. En 1919 un Conseil du salaire minimum avait été créé afin de déterminer les salaires ainsi que les heures et conditions de travail. Malheureusement, il ne couvrait pas la majorité des travailleuses et son autorité était limitée. Il n’y avait pas grand-chose à faire, par exemple, pour augmenter des salaires qui au début de la décennie étaient tombés au-dessous du salaire naturel, calculé à $15. Au milieu des années 1920, on trouvait des conseils de jeunes travailleuses à Régina et à Moose Jaw ; leur but était de discuter les problèmes et d’aider les concernées à s’éduquer dans la législation en vigueur. A Régina, le Conseil des femmes local, sous la présidence de MABEL HANWAY, se consacrait à l’amélioration des conditions de travail et était également actif avec les conseils de jeunes travailleuses. La Ligue de travail des femmes était présente elle aussi, et s’occupait en partie des problèmes des travailleuses.
Les organisations existantes demeuraient actives, et d’autres furent même créées, parmi lesquelles le Club de presse des femmes canadiennes (Saskatoon et Régina), professionnellement orienté. Les organisations de type culturel comptaient entre autres l’Association des femmes artistes, répandue dans la province à la fin des années 1920, et la Ligue des filles canadiennes à Régina (1927) et à Moose Jaw (1930) ; on vit également la fondation de l’important Comité des arts et des lettres du Conseil local des femmes de Régina. Des femmes s’engagèrent aussi dans les groupes culturels débutants qui promouvaient le théâtre, comme par exemple LOUISE OLSON à Saskatoon. La décennie vit les femmes d’origines ethnoculturelles minoritaires tenter de s’organiser -- par exemple à Régina une branche de la Ligue des femmes catholiques (CATHOLIC WOMEN LEAGUE) en 1919, et à Saskatoon une branche du Conseil national des femmes juives, au milieu des années 1920. A Saskatoon naquit en 1926 ce qui allait devenir une organisation nationale : l’Association des femmes ukrainiennes du Canada. Dans la Saskatchewan agraire, les clubs de femmes au foyer (Homemakers’ Clubs) et la WGG (ainsi que son successeur après 1926 : la section femmes des Fermiers unis du Canada) s’activaient à améliorer le sort des femmes, de leurs familles, et des communautés locales.
En ce qui concerne les régions rurales et fermières, ces améliorations étaient relatives23. La vie était bien sûr extrêmement primitive dans les endroits éloignés et à peine établis ; mais dans les autres districts le sort de certaines femmes s’améliorait, du moins sous certains aspects. La mécanisation commençait à faciliter le labeur des récoltes, car là où l’on utilisait des moissonneuses-batteuses les femmes n’avaient plus à nourrir de vastes équipes de battage. Les liens avec le monde extérieur augmentaient, et c’était les anglophones qui en profitaient le plus ; les habitations rurales étaient de plus en plus équipées du téléphone ; les automobiles devenaient de plus en plus nombreuses ; et les radios à piles se répandaient. Il serait intéressant de savoir à quel point l’usage de l’automobile et de la radio était « genré » : qui décidait où aller en voiture, et quand ? Qui conduisait ? Qui écoutait quels programmes ? Quelle que soit la réponse, les femmes elles-mêmes préféraient peut-être être reliées à l’extérieur plutôt que de consacrer des fonds limités à l’amélioration du foyer. Même quand l’argent était disponible, cependant, elles devaient parfois s’en passer. Le résultat était une Saskatchewan rurale parsemée de maisons exigües et mal construites, sans plomberie, eau courante, électricité ou chauffage central. Une autre facette de la vie de certaines fermières – la production tournée vers la clientèle en dehors de l’économie du grain (WHEAT) – reçut l’attention de la WGG, qui se mit à promouvoir le groupement pour les oeufs et la volaille (Egg and Poultry Pool) en 1926. Une fermière veuve, Isabelle Bryce, provenant d’Arcola en Saskatchewan, fut la première fenmme à gagner un prix à l’Exposition internationale du bétail de Chicago en 1924, pour ses clydesdales.
Pour la plupart des femmes, rurales comme urbaines, la vie était centrée sur la famille. Bien qu’admirée par les médias, la jeune femme indépendante était censée s’établir pour devenir la version 1920 de l’épouse/mère/femme au foyer : moderne et efficace, nourrie d’expertise scientifique et commerciale. Tout ceci était bien loin de la réalité en Saskatchewan, et il est difficile de déterminer l’impact de ce modèle. Les tendances des métropoles étaient certainement ressenties, comme par exemple l’intérêt croissant pour le contrôle des naissances ; mais même ses partisans considéraient qu’il n’était approprié que pour les femmes mariées. Comme il était illégal, son utilisation était en grande partie clandestine24, mais parfois le sujet était discuté en public : la fin des années 1920 vit une vague d’intérêt qui persista pendant plusieurs années ; les journaux publièrent ces discussions, qui animèrent les congrès des Fermiers unis du Canada, à la fois dans leurs assemblées générales et dans la section femmes. Zoe Haight, Violet McNaughton et SOPHIA DIXON étaient parmi celles qui appuyaient la législation ; mais le soutien diminua à mesure que montait l’opposition religieuse, surtout catholique. Le divorce, devenu plus commun, était accessible par les tribunaux provinciaux, mais les motifs demeuraient inchangées et il en découlait une sérieuse tare sociale25. On s’efforçait de former de meilleures femmes au foyer en disséminant les données récentes de l’enseignement ménager, et aussi d’améliorer les soins maternels : des programmes gouvernementaux offraient un minimum d’assistance aux femmes mariées dans le besoin, ainsi que des allocations adressées aux veuves nécessiteuses et aux enfants à charge26. On augmenta également les efforts pour réduire les taux de mortalité liés à la maternité. A partir de 1919-20, des primes à la naissance vinrent en aide aux indigentes vivant loin des docteurs, si bien qu’en 1929-30 1 112 mères bénéficiaient d’une assistance27.
Vers la fin des années 1920, beaucoup de femmes de la Saskatchewan provenant de divers milieux durent se sentir prises entre l’ancien et le nouveau : les façons modernes de remplir les rôles féminins séculaires rivalisaient avec les façons traditionnelles, et de nouveaux modèles pointaient à l’horizon. La transformation culturelle émanant des grands centres menaçait les valeurs traditionnelles, poussant par exemple l’influentielle WCTU à se sentir de plus en plus en désaccord avec la société. Les films étaient souvent un sujet d’inquiétude pour les mères : séduisants mais parfois menaçants, ils représentaient un danger pour leurs enfants. Les Eclaireuses et la CGIT offraient une contre-influence appréciée. Cette inquiétude au sujet des enfants avait amené la création des Associations pour le foyer et l’école (Home and School Associations), à l’instigation de GRACE BLUE. Il existait aussi un conflit concernant l’avenir de la province, alors que les tensions ethnoculturelles dans la Saskatchewan polyglotte débordaient, entraînant les femmes avec elles : il y avait les nouvelles voix, mais également les anciennes, qui cherchaient à conserver le caractère britannique de la province et soutenaient parfois les efforts de la Confrérie de la feuille d’érable ou de la Caravane missionnaire de l’école anglicane du dimanche (conduite par Eva Hasell), et soutenaient le recrutement de domestiques britanniques. Puis, à la fin des années 1920, arriva le KU KLUX KLAN, au sein duquel la participation des femmes pose des questions intéressantes. Etant donné la préoccupation pour ces problèmes culturels et pour les exigences de la vie quotidienne, on peut se demander si un événement sensationnel comme la victoire d’ETHEL CALDERWOOD aux Jeux olympiques de 1928 fut une diversion ou un non-événement aux yeux de la plupart des femmes. Néanmoins, un certain nombre de jeunes femmes des villes poursuivaient leurs intérêts sportifs : les années 1920 virent la propagation des équipes de curling, si bien qu’à la fin de la décennie un bonspiel était tenu annuellement.
Les questions culturelles, comme bien d’autres, passèrent à l’arrière-plan au cours des années 1930 lorsque la survie économique devint primordiale. Etant donné le besoin d’ingéniosité, les femmes jouèrent un rôle critique. Celles des milieux urbains souffrirent – en tant qu’épouses, mères, femmes au foyer et salariées28 – surtout quand elles étaient déjà dans la gêne29. Mais la plupart vivaient encore à la ferme, prisonnières des vicissitudes de l’économie du blé qui dominait l’agriculture, à la merci de la nature et des marchés internationaux. Certaines quittèrent la province ; d’autres se dirigèrent vers des régions nouvellement défrichées, où elles essayèrent de repartir à zéro ; d’autres encore tentèrent leur chance dans les centres urbains. Mais la plupart restèrent, même là où sévissaient les pires conditions, dans le sud de la province ; elles avaient à supporter un terrible fardeau matériel et psychologique. Comme l’appauvrissement se répandait, les femmes luttaient pour préserver le foyer et la famille. Elles faisaient comme elles pouvaient avec des vêtements usagés, de la nourriture de charité, des services réduits ou éliminés, et des soins médicaux plus inadéquats que jamais ; il est pourtant ironique que le taux de mortalité liée à la maternité baissa à cette époque30. Il ne faut pas non plus oublier les cas, souvent cachés, de violence et de mauvais traitements.
Les femmes, devenues plus actives politiquement, participaient à des manifestations ou, plus souvent, adhéraient à des mouvements de tendance gauchiste. Le plus prometteur s’avéra être le Parti socialiste démocratique (CO-OPERATIVE COMMONWEALTH FEDERATION, ou CCF), fondé en 1932 et où le rôle des femmes était limité par les conventions. Une vingtaine de femmes (sur plus de 130 délégués) étaient présentes au premier congrès national, en juillet 1933, au cours duquel le Manifeste de Régina (REGINA MANIFESTO) fut approuvé. Celui-ci accorda un court intérêt de pure forme à la question de l’égalité des femmes, toujours considérées commes créatures domestiques et personnel auxiliaire. Le besoin de travailleurs compétents ouvrait parfois des horizons aux femmes de la Saskatchewan : le « bras droit » du dirigeant George Williams, par exemple, était une femme, Georgina Mathers ; une oratrice comme LOUISE LUCAS ou une organisatrice comme Elsie Gorius profitèrent des opportunités ; et Sophia Dixon devint même l’un des premiers membres du Conseil national du CCF. Quelques femmes posèrent même leur candidature ; mais en général, on ne les accueillait bien que lorsque le candidat CCF avait peu de chances de réussite – ainsi que le découvrit Gertrude Telford quand elle se présenta dans la circonscription de Pelly31 (voir WOMEN AND POLITICS, POST-SUFFRAGE TO THE 1970S). Chose intéressante, une femme autrefois influente au CCF, mais qui en avait été expulsée, fut la première femme de l’Ouest à siéger à la Chambre des communes. Il s’agit de DORISE NIELSEN, une immigrante anglaise devenue radicale pendant les années 1930 ; en 1940 elle se présenta comme candidate du Parti progressiste uni pour North Battleford, et fut élue.
La participation des femmes à la politique entraîna parfois des élections aux conseils municipaux. HELENA B. WALKER, candidate pour le Conseil des femmes local, gagna un siège au conseil municipal de Régina en 1932 ; en 1937, Ella Muzzy fut élue à Prince Albert, où elle servit jusqu’en 1942. A Régina, la politique était nourrie de conflits entre femmes. En 1932, par exemple, il y avait eu une autre candidate : Mabel Hanway, qui n’était plus la bienvenue au Conseil des femmes local, s’était présentée comme candidate travailliste. A la fin des années 1930, après que le Conseil ait cessé de soutenir des candidates, une branche de la Ligue des électrices fut lancée par les Femmes d’affaires et professionnelles de Régina ; apparemment, son objectif initial était d’appuyer pour le conseil municipal des candidates jugées acceptables par la société. Quant aux organisations féminines bien établies, elles eurent à souffrir de la DEPRESSION, mais leurs effectifs, bien qu’en déclin, demeurèrent actifs. De nouvelles organisations, en général filiales dont le siège était ailleurs, furent formées, en particulier les Clubs de femmes d’affaires (BUSINESS AND PROFESSIONAL WOMEN’S CLUBS) à Saskatooon (1930) et Régina (1933). La Ligue des électrices mentionnée plus haut vit le jour à Régina et dura jusqu’à la fin des années 1950.
Les femmes de carrière rencontraient parfois le succès, mais ceci était rare et en général dû à des circonstances inhabituelles. L’une des histoires les plus remarquables est celle de RUTH SWITZER MCGILL, diplômée de la faculté de droit de l’Université de la Saskatchewan en 1932, dont l’éminente carrière légale et commerciale fut sans doute aidée par son association avec son père, fondateur de la Compagnie d’obligations du Canada. Disposée à supporter les longues heures et le maigre salaire de Regina College, HILDA NEATBY y commença sa carrière de professeure d’histoire au milieu des années 1930. A Saskatoon, MABEL TIMLIM suivit une voie inhabituelle en étudiant et en enseignant l’économie à temps partiel à l’université. C’est là aussi que Jean Murray débuta dans l’enseignement, rémunérée par son père, alors président. En 1936, à Moose Jaw, LYDIA GRUCHY devint la première femme à être ordonnée dans une confession d’importance majeure (l’Eglise Unie). Il est certain que les femmes ambitieuses affrontaient des obstacles et une réception hostile, comme on peut le voir dans l’autobiographie d’une qui s’établit dans les années 1930, le docteur PHYLLIS L. STEELE, qui faisait partie de la douzaine de doctoresses de la province32. Les entreprises culturelles continuaient à attirer les femmes, et un produit de la Saskatchewan, EDNA JAQUES, devint reconnue au niveau national : ses poèmes, qui célébraient la vie quotidienne, furent dédaignés des critiques mais chéris des Canadiens ordinaires.
La guerre retourna avant la fin de la Dépression, en septembre 1939. Au début du mouvement pacifiste, les voix des femmes de la Saskatchewan s’étaient élevées ; certaines, comme Sophia Dixon, oeuvraient pour la Ligue féminine internationale pour la paix et la liberté, fondée durant la Première Guerre. Il y en avait qui refusaient d’abandonner leurs vues profondément pacifistes : Gertrude Telford, par exemple, qui y gagna une visite annuelle de la part de la GRC. Mais la plupart des femmes soutenaient l’effort de guerre, tout comme pendant la Première Guerre, et y participaient activement à l’intérieur du pays, principalement par l’intermédiaire des organisations féminines. Certaines prirent des emplois normalement réservés aux hommes ; d’autres s’engagèrent dans l’industrie de guerre (fabricante de munitions, d’avions, etc) et durent souvent se transporter vers le Canada central ; quelques-une travaillèrent à la fabrication de munitions dans l’ancienne usine General Motors de Régina ; d’autres encore s’engagèrent dans l’armée lorsque les trois services leur ouvrirent leurs portes pour occuper des positions auxiliaires qui libéraient les hommes en vue du service commandé. La plupart de ces dernières restèrent au Canada, mais quelques-unes furent postées à l’étranger en tant que non-combattantes. Certaines jouèrent un rôle important : par exemple MARION GRAHAM, de Saskatoon, l’une des premières femmes à s’engager dans l’Aviation royale du Canada, devint commandante d’escadrille. C’est aussi en Saskatchewan qu’une autochtone, Mary Greyeyes (de la réserve Muskeg) s’engagea dans l’armée pour la première fois. Les femmes de la province trouvèrent d’autres façons de se distinguer. GLADYS ARNOLD, par exemple, qui avait débuté comme secrétaire puis journaliste au Leader-Post de 1929 à 1935, devint un ardent défenseur de la France libre. JOANNE BAMFORD FLETCHER évacua plus de 2 000 prisonniers civils hollandais de Sumatra. D’un côté plus léger, la Saskatchewan produisit près de la moité des cinquante femmes qui jouèrent dans la Ligue féminine All-American de P.K. Wrigley pendant les hostilités.
A la fin de la guerre, le Parti social démocratique (PSD) était au pouvoir : élu en 1944, il devait y rester vingt ans. Les femmes avaient fait campagne pour et contre ce parti, qui comme tous les autres avait tenté de les attirer en proposant des programmes qui consolideraient le rôle de la femme et de la famille. Une fois au pouvoir, le PSD exécuta de nombreuses mesures qui eurent un impact sur les femmes en tant qu’épouses, mères et femmes au foyer. Il créa le ministère de l’Aide sociale en novembre 1944, et les changements apportés subséquemment aux services sociaux menèrent à la Loi sur l’aide sociale de 195933. Parfois le gouvernement bâtissait sur des programmes existants – comme par exemple quand il s’empressa d’offrir à partir de janvier 1945 les soins médicaux gratuits aux bénéficiaires des allocations maternelles et à leurs enfants. Entre 1945 et 1947, de nombreux changements furent apportés aux lois traitant des femmes et enfants abandonnés. Les soins médicaux offerts aux mères et aux bébés représentaient une préoccupation importante : en 1944, les taux de mortalité maternelle et infantile avaient déjà baissé considérablement, et les naissances en hôpital étaient passées de 55,5% en 1941 à 77,2% en 1945. Dans les débuts du gouvernement PSD, il y eut une controverse au sujet de la mise en place d’infirmières sage-femmes dans les régions éloignées : bien qu’un certain nombre de femmes aient reçu un entraînement spécialisé, le programme avait encore une portée limitée, et il se trouvait toujours des sage-femmes non titulaires.
L’apparition de MEDICARE en 1962 soulagea encore le fardeau des soins médicaux coûteux ; mais les femmes étaient divisées sur ce sujet et sur la façon de traiter les changements proposés. Quelques résidentes de Régina, en fait, dirigèrent la formation des comités « Conservons nos médecins », qui se répandirent rapidement. De nombreuses femmes appuyèrent la législation, y compris bien sûr les partisanes du PSD ; MARJORIE COOPER, députée pour le parti, avait présenté le projet de loi et en était l’un des principaux porte-parole. Les infirmières elles-mêmes étaient divisées, et l’Association des infirmières autorisées de la Saskatchewan ne prit pas position34. Finalement, les femmes et leurs familles bénéficièrent de l’expansion des soins médicaux payés par les impôts ; ce sont les femmes des villes qui y avaient le meilleur accès.
D’autres politiques gouvernementales affectèrent aussi les femmes : l’augmentation de la bureaucratie, par exemple, créa une gamme d’emplois féminins, de nature surtout administrative. De meilleures perspectives professionnelles se présentèrent néanmoins : l’expansion des services médicaux créa un besoin pour les infirmières et les aides-soignantes. Les mesures d’assistance sociale entraînaient aussi des opportunités, comme ce fut le cas pour Mildred Battel. Diplômée de McGill en 1945, elle fut la première femme de la Saskatchewan à devenir assistante sociale professionnelle. Nommée directrice adjointe de la protection de l’enfance au sein du ministère de l’Aide sociale en 1952, elle en devint directrice deux ans plus tard ; elle joua un rôle important dans la formulation de politiques et de pratiques concernant l’enfance maltraitée, et chercha également à améliorer le sort des mères célibataires et de leurs enfants. MARY ROCAN, secrétaire au Conseil du salaire minimum du nouveau ministère du Travail, devint assistante directrice de la branche des normes du travail au début des années 1950 ; après la victoire des libéraux en 1964, elle devint superviseuse fondatrice du Bureau des femmes. Les femmes profitèrent également de la création du Conseil des arts de la Sasktchewan, parfois comme salariées, souvent comme bénéficiaires de soutien financier.
L’expansion des perspectives d’avenir était cependant limitée dans une société où il était considéré normal que les femmes jouent un rôle subalterne. La discrimination sexuelle, en fait, n’était même pas mentionnée dans la Déclaration des droits de 1947, la première loi pourtant qui interdisait la discrimination. Néanmoins, l’amendement de 1945 à la Loi sur la fonction publique de 1930 abrogeait l’interdiction d’employer des femmes mariées excepté dans des circonstances exceptionnelles, déclarant qu’il ne devrait pas exister de dsicrimination sexuelle, raciale ou religieuse ; mais même ainsi, les femmes mariées ne pouvaient être employées que dans certaines circonstances. Quant à la Loi sur la fonction publique de 1947, elle ne fait pas référence aux femmes, mariées ou célibataires.
Le Parti social démocratique ne peut pas revendiquer l’avancement des femmes en politique. En ce qui concerne la fonction élective, seulement deux candidates PSD se présentèrent en 1944 : BEATRICE TREW fut victorieuse ; la perdante, GLADYS STRUM, fut élue aux élections fédérales de 1945 et servit un mandat (LOUISE LUCAS, le vainqueur en puissance, abandonna la compétition pour cause de cancer en phase terminale). En 1952, Marjorie Cooper devint députée pour Régina et resta en fonction pendant toute la durée de l’administration PSD. Elle fut en fait parmi les rares députés qui conservèrent leurs sièges en 1964 (sous le NPD), et prit sa retraite en 1967. Elle offrait des vues féminines mais, à l’encontre de Strum, une féministe qui avait son franc-parler, elle présentait tous les stéréotypes des années 1950 : féminine, douce de voix, et orientée vers la famille. Toutes les femmes cependant n’étaient pas résignées à la quasi-absence de candidates : Gertrude Telford, par exemple, exprima en 1959 son mécontentement concernant les accomplissements du PSD, et blâma à la fois les hommes et les femmes35.
Les tendances bien établies du comportement politique féminin se poursuivirent pendant l’après-guerre. La plupart préféraient le travail auxiliaire, et c’est au niveau du gouvernement local que l’on avait le plus de chances de trouver des titulaires élues. Il y avait aussi quelques femmes dans les conseils municipaux. Saskatoon eut sa première, MARGARET HARRIS, en 1948 ; et Régina continua à afficher au moins une conseillère municipale – normalement une personne en relation avec le Conseil des femmes – jusqu’en 1955, après quoi aucune ne fut plus élue avant 1967. Dans les deux cités, les candidates tendaient à représenter les perspectives des femmes au foyer, et c’est dans ce rôle qu’elles étaient en général perçues. Vers le milieu du siècle, les électeurs de certaines villes commencèrent parfois à élire des conseillères. Pour la plupart des femmes au temps du Parti social démocratique, le foyer et la famille étaient au centre de la vie : on pouvait le voir dans les organisations gauchistes telles que l’Association des consommatrices ou la Guilde coopérative des femmes de la Saskatchewan (fondée en 1940), ainsi que dans le livre de Dorise Nielson, New Worlds for Women (Des mondes nouveaux pour les femmes), écrit en 1944 alors qu’elle était encore députée (elle avait aussi, comme quelques autres, affirmé le droit au travail des femmes, qu’elles soient mariées ou célibataires).
Les détails de la vie domestique variaient, comme toujours, selon l’endroit, la classe sociale et l’ethnicité. L’avènement de la télévision renforça les moeurs anglo-canadiennes, mais leur lança aussi un défi. Les femmes de la Saskatchewan suivaient le modèle répandu ailleurs dans l’après-guerre : davantage terminaient leurs études secondaires ou post-secondaires ; mais trouver un mari demeurait un objectif primordial, et alors l’obtention de son diplôme pouvait engendrer une organisation comme le Club PHT (Putting Hubby Through : « Faire passer le mari ») de l’Université de la Saskatchewan. Les familles plus nombreuses devinrent la norme durant ces années d’explosion démographique : la maternité était donc privilégiée, mais comme on avait l’impression que les femmes avaient de plus en plus besoin de direction pour bien remplir leur rôle, les experts sur l’enfance et la famille prirent de l’importance. Il était difficile pour les femmes d’échapper à une mauvaise situation conjugale : bien que le taux de divorce soit en hausse, surtout immédiatement après la guerre, il était encore mal considéré (505 divorces prirent place en 1946, le nombre le plus élevé jusqu’alors)36.
Il n’est sans doute pas surprenant que les nombreuses organisations féminines urbaines et rurales, qui étaient depuis longtemps les débouchés appropriés pour les femmes, aient conservé leur pouvoir d’attraction et puissent encore répondre à divers besoins. Néanmoins, elles étaient entrées dans leur été indien : si leurs effectifs avaient souvent augmenté après la guerre, à la fin des années 1950 et au début des années 1960 ils tendirent à diminuer. Quoi qu’il en soit, en 1960 le Star-Phoenix publia une liste de plus de 150 groupes dans ses pages féminines -- sans compter les cercles religieux, les loges, ou les associations « Foyer et école » (HOME AND SCHOOL). Certaines organisations avaient entrepris de nouvelles tâches stimulantes : le Conseil des femmes de Régina, par exemple, se tourna vers le sérieux problème du logement qui suivit la guerre, et qui attira des activistes compétentes telles que JACKIE HOAG. De nombreuses organisations, cependant, cessèrent simplement d’attirer de nouveaux mermbres à mesure que d’autres intérêts se présentaient ; mais les cercles philanthropiques semblaient encore prospérer.
Les femmes, dont les intérêts étaient souvent ancrés dans les activités d’organisations bien établies, continuèrent à jouer un rôle important dans les développements culturels de l’époque. Plusieurs centres artistiques ouvrirent leurs portes : un par exemple à Regina Beach, où Barbara Muir Barber (Mme Fred Barber) occupa une place centrale ; elle était depuis longtemps active au sein de l’Association des femmes artistes, et avait servi comme présidente du Comité des arts et des lettres du Conseil des femmes local (Régina). La galerie d’art Norman Mackenzie (MACKENZIE ART GALLERY) ouvrit ses portes à Régina, organisée autour de la collection de son homonyme, soigneusement gérée par le Conseil des femmes de Régina. Le théâtre, la musique et la littérature prirent de l’importance, avec le soutien de beaucoup de femmes ; celles-ci jouèrent un rôle non seulement au sein du jeune Conseil des arts de la Saskatchewan, mais aussi dans de nombreux conseils artistiques communautaires.
Au cours de ces décennies, le travail salarié attira davantage de femmes. En dépit de la glorification du foyer, de la famille et des enfants, de plus en plus de femmes s’engageaient dans la population active ; certaines étaient même mariées et avaient des enfants d’âge scolaire. Les occasions d’emploi dans une province agraire comme la Saskatchewan étaien bien sûr limitées, mais elles existaient -- et beaucoup, comme nous l’avons vu, étaient liées à l’expansion de la bureaucratie gouvernementale. La profession féminine traditionnelle – l’enseignement – continuait d’offrir des emplois ; la demande excédait même l’offre car les enfants de l’après-guerre atteignaient l’âge scolaire. En fait, le besoin d’enseignants conduisit graduellement à l’élimination des obstacles dressés à l’encontre des femmes mariées. Dans d’autres occupations également, l’obstacle du mariage s’érodait. D’autres occasions naquirent dans des domaines relativement professionnels : l’expansion des services de bibliothèques, par exemple, créa des positions d’influence pour les femmes, mariées ou célibataires, comme MARION SHERMAN, FRANCIS MORRISON et Marjorie Dunlop. Il y avait parfois d’autres opportunités – dans les affaires, par exemple. Néanmoins, la plupart des femmes qui avaient besoin de travail cherchaient un emploi qualifié ou semi-qualifié ; la plus grande différence avec le passé était le manque d’accent mis sur le service domestique.
Les habitantes des régions rurales étaient encore en majorité après la guerre ; mais leurs nombres déclinaient, et à la fin de l’ère PSD ces femmes constituaient une minorité37. Leur vie subit de nombreux changements entre 1944 et 1964. Au-delà du contrôle gouvernemental, il y avait bien sûr les tendances réduisant le nombre et la superficie des fermes ; mais le PSD, qui avait à coeur la vie rurale, créa entre autres la Commission royale sur la vie agricole et rurale, dont les politiques eurent un effet sur la vie des fermières. La construction de meilleures routes, par exemple, augmenta la mobilité : il était à présent plus facile de profiter des agréments d’un centre urbain proche, ou même de la « grande ville », et de travailler en dehors de la ferme. L’énorme électrification rurale des années 1950 révolutionna la ferme et son exploitation, et on se servit de « Penny Powers » pour promouvoir l’usage de l’électricité. Cuisinières électriques, machines à laver, aspirateurs, réfrigérateurs et congélateurs faisaient partie de la vie de la ferme, bien qu’on puisse se demander si le travail des femmes s’en trouvait réduit ou simplement transformé. Cependant, le confort des fermes traînait derrière celui des villes, et beaucoup demeuraient exigües et pleines de courants d’air38. Les habitantes des régions rurales formaient l’ossature de la vie sociale et, bien souvent méconnues, servaient dans les groupes féminins et les corps auxiliaires.
Le milieu des années 1960 marqua le début d’une ère nouvelle, dans laquelle le féminisme refit surface et eut une influence sur une nouvelle organisation féminine. Quand la récente Voix des femmes (VOICE OF WOMEN, ou VOW) arriva en Saskatchewan en 1961, elle représentait la tendance antimilitariste des femmes, accompagnée de leur traditionnelle sollicitude pour les enfants et de leur nature soi-disant paisible. Elle se consacra d’abord à l’opposition aux poses militaires des deux côtés de la guerre froide et à la menace de destruction nucléaire. En moins de quelques années, cependant, la VOW s’était aussi saisie de la question des droits de la femme et comptait parmi les organisations qui présentèrent des dossiers à la Commission royale sur le statut des femmes. Le rapport qui s’ensuivit en 1970 provoqua des réponses illustrant les sentiments féministes qui s’épanouissaient dans certains secteurs. Au milieu des années 1970, le nouveau Conseil facultatif comptait des membres provenant de la Saskatchewan, et dans la province le Comité d’action sur le statut des femmes avait été établi. Cependant, les changements étaient trop lents et les objectifs trop limités pour beaucoup de jeunes femmes qui, souvent sur les campus, avaient déjà formé des groupes de libération de la femme (voir FEMINISM : CONSCIOUSNESS AND ACTIVISM SINCE THE 1960S et WOMEN’S MOVEMENT, 1970-2004).
Les luttes de la fin des années 1960 et des années 1970 semblent à présent bien loin, mais elles opérèrent des changements importants dans la vie des femmes. Quelques-uns découlaient de l’action fédérale : la légalisation du contrôle des naissances (1968) ; la libéralisation des lois sur l’avortement (1968, suivie de modifications) ; et le droit de passage des lois sur le divorce (1967-68). Néanmoins, les circonstances locales dictaient les résultats. Les changements au niveau de la province affectaient des domaines tels que l’emploi ; leur stimulus provenait de la Division des femmes (1964), devenue plus tard le Bureau des femmes (1966), situé au ministère du Travail (voir STATUS OF WOMEN OFFICE). Ce n’est qu’à partir de 1980 que des changements importants commencèrent à percer dans la compréhension conventionnelle des droits de propriété des femmes mariées (voir LEGAL RIGHTS OF WOMEN). Il faut souligner que ce qui se passa en Saskatchewan n’est pas très distinctif ; une exception cependant : la formation en 1972 de la Coopérative de calendriers des femmes de Saskatoon (SASKATOON WOMEN’S CALENDAR COLLECTIVE).
Bien que les femmes aient commené à percer en politique, elles sont encore sous-représentées. Jusqu’ici deux femmes seulement ont été élues maires : IDA PETTERSON, de 1970 à 1976, pour Estevan, et M. ISABELLE BUTTERS, de 1976 à 1982, pour Weyburn. Au niveau provincial, il y a davantage de députées : depuis le début des années 1990 il y en a eu une dizaine à tout moment donné. En 1982 l’élection du gouvernement conservateur progressif amena les premières femmes au cabinet : JOAN DUNCAN et Patricia Smith (voir WOMEN AND POLITICS SINCE THE 1970S). Quant aux organisations féminines, autrefois influentes bien que limitées, elles ont été éclipsées par la complexité des transformations économiques, sociales et culturelles. A la campagne comme à la ville les effectifs ont diminué à mesure que les femmes prenaient un emploi, développaient de nouveaux intérêts, ou simplement vieillissaient. Les organisations naissantes ont eu tendance à se concentrer sur les préoccupations de certains groupes identifiables, comme par exemple les femmes autochtones, les immigrantes, etc (voir IMMIGRANT, REFUGEE, AND VISIBLE MINORITY WOMEN OF SASKATCHEWAN, ELIZABETH FRY SOCIETY, et WOMEN ENTREPRENEURS OF SASKATCHEWAN). Bien que deux tiers des femmes soient maintenant considérées comme habitant les villes, la Saskatchewan demeure la plus rurale des provinces des prairies. Les fermières qui restent travaillent encore dur, et beaucoup ont des emplois en dehors de la ferme afin de conserver celle-ci ; de plus en plus gèrent leurs fermes elles-mêmes (voir WOMEN AND AGRICULTURE). Les femmes rurales trouvent que les services ne sont pas distribués de façon égale, et que ce sont les villes qui ont la part de la lionne.
Les femmes qui font partie de la main-d’oeuvre salariée représentent un pourcentage croissant qui continue à être concentré dans certaines catégories de travail, où en fait les opportunités vont en s’amenuisant à cause de la rationalisation et des réductions de personnel. Néanmoins, les femmes sont mieux représentées qu’auparavant dans les professions telles que le droit et la médecine. Quant aux affaires, environ un tiers des entreprises appartiennent à des femmes et sont gérées par elles (parfois avec un partenaire masculin), et des programmes d’assistance spéciaux sont disponibles. Il s’agit souvent de petites entreprises, dont beaucoup contribuent à maintenir la ferme familiale à flot. Même maintenant, il y a relativement peu d’entrepreneuses comme JACKIE HOAG, qui fonda Old Fashion Foods il y a quarante ans. Pour beaucoup de femmes la vie est difficile, et leurs difficultés sont encore aggravées par la classe sociale et l’ethnicité. Bien que les femmes autochtones rencontrent le plus de risques, les autres sont aussi vulnérables. Ce sont les femmes qui ont le plus souffert des salaires minimum traînant derrière l’inflation, et également du travail à temps partiel, avec ses avantages limités et ses risques. Ce sont les femmes et les enfants qui dépendent le plus des banques alimentaires et qui font face à l’augmentation des heures de travail : il y a moins de temps disponible pour la vie de famille en dépit de l’accent mis sur son importance, ou pour les loisirs, ou encore pour ce qui reste des organisations féminines.
1. John Hawkes, The Story of Saskatchewan and Its People, 3 vols. (Chicago: S.J. Clarke Publishing Company, 1924), II, 865.
2. Cet essai n’essaie pas de renvoyer à toutes les femmes ou organisations qui figurent dans les articles individuels.
3. Georgina Taylor, « Grace Fletcher, Women’s Rights, Temperance, and ‘British Fair Play’ in Saskatoon, 1885-1907 », Saskatchewan History 46, no. 1 (1994) : 3-21. Pour une discussion des premières femmes dans la région de Saskatoon, voir Jacqueline Bliss, « Seamless Lives : Pioneer Women of Saskatoon, 1883-1903 », Saskatchewan History 43 (Autumn 1991) : 94-100.
4. On peut les identifier par leurs noms dans les recensements manuscrits, y compris le ecensement spécial de 1905, maintanant publié.
5. Voir les essais suivants dans David de Brou et Aileen Moffatt (eds.), “Other” Voices: Historical Essays on Saskatchewan Women (Regina: Canadian Plains Research Center, 1995): Lesley Erickson, “The Interplay of Ethnicity and Gender: Swedish Women in Southeastern Saskatchewan”; Mathilde Jutras, “‘La Grande Nostalgie’: French-Speaking Women and Homesickness in Early Twentieth-Century Saskatchewan”; Anna Feldman, “‘A Woman of Valour Who Can Find?’: Jewish-Saskatchewan Women in Two Rural Settings, 1882–1939.”
6. L’accroissement naturel et la migration de familles entières avaient pratiquement résolu le problème.
7. Les Canadiens britanniques avaient tendance à passer sous silence le fait que leurs femmes le faisaient aussi lorsque c’était indispensable.
8. La pétition, qui provenait du Grain Growers Guide, était soutenue par de nombreux colons des deux sexes, ainsi que par beaucoup d’organisations et de personnages importants. Parmi ces organisations on comptait la chambre de commerce de Winnipeg, les conseils de récoltants de blé des trois provinces des prairies, le Conseil national des femmes, les Clubs de presse des femmes canadiennes, et le conseil national de la WCTU. Le ministre de l’Intérieur, Frank Oliver, était violemment opposé aux changements proposés.
9. La population totale des centres urbains, que les recensements définissaient comme municipalités d’au moins 500 personnes, représentait 9,2% en 1901, 13,2% en 1906, et 19% en 1911. De 1911 à 1971, la définition portait sur les municipalités d’au moins 1 000 habitants. Voir Appendice F, Rural/Urban Population Trends in Saskatchewan, dans John A. Archer, Saskatchewan : A History (Saskatoon : Western Producer Prairie Books, 1980), 360-61.
10. Les discussions qui suivent, au sujet de l’emploi féminin, définissent parfois les catégories d’emplois d’une façon différente des catégories de recensement.
11. Après 1912, cependant, les Blanches ne pouvaient pas travailler dans des restaurants ou autres entreprises appartenant à des Chinois. La législation adoptée cette année-là interdisait aux Orientaux de les employer, et un amendement l’année suivante mentionna de façon précise les Chinois. Dans la nouvelle législation de 1918-19, des clauses de license remplacèrent la prohibition et demeurèrent en vigueur jusqu’en 1969.
12. Les Lady Brokers (courtières) citées dans le Henderson’s Directory de 1912 étaient Grace J. Wilkes et Jean A. Grant. La pépinière, fondée en 1906, passa à Mme Marriott après la mort de son mari en 1913 ; elle y travailla pus tard avec son fils.
13. Cathro prit une place importante dans les organisation féminines, et servit dans des conseils scolaires et de bibliothèques.
14. Comme exemples d’écoles pour filles, on a le couvent de Ste-Anne ou l’Académie du Sacré-Coeur de Régina. Le premier, établi au milieu des années 1880 à Prince Albert, était ouvert aux catholiques comme aux non-catholiques. L’Académie, fondée en 1905, devint une école pour filles en 1910 et ferma ses portes en 1969 ; bien que catholique, elle acceptait les non-catholiques, avait des externes aussi bien que des pensionnaires, et tendait à attirer les élèves d’origine allemande. Certaines écoles finirent par être gérées par d’autres confessions : par exemple St-Chad, une école anglicane fondée après la Première Guerre mondiale.
15. Sandra Rollings-Magnusson, “Hidden Homesteaders: Women, the State and Patriarchy in the Saskatchewan Wheat Economy, 1870–1930,” Prairie Forum 24, no. 2 (Fall 1999): 171–83.
16. Comme l’appartenance religieuse était souvent un indicateur de respectabilité communautaire et de moralité personnelle, il est difficile d’évaluer la sincérité de la croyance ; mais sa présence est indéniable.17. An example was Mrs. Truesdale’s serving as treasurer at Regina’s First Baptist Church.
18. La présence significative des femmes dans l’Armée du Salut, une importation de l’Angleterre, suggère que les églises dominantes ne répondaient pas aux besoins de toutes les femmes. Les premières Halleluiah Lassies arrivèrent à Régina au milieu des années 1890.
19. Le hockey pour femmes se répandit rapidement dans la « Saskatchewan », et Prince Albert et Régina eurent bientôt leurs équipes. Un basket-ball adapté aux femmes fit aussi son apparition, et la première équipe à être photographiée fut celle de l’école secondaire de Weyburn, en 1906.
20. Le gouvernement avait déjà décidé d’aborder, ou de faire semblant d’aborder, le problème des droits de la femme. La Loi sur les droits acquis, par exemple, datait de 1915 ; mais même avec les amendements postérieurs on pouvait la contourner. D’autres changements légaux n’apportèrent que des améliorations limitées.
21. Nadine Small, “The ‘Lady Imperialists’ and the Great War: The Imperial Order Daughters of the Empire in Saskatchewan, 1914–1918,” in DeBrou and Moffatt (eds.), “Other” Voices, 76–93.
22. Les rares grèves impliquant des femmes prirent place surtout à la fin des années 1910 et au début des années 1920. Voir Christine Smillie, « The Invisible Workforce : Women Workers in Saskatchewan from 1905 to World War II », Saskatchewan History 39 (Spring 1986) : 62-79.
23. Une tentative de magazine adressé aux femmes nanties, The Western Woman and Rural Home, publié à Govande 1923 à 1926, se termina en queue de poisson.
24. Le code pénal le permettait dans l’intérêt du bien public. Dans les années 1930, ceci s’avéra être un talon d’Achile pour certaines villes.
25. En 1919, trois divorces seulement furent accordés à des résidents de la Saskatchewan. Puis vint le changement. Il y eut vingt divorces en 1920, puis cinquante-neuf en 1921 ; le nombre tomba ensuite, pour remonter à soixante et onze en 1929. Les motifs changèrent légèrement au milieu des années 1920, car les femmes n’avaient plus à prouver qu’il y avait eu adultère qualifié.
26. La Saskatchewan avait été la deuxième province à approuver ces allocations maternelles, qui entrèrent en vigueur en 1918.
27. Ce nombre augmenta considérablement : même l’année suivante, 1930-31, vit 3 020 mères recevoir une assistance. Les nombres continuant à monter en flèche, on remplaça le programme de subventions par une offre de layette et autres fournitures. Les nombres baissèrent considérablement, mais ce programme fut critiqué. Les allocations maternelles furent rétablies en 1934-35, et le nombre d’enfants nés en hôpital augmenta de nouveau. Le gouvernement voyait dans ce programme un moyen de réduire la mortalité liée à la maternité, et non une mesure de secours. En 1938 le taux de mortalité maternelle était de 2,5 pour mille – le plus bas au Canada. Le taux de mortalité infantile était également le plus faible : 52 pour mille naissances vivantes. A la fin de la décennie, un peu plus de la moitié des naissances prenaient place à l’hôpital.
28. Selon le Leader-Post du 29 novembre 1932, il y avait 483 femmes parmi les 1 729 individus déclarés chômeurs dans les trois cités de Régina, Moose Jaw et Prince Albert.
29. Theresa Healy, “Engendering Resistance: Women Respond to Relief in Saskatoon, 1930–1932,” in DeBrou and Moffatt (eds.), “Other” Voices, 94–115.
30. Christa Scowby, « ‘I am a Worker, Not a Drone’ : Farm Women, Reproductive Work and the Western Producer, 1930-1939 », Saskachewan History 48 (Fall 1996) : 3-15. L’auteur y déclare que l’identité des fermières étaient largement basée sur leurs rôles de travailleuses – productif, reproductif, et communautaire ; pendant cette décennie elles redéfinirent le rôle d’épouse, de mère et de femme au foyer. Mais Scowby exagère son cas.
31. Elle parvint à être portée candidate aux élections provinciales de 1938. Bien que vaincue, elle se tira fort bien d’affaire et tenta d’être nommée encore une fois ; mais elle échoua, victime de luttes intestines.32. Phyllis L. Steele, The Woman Doctor of Balcarres (Hamilton: Pathway Publications, 1984).
33. Jim Pitsula, “The CCF Goverment in Saskatchewan and Social Aid, 1944–1964,” in J. William Brennan (ed.), “Building the Co-operative Commonwealth”: Essays on the Democratic Socialist Tradition in Canada (Regina: Canadian Plains Research Center, 1984), 205–25.
34. Marguerite E. Robinson, dans son histoire de l’organisation, The next Fifty Years (1967), évite soigneusement le sujet.
35. Georgina M. Taylor, “’The Women … Shall Help to Lead the Way’: Saskatchewan CCF-NDP Women Candidates in Provincial and Federal Elections, 1934–1965,” in Brennan (ed.), “Building the Co-operative Commonwealth”, 141–60.
36. L’année suivante vit 507 divorces, puis le nombre baissa considérablement. En 1968, la dernière année avant que la révision de loi ne commence à affecter les statistiques, il y eut 384 divorces. En 1969 le nombre monta à 880, pour retomber ensuite.
37. Voir le tableau de Rural/Urban Population Trends in Saskatchewan, dans Archer, Saskatchewan, 360-61. En 1946 la population rurale représentait 74,9%, et en 1966, 51%. La population fermière proprement dite passa de 53,3% à 29,3%.
38. En 1951, seulement 21% des fermes avaient l’électricité. Le programme d’électrification commença en 1949, si bien qu’en 1958 51 025 fermes avaient l’électricité. Voir Saskatchewan, Royal Commission on Agricultural and Rural Life, Farm Electrification, Report no. 10 (1956). Le rapport no. 11 était intitulé The Home and Family in Rural Saskatchewan.
Ann Leger-Anderson
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