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Arts et culture

By: Ken Mitchell

A l’époque de sa création en 1905, la Saskatchewan était considérée aussi étrangère au développement des arts que la surface de la lune. Avec son économie basée sur l’agriculture, le pétrole, la foresterie et les minéraux, la province « carrée » ne promettait guère le développement de la sensibilité artistique ou des belles-lettres. Mais la géographie, autant que l’histoire, est un déterminant culturel excentrique, et il semble que ce climat qui compte parmi les plus incléments, et ce paysage notoirement difficile, ont produit une récolte artistique qui en seulement cent ans a fait bénéficier la Saskatchewan d’une culture régionale remarquable par son originalité et sa vigueur. « Culture » représente ici cet énorme assemblage de croyances, d’histoires, de langages et de valeurs tenues en commun, qui constitue la conscience (et l’inconscience) collective d’une société – une espèce de colle conceptuelle qui cimente un groupe humain donné. Au fil des ans cette culture peut être étudiée, et cette analyse va définir et expliquer la nature de la société en question, ainsi que les traits et valeurs qui lui confèrent son caractère particulier. La culture est très abstraite – formée d’idées, d’attitudes, d’opinions et de croyances évanescentes – mais aussi d’une tangibilité rassurante lorsqu’elle est traduite par l’intermédiaire de livres, d’oeuvres d’art, et d’architecture en pierre, en métal ou en bois. La culture est ce « produit intérieur brut » des idées, ce capital qui devient le patrimoine des citoyens – parfois apprécié, parfois non – et leur fournit la base de connaissances dont ils dépendent pour la poursuite de leurs objectifs sociaux et matériels. La culture sert de contexte à une population qui établit son identité individuelle et son objectif moral ; elle est l’ADN de l’évolution sociale. La majeure partie se transmet par l’intermédiaire du langage, mais il existe également un important composant visuel et tactile.

Les individus qui ont habité et développé cette région semi-aride de l’Amérique du Nord ont apporté avec eux divers éléments d’un patrimoine culturel venant d’ailleurs : les peuples autochtones des Premières Nations ; les colons français et écossais qui préparèrent la migration en masse des Européens avides de terres ; et finalement les réfugiés internationaux de la fin du 20ième siècle – personnes déplacées, réfugiés politiques, « boat people » et migrants économiques à la recherche d’une vie meilleure au centre du Canada. Ce fatras de racines culturelles risque de devenir discordant et rempli de conflits, ou bien il peut se produire une hybridation génératrice de motifs nouveaux et merveilleusement variés : c’est ce dernier processus qui caractérise le Canada en général, et la Saskatchewan en particulier. Etant donné que cette portion des Territoires du Nord-Ouest d’origine était avant tout une réserve agricole, qui avait attiré les éleveurs d’animaux et les travailleurs du sol, il n’est pas surprenant que la terre elle-même, ainsi que ses relations avec les humains, soit devenue l’un des principaux thèmes de notre mosaïque de croyances. Bien sûr, le paysage tient un rôle dominant dans la plus grande partie de la littérature canadienne, et les références à ce paysage – que ce soit dans les peintures à l’huile du Groupe des Sept, les ballades de la Terre-Neuve, ou les mâts totémiques des autochtones de la Côte Ouest – définissent et illustrent une grande partie de l’art canadien. Mais il existe beaucoup d’autres thèmes et motifs, qui font surface quand on étudie une culture nationale.

Dans quelle mesure la culture de la Saskatchewan est-elle distinctive ? D’abord, elle est influencée par deux particularités géophysiques. La plus importante est le manque de relief de la prairie, surtout dans le sud de la province ; ceci s’accompagne d’un plan de perception d’une horizontalité permanente, qui exagère l’intensité du ciel. Comme on peut s’y attendre, cette caractéristique, avec ses implications d’ouverture et de solitude, a laissé une impression distincte sur la psyché de la Saskatchewan. La seconde particularité, sans doute associée au manque de relief, est un climat extrême, qui sévit à travers les saisons en crescendos de violence naturelle comprenant blizzards, sécheresses, tornades, inondations, tempêtes de poussière, gel, chaleur, et orages cataclysmiques : un climat de changements constants et turbulents. La nature, en Saskatchewan, est inexorablement menaçante et épargne à peine la vie humaine. Un tel paysage et un tel climat ont bien sûr découragé plus de gens qu’ils n’en ont attirés, mais avec le temps beaucoup ont été séduits. Ceux qui cherchèrent leur fortune au « Pays du ciel vivant » faisaient en général partie de groupes hardis et aimant le risque, tels que les chasseurs nomades sioux et pieds-noirs du sud, les Métis chasseurs de bisons provenant de la Rivière Rouge, ou les colons européens qui arrivèrent avec des visions de communautés utopistes.

Ces extrêmes intéressèrent également des individus comme l’explorateur anglais HENRY KELSEY, le premier Européen à fouler le sol des prairies. Il arriva aux alentours de 1690, voyageant vers l’amont depuis York Factory, le poste de la Compagnie de la baie d’Hudson situé sur la rivière Hayes, au sud-ouest de la baie. Il est intéressant de voir que l’introduction à son journal d’exploration fut écrite sous forme de poème ; en fait, il s’agit là de la première référence littéraire aux plaines de la Saskatchewan:

…Le pays de l’intérieur de bonne réputation a été
Par les Indiens mais non par les Anglais visité.
Donc dans mon voyage je ne m’attardai pas,
Mais autant que possible pressant le pas
J’arrivai à la frontière du pays des Indiens Stone…
…Et vais maintenant donner description de ce pays,
Qui de ce côté est tout rempli de bois
Et offre de très bonnes cerises et petites noix.
Ainsi il continue jusqu’au bout de la forêt épaisse,
Alors d’animaux vous trouvez beaucoup d’espèces.
L’un d’eux est un grand buffle noir,
L’autre est un ours énorme à voir,
Belle est sa fourrure, multiples ses atours,
Mangé des hommes, il les mange en retour.
Que je garde sa fourrure ils ne le voulaient pas,
Disant qu’il était dieu et qu’ils ne mangeraient pas.
Cette plaine ne donne rien, que bêtes et herbage,
Et nous la traversâmes en trois jours de voyage.


Presque deux siècles plus tard, cette déclaration poétique fut contredite par John Palliser, un Irlandais chargé par le gouvernement britannique d’explorer le territoire situé entre la Rivière Rouge et les Rocheuses, au nord du 49ième parallèle. On avait instruit Palliser de faire un rapport sur le potentiel agricole de la région, et en 1863 ce rapport s’avéra absolument négatif (voir PALLISER AND HIND EXPEDITIONS). Il déconseillait la construction d’un chemin de fer transcontinental à travers l’ouest du Canada, et concluait en disant que le terrain quasi-désertique ne permettrait jamais l’occupation humaine. La prairie semi-aride comprenant la plus grande partie du sud de la Saskatchewan et de l’Alberta prit le nom de « Triangle de Palliser » (PALLISER TRIANGLE). Heureusement pour la future province, un autre Irlandais, William Francis Butler, arriva à la Rivière Rouge comme officier lors de la première rébellion Riel, et fut chargé de faire un rapport sur les comptoirs commerciaux situés le long de la Saskatchewan, jusqu’aux Rocheuses. Son parcours hivernal de 2 700 miles fut décrit en 1872 dans son livre intitulé The Great Lone Land (Les Grandes solitudes), un classique de l’exploration de l’Ouest. Sa description de l’ «océan des prairies » donna le ton aux vagues d’immigration à venir:

Sir William Butler.
Saskatchewan Archives Board R-H8655

Aucun océan au monde ne peut rivaliser avec ses splendides couchers de soleil;
aucune solitude n’égale celle d’une prairie enveloppée par la nuit : on sent l’immobilité et on entend le silence, le hurlement du loup maraudeur rend audible la voix de la solitude, les étoiles versent leur clarté à travers un silence infini sur un silence prequ’aussi intense… Ici on a vu le monde tel qu’il a pris forme aux mains du Créateur. La scène n’en était pas moins belle du fait que seule la nature cultivait la terre, et le soleil seul faisait apparaître les fleurs.

Butler ne fut pas le seul à contribuer à l’identité de la Saskatchewan. Parmi d’autres personnalités du 19ième siècle dont les entreprise littéraires ou artistiques eurent un impact, on compte LOUIS DAVID RIEL, qui dirigea la rébellion du Nord-Ouest (voir NORTH-WEST RESISTANCE), ainsi que l’écrivaine féministe KATE SIMPSON HAYES et son amant, NICHOLAS FLOOD DAVIN. Ce dernier est l’orateur, le poète et l’homme politique éloquent qui en 1884 fonda le premier journal des Territoires du Nord-Ouest, le Leader de Régina. Beaucoup de ces idéalistes, vauriens et entrepreneurs se considéraient comme des aventuriers à grande échelle en train de fonder consciemment une nouvelle société sur des bases utopiennes et artistiques, un paradis humain rendu possible par la vacuité de l’atlas culturel. Davin, par exemple, fit connaître la Saskatchewan de plus d’une façon – non seulement en fondant le Leader, mais aussi en devenant le premier député de Régina, représentant Assiniboia West. Il n’était qu’un individu parmi tant d’autres qui donnèrent à la province une culture politique. Il fut également le premier poète à être publié dans le Nord-Ouest.

A la fin du 19ième siècle, la prairie sans arbres vit s’installer des petits fermiers écossais expropriés, ainsi que les « hommes vêtus de peaux de moutons », les Doukhobors que Clifford Sifton, le ministre canadien de l’Intérieur, avait fait venir des steppes de la Russie et de l’Ukraine. Il fallait que ces premiers colons soient robustes et dotés d’une grande faculté d’adaptation, et qu’ils soient mentalement préparés à la cruelle logistique de la survie humaine. Tout comme la Frontière américaine, la prairie canadienne vit sa part d’extrémistes politiques et de parias, telles les colonies de Juifs, de Mennonites et de Hutterites qui suivirent les Doukhobors, à la recherche de terres communes dans un monde de liberté religieuse où leur travail collectif pourrait leur apporter la prospérité. L’énorme afflux venant de l’Europe de l’Est (surtout Allemands, Russes et Ukrainiens) comportait non seulement des fermiers coriaces et expérimentés dans la culture des céréales : il apportait également à la société provinciale naissante la culture et les valeurs orthodoxes. Celles-ci étaient destinées à avoir un impact permanent sur la culture indigène. D’une manière quelque peu différente, ce fut le cas aussi pour les immigrants chinois venus travailler comme coolies à la construction du Canadian Pacific Railway et qui s’installèrent en Saskatchewan pour exploiter le réseau de petits cafés et de blanchisseries qui constituaient leur gagne-pain. Les immigrants du vieux monde établirent diverses « colonies » politiques et religieuses comme CANNINGTON MANOR, la Colonie d'abstinence de Saskatoon, et les colons de Barr (BARR COLONISTS), venus d’Angleterre. Il y avait des colonies de Suédois, de Finlandais, d’Islandais et de Roumains qui apportaient à leurs petits enclos de « Terre Promise » non seulement leurs rêves et un nouveau commencement pour les générations à venir, mais aussi les cultures ésotériques du vieux monde. On trouvera l’un des meilleurs comptes rendus de leur contribution dans le livre intitulé Slava Bohu, où J.F.C. Wright relate la diaspora des Doukhobors.

Il semble naturel que des conditions climatiques extrêmes fassent naître une culture d’extrémité et encouragent l’évolution d’idées politiques extrêmes – et c’est certes le cas ici. C’était évident le long de la South Saskatchewan (SOUTH SASKATCHEWAN RIVER) en mars 1885, lorsque Riel et GABRIEL DUMONT déclarèrent le « Gouvernement provisoire de la Saskatchewan » à St. Laurent : basée sur les principes d’organisation de la chasse au bison,  cette « république » avait déjà adopté une Déclaration des droits révolutionnaire en dix points afin d’assurer une distribution équitable des terres à cultiver parmi les chasseurs métis des plaines. Il en résulta la rébellion du Nord-Ouest, et le procès et l’exécution de Riel pour trahison. D’autres philosophies communautaires furent introduites par les groupes d’immigrants européens, destinées à être forgées au creuset d’un climat et d’une géographie adverses. Elles conduisirent au rapide développement de mouvements et de partis politiques radicaux, qui devinrent caractéristiques de la Saskatchewan. Les Capitaines de l’industrie, les Progressifs, le KU KLUX KLAN du Kanada, le Crédit Social, les UNITED FARMERS OF CANADA, le groupe travailliste Saskatchewan-Farmer-labour, et la CO-OPERATIVE COMMONWEALTH FEDERATION (CCF) sont tous nés dans les prairies ; concentrés en général dans la Saskatchewan, ils se partagèrent avec l’Alberta et le Manitoba. Ce flot de « radicalisme des prairies », entretenu par divers affluents (de droite comme de gauche), en vint rapidement à définir l’histoire sociale de la Saskatchewan, dont il fit une « politique » profondément gravée dans sa culture.

Ce développement historique était apparenté – et peut-être dépendait-il d’elles -- aux convictions populistes des premiers immigrants comme les Doukhobors et les petits fermiers écossais. Dans les conditions défavorables où ils se trouvaient, leurs groupes minuscules démontrèrent de la façon la plus pratique que la force communautaire surpasse la force individuelle. La construction de granges, les sessions de battage, les divertissements communaux et autres activités intensifièrent l’esprit de communauté, et engendrèrent les premières coopératives telles que la GRAIN GROWERS GRAIN COMPANY et la SASKATCHEWAN CO-OPERATIVE ELEVATOR COMPANY. Ces mouvements agraires conduisirent en 1923 à la création de la SASKATCHEWAN WHEAT POOL, une remarquable coopérative agricole (organisée par Aaron Shapiro, un orateur américain charismatique) appelée à devenir la plus grande coopérative agricole du monde, et peut-être aussi la mieux réussie. Beaucoup d’autres coopératives virent le jour, depuis la Coopérative des produits laitiers jusqu’au célèbre Matador Ranch (voir MATADOR FARMING POOL AND THE COOPERATIVE FARM MOVEMENT) ; et les coopératives de crédit proliférèrent dans la province, en réponse au système bancaire. Finalement, ces tendances collectivistes menèrent à la formation d’un parti socialiste populaire, la Co-operative Commonwealth Federation (CCF). L’élection de la CCF en 1944 présenta à l’Amérique du Nord son premier gouvernement socialiste. Ce fut un événement marquant dans l’histoire de la Saskatchewan, sinon du Canada, qui eut pour effet de donner à la province un aspect intensément politique et à la faire considérer comme la « patrie du socialisme ». En fait, il s’agissait d’une identité collective qui tirait sa force d’institutions sociales et communautaires plutôt que politiques. C’était certainement le cas pour les arts : les habitants de la province en vinrent à compter sur les ressources locales et sur l’art « fait en Saskatchewan ». Dans la plupart des communautés les divertissements étaient créés sur place plutôt qu’importés, aussi y avait-il peu d’instructions ou d’encouragements directifs ou bien provenant d’institutions extérieures. Une telle économie agricole offrait peu de soutien aux académies, aux écoles des beaux-arts, ou aux compagnies théâtrales professionnelles.

Prince Albert Town Hall Opera : Cet édifice est l'un des quelques hôtels de ville du 19ième siècle qui survivent encore dans les prairies. Construit en 1892-93, il abritait un théâtre, une grande salle de réunion, et les bureaux municipaux.
Bernard Flaman (Government of Saskatchewan, Heritage)

Pourtant, beaucoup de ces villes en formation, résolues à montrer qu’elles avaient de la culture, rivalisaient pour la planification et la construction de leur propre « opéra » (voir OPERA). Ces bâtiments historiques sont encore en usage dans des villes comme Wolseley, Biggar et Hanley. Avec des dizaines d’autres, ils accueillaient un grand nombre de musiciens et de troupes théâtrales en tournée, qui égayaient la jeune province tout en y apportant la culture de l’extérieur. Le mouvement CHAUTAUQUA – un spectacle ambulant d’arts et de divertissements – présenta de la musique et des récitations aux publics de centaines de villes et de villages, incorporant souvent des artistes locaux dans ses programmes. Ce fut à l’époque l’introduction la plus populaire aux arts du spectacle, et il en émergea bon nombre d’artistes qui plus tard démontrèrent leur talent. Ce type de divertissement hautement démocratique disparut dans les années 1930 sous l’impact de la radio et des techniques d’enregistrement, qui faisaient entrer plus aisément la musique, le théâtre et la comédie dans les salons ruraux.

La plupart des communautés rurales qui fleurirent dans la province durant les années pionnières ont péri au cours du demi-siècle dernier. L’industrialisation de l’économie et des systèmes de transport a mis fin aux lignes de chemin de fer. Des centaines de petites communautés qui avaient même survécu à la Dépression – ces « sales années trente » de la mythologie de la Saskatchewan – ont suivi l’exemple du bison. Mais la loyauté et les obligations envers la communauté sont demeurées une partie intégrante de la culture locale. Les plus robustes ont survécu et grandi – de petites villes comme Arcola, Livelong et Wynyard. On peut voir à quel point les habitants de la Saskatchewan estiment leurs communautés d’après le nombre d’histoires locales publiées et circulées par l’intermédiaire du vaste réseau provincial de bibliothèques. La Saskatchewan a été identifiée comme le « bastion du football canadien » à cause du succès sans précédent et du soutien généralisé qui caractérisent son équipe, qui appartient à la communauté : les SASKATCHEWAN ROUGHRIDERS.

Le premier groupe artistique d’importance historique fut probablement la Société musicale et littéraire de Régina, fondée en 1885 par l’inévitable Kate Simpson Hayes. Seulement un an auparavant, le village de tentes et de cabanes s’appellait Pile of Bones Creek (Ruisseau du Tas d’Os). Mme Simpson Hayes recruta parmi les troupes du quartier général de la police montée du Nord-Ouest des choristes pour les opérettes et les concerts qu’elle produisait. Ce groupe de débutants fut l’avant-coureur de la Société orchestrale de Régina, qui présenta son premier concert dans cette cité en 1908. L’Orchestre symphonique de Régina (REGINA SYMPHONY ORCHESTRA) a maintenant la fierté d’être le plus vieil orchestre canadien en opération continue. Un autre organisme important, l’Association des festivals musicaux de la Saskatchewan (SASKATCHEWAN MUSIC FESTIVAL ASSOCIATION), fondé en 1908, produisit l’année suivante le premier festival musical de la province à Régina, avec à l’affiche des groupes musicaux et des choeurs venant de la province entière. Après cela, le festival a alterné chaque année avec les autres cités : Saskatoon, Moose Jaw et Prince Albert. Il a depuis exercé une grande influence sur le développement des arts musicaux, si bien qu’à présent une cinquantaine de festivals locaux ont lieu chaque année et placent certains de leurs musiciens dans les concours nationaux.

En ce qui concerne les arts plastiques, il y eut au début peu de production créative. Les expositions – quand il y en avait – faisaient partie de foires et d’expositions agricoles, et même de rodéos et de ventes de chevaux. On accordait des prix pour la peinture, la photographie et l’artisanat, mais la production des artistes locaux s’adressait aux goûts et aux normes de leur communauté, et non à l’opinion critique des centres de civilisation. Il n’est donc pas surprenant que le sujet et les thèmes d’une telle création artistique se soient concentrés sur le paysage agricole et sur son interaction avec les humains. Cependant, divers arts populaires tels que l’ébénisterie, le tissage, le capitonnage et le travail du bois – tous d’une valeur pratique – étaient florissants.

L’importance de la géographie dans la culture de la province est mise en évidence dans les arts littéraires. Les prairies de la Saskatchewan servirent de cadre à plusieurs des premiers succès de librairie du Canada. Par exemple le révérend Charles Gordon, un romancier évangélique avec « Ralph Connor » pour nom de plume, décrivit la rude vie des concessionnaires de homesteads dans des épopées comme The Sky Pilot : A Tale of the Foothills (1899) et The Patrol of the Sundance Trail (1914), en même temps qu’il travaillait comme pasteur presbytérien à Winnipeg. Nellie McClung, une écrivaine du Manitoba qui se fit championne des droits de la femme, présenta ses opinions populistes dans la littérature, et plus particulièrement dans l’autobiographique Clearing in the West (1935). Son premier roman, Sowing Seeds in Danny (1908), une description de la vie d’une petite ville des prairies, eut un nombre énorme de lecteurs en Saskatchewan. Parmi d’autres écrivains du Manitoba qui popularisèrent la vie de la prairie agricole, on compte Robert Stead et son imposant roman, Grain (1926), qui décrit la vie du jeune fermier Gander Stake, et Frederick Philip Grove, un immigrant d’origine allemande, qui célébra la survie de l’agriculture dans les prairies avec des romans comme Settlers of the Marsh (1925), Fruits of the Earth (1933), et sa célèbre « autobiographie », In Search of Myself (1946).

Mais un écrivain expatrié a eu une influence encore plus grande sur l’identité culturelle de la province : le romancier américain WALLACE STEGNER, dont le livre semi-autobiographique Wolf Willow (1955) est « une histoire, un récit et un souvenir de la dernière frontière des plaines ». L’auteur y raconte l’histoire de la région des CYPRESS HILLS, dans le sud-ouest de la Saskatchewan, et plus particulièrement d’Eastend, la ville de son enfance. Voici comment il en décrit le paysage, et l’effet de celui-ci sur les habitants:

Désolée ? Inhospitalière ? Il n’y a pas une région qui dans ses bons moments soit plus belle. Même en sécheresse, ou pendant une tempête de poussière ou un blizzard, elle est tout le contraire de monotone, une fois que vous vous livrez à elle avec tous vos sens. Vous ne vous abritez pas du vent : vous apprenez à prendre appui contre lui tout en plissant les yeux. Vous n’échappez pas au ciel ou au soleil : vous les portez dans vos yeux et sur votre dos. Vous êtes intensément conscient de vous-même. Le monde est très grand, le ciel encore plus grand, et vous très petit. Mais le monde est également plat, vide, presque abstrait, et dans ce manque de relief vous êtes un défi dressé tout droit, aussi soudain qu’un point d’exclamation, aussi énigmatique qu’un point d’interrogation.

C’est une région qui engendre des mystiques, des égocentriques, et peut-être des poètes. Mais des humbles, non. A midi le soleil entier se déverse sur votre tête ; au lever ou au coucher du soleil vous projetez une ombre longue de cent mètres. Ce ne sont pas les habitants des prairies qui ont inventé l’univers indifférent ou l’homme impuissant. Vous pouvez vous sentir minuscule, ici, vulnérable – mais pas inaperçu. C’est une terre qui marque la chute du moineau. (p. 8, Wolf Willow, édition Viking)

De telles perspectives caractérisent la production littéraire des plus célèbres écrivains de la province : W.O. MITCHELL et SINCLAIR ROSS. Il n’est pas exagéré de les considérer comme les géants littéraires de la Saskatchewan, car au milieu du vingtième siècle leurs romans et nouvelles servirent d’ultime expression à la culture de la province.

James Sinclair Ross (1908-96) est le premier écrivain de souche à avoir conquis un public international. On se souvient maintenant surtout des nouvelles qu’il écrivit dans les années 1930 et 1940, et qui furent plus tard rassemblées dans le recueil The Lamp at Noon and Other Stories (1968). Ces récits dramatiques décrivent la vie brutale et aussi parfois les triomphes des populations rurales assaillies par un environnement hostile : dans « The Painted Door », un jeune fermier meurt dans un blizzard ; dans « The Lamp at Noon » une jeune femme au foyer devient folle dans une tempête de poussière ; dans « A Field of Wheat » une famille survit une violente averse de grêle. L’influence de Ross sur la littérature canadienne a été profonde et omniprésente, surtout grâce à son roman intitulé As For Me and My House (1941), considéré à présent comme un chef-d’oeuvre de la littérature canadienne. Il s’agit d’un compte rendu à la première personne d’une année dans la vie de Mme Bentley, l’épouse d’un pasteur, qui avec son mari Philip, un artiste raté, est confrontée à un profond isolement intellectuel dans le village fictif de Horizon pendant la sécheresse des années trente. Le livre est remarquable par son traitement de l’impact qu’a le paysage sur la vie des habitants. En dépit de sa grande perspicacité et de sa bonne réception critique, l’oeuvre de Ross est en général peu connue en Saskatchewan. Bien que ses nouvelles apparaissenr dans des anthologies internationales, il n’y a pas une seule copie de ses livres sur les étagères de la bibliothèque de Shellbrook, où il est né. Après sa mort, cependant,  la ville de Indian Head, où il vécut et où il alla à l’école dans les années vingt, commandita une statue en bronze par le sculpteur JOE FAFFARD, qu’elle dédia à Ross. Cette statue se dresse en face de la bibliothèque municipale.

W.O. Mitchell
Ormond Mitchell

William Ormond Mitchell, né à Weyburn en 1914, était une personnalité littéraire plus populaire que Ross, et dans la seconde moitié du vingtième siècle il fut la voix de la Saskatchewan. Il acquit cette réputation surtout grâce à sa série de récits sur la vie à la ferme, Jake and the Kid, qui fut d’abord écrite pour Radio-Canada, puis publiée et ensuite transformée en un feuilleton télévisé à succès. Mitchell, qui avait un don pour rendre le dialecte de la Saskatchewan dans une veine comique, devint peut-être plus connu comme raconteur que comme écrivain. Néanmoins son premier roman, Who Has Seen the Wind (1947), est un joyau littéraire qui a été constamment réimprimé en plusieurs éditions et souvent utilisé dans les écoles. C’est le récit d’un garçon qui grandit dans une petite ville et est confronté aux mystères de la vie et de la mort. Comme Ross, Mitchell a usé poétiquement de l’environnement de la prairie ; au début du roman il écrit : « Voilà le plus petit dénominateur commun de la nature, les conditions strictement minimales de terre et de ciel : la prairie de la Saskatchewan ». Mitchell et Ross, bien sûr, étaient des expatriés à l’époque où leurs oeuvres furent publiées. Bien qu’il ait quitté la province quand il était jeune, W.O. Mitchell fit de temps en temps le voyage depuis Toronto ou High River, en Alberta, pour animer des ateliers d’écriture pour le SASKATCHEWAN ARTS BOARD. Ross vécut surtout à Montréal, et plus tard en Grèce et en Espagne, mais il continua à écrire principalement sur ses expériences en Saskatchewan.

Parmi les autres auteurs importants de la moitié du vingtième siècle, on compte R.D. (BOB) SYMONS, un immigrant anglais devenu cowboy qui écrivit plusieurs récits sur la vie du ranch, comme Where the Wagon Led. EDWARD MCCOURT, romancier prolifique et professeur d’anglais à l’Université de la Saskatchewan, est l’auteur d’un livre d’importance sur la littérature régionale, The Canadian West in Fiction (1949), ainsi que de trois romans dont l’action se déroule en Saskatchewan. Le meilleur, Music at the Close (1947), est l’histoire tragique d’un jeune fermier qui va à l’université, devient poète et membre de la « génération perdue », et meurt sur les plages de Normandie pendant la Seconde Guerre mondiale (WORLD WAR II). L’obsession de la littérature provinciale pour son paysage a été illustrée de façon satirique par Paul Hiebert, écrivain et professeur à l’Université du Manitoba. Il a créé SARAH BINKS, le « doux chantre de la Saskatchewan », avec la biographie ironique d’une jeune femme de fiction qui proclame l’enthousiasme des fermiers pour la poésie et autres raffinements.

Les arts plastiques commencèrent à laisser leur marque avec l’apparition d’artistes paysagistes venus d’Europe et pour la plupart dotés d’une formation classique, parmi lesquels : AUGUSTUS KENDERDINE, INGLIS SHELDON-WILLIAMS, ILLINGWORTH KERR, JAMES HENDERSON, et l’Autrichien ERNEST LINDNER. Il y avait également JAN WYERS, un artiste populaire « primitif » qui travaillait de chez lui, à Windthorst. Ces premiers peintres profitèrent dans une large mesure du mécénat du riche collectionneur NORMAN MACKENZIE, un avocat de Régina dont le legs à cette cité ainsi qu’à la province permit d’établir en 1953 la première galerie d’art, à Regina College (voir MACKENZIE ART GALLERY). Cette importante institution fut égalée à Saskatoon par un philanthrope tout aussi riche, le collectionneur d’art FRED MENDEL, quand en 1964 il aida le Saskatoon Arts Centre à construire la MENDEL ART GALLERY. MacKenzie collectionnait surtout le paysagisme, un genre qui a dominé son legs. Dans une de ses lettres il déclare : « …rappelez-vous que dans les scènes marines j’aime les tempêtes, et que dans les paysages j’aime ce qui est farouche – pas les petits buissons délicats, ou l’herbe et les arbres que l’on voit si souvent… » Les premiers peintres de la Saskatchewan travaillaient tous dans cette tradition. Leurs oeuvres avaient tendance à refléter, ainsi qu’elles le firent pour les générations suivantes, l’effet puissant d’un ciel dominant et de son flot de lumière spectaculaire. Ils eurent une grande influence sur le style et la qualité de la peinture ultérieure, souvent issue des programmes d’art de l’Université de la Saskatchewan (UNIVERSITY OF SASKATCHEWAN) et de Regina College (voir UNIVERSITY OF REGINA). Sheldon-Williams enseigna la peinture à Regina College de 1913 à 1917 ; Kenderdine enseigna les beaux-arts à l’Université de la Saskatchewan de 1927 à 1936, puis passa à un département des beaux-arts aggrandi à Regina College ; et Lindner, engagé en 1936 comme directeur des beaux-arts au Saskatoon Technical Institute, eut une vaste influence sur le développement des artistes locaux.

Spectacle Chautauqua à Manitou Lake, juillet 1922.
Saskatchewan Archives Board R-A4657

Suite au déclin des tournées théâtrales et des spectacles ambulants, le théâtre amateur commença à se développer dans les principales villes de la Saskatchewan, influencé sans doute par les représentations sous tente du théâtre Chautauqua des années 1920. Le SASKATOON LITTLE THEATRE fut établi en 1922, et le REGINA LITTLE THEATRE en 1926 ; ce dernier, qui produit encore des saisons dramatiques entières, est le plus ancien théâtre amateur en opération continue au Canada. Bientôt les petites villes et même les villages se mirent de la partie, en même temps que la « culture de bricolage » prenait de l’ampleur pendant la Dépression. Ils reçurent le soutien de la Ligue dramatique de la Saskatchewan (formée en 1933), elle-même soutenue par l’Université de la Saskatchewan. Cette dernière créa en 1946 le premier département d’art dramatique dans une université canadienne. THEATRE SASKATCHEWAN, le groupe d’encadrement pour le théâtre amateur, a aujourd’hui 86 groupes membres éparpillés dans toute la province.

Tous ces développements en peinture, en musique, en théâtre et en littérature étaient un signe certain que les beaux-arts prenaient racine. En 1948 un événement prit place, qui eut des implications à long terme. Pendant sa première période d’exercice, le gouvernement CCF de T.C. Douglas créa le Saskatchewan Arts Board par arrêté ministériel. On cita les paroles de Douglas : « Les habitants des prairies ont faim des choses de l’intellect et de l’esprit : musique, littérature, peinture et chanson populaire » (cette dernière représentait apparemment son addition personnelle à la trinité habituelle). Pris sur le modèle du British Arts Council, ce Conseil était le premier programme gouvernemental au Canada à apporter un soutien officiel aux arts. Avec treize ans d’avance sur le Conseil des arts du Canada, il en fut sous bien des aspects le prototype. Son premier directeur fut Dr. STEWART BASTERFIELD, alors doyen de Regina College. Le Conseil était « responsable de l’élaboration de politiques visant à donner aux citoyens de la province une meilleure participation aux activités créatrices touchant à l’art dramatique, aux arts plastiques, à la musique, à la littérature et à l’artisanat, avec toute l’assistance et la direction nécessaires, et visant aussi à établir des normes pour ces activités ».

Le Saskatchewan Arts Board s’élevait donc contre l’opinion alors répandue que la Saskatchewan était un désert culturel : « La forme… en fut tempérée par les conditions de l’ouest du Canada, la relative petitesse des cités, la population éparse, et les limitations imposées par les distances. Plutôt que d’avoir une commission pour chaque art, comme en Angleterre, on préféra que chaque membre du Conseil contribue au domaine artistique dans son entier, de façon à consolider les plans et les projets du Conseil » (W.A. Riddell, Cornerstone for Culture, p. 6).

Les « Regina Five », de gauche à droite : Ron Bloor, Art McKay, Doug Morton, Ken Lochhead, Ted Godwin.
University of Regina Archives and Special Collections

Un demi-siècle plus tard, les résultats de cette vision créatrice sont évidents. Les subventions allouées chaque année par le Conseil des arts sont passées de $4 400 en 1949 à plus de $5,3 millions en 2004. En plus de son soutien aux artistes individuels, le Conseil a facilité le développement de dizaines d’organisations et de sociétés, telles que l’ORGANIZATION OF SASKATCHEWAN ARTS COUNCILS (OSAC), un groupe d’encadrement comprenant les conseils d’arts locaux de la province entière. Le Conseil a également contribué à la création de compagnies théâtrales et cinématographiques professionnelles, ainsi que de compagnies de danse comme Saskatchewan Dance Theatre à Saskatoon et Regina Modern Dance à Régina. Mais ce sont les arts plastiques qui ont d’abord le plus ressenti l’impact du Saskatchewan Arts Board. En 1950, le Conseil organisa la première d’une série d’expositions-concours annuelles. L’une de ses premières réalisations fut la fondation de la Norman MacKenzie Art Gallery, avec sa collection permanente (peinture, sculpture et artisanat), sur le campus de Regina College. Puis vint le recrutement, en 1950, de KENNETH LOCHHEAD comme directeur de l’école des beaux-arts du collège ; il fut bientôt rejoint par ARTHUR MCKAY, et avec RONALD BLOORE, DOUGLAS MORTON et TED GODWIN ils devinrent connus comme modernistes sous le nom de « REGINA FIVE ». Ce groupe des cinq contacta l’Université de la Saskatchewan afin d’organiser un atelier annuel à Emma Lake, au nord de la province, avec la participation d’artistes et de critiques d’importance internationale. Parmi d’autres artistes qui firent partie de cet atelier annuel il faut citer DOROTHY KNOWLES et WILLIAM PEREHUDOFF.

La création de l’École des beaux-arts d’été constitua une autre innovation, développée à partir d’une série d’ateliers dramatiques d’été, dirigés par FLORENCE JAMES, qui commencèrent en 1951 pour porter plus tard sur la musique, l’écriture et la peinture. En 1967 le Conseil inaugura la SUMMER SCHOOL OF THE ARTS à Fort San, un ancien sanatorium, dans la vallée de la Qu’Appelle. Dans ce décor pittoresque, écrivains, peintres, musiciens, photographes et acteurs se rencontraient pendant l’été au sein d’ateliers spécialisés, dirigés par des instructeurs venant du monde entier. Cette école d’été resta en opération jusqu’en 1989, date à laquelle elle ferma pour des raisons financières ; mais son enthousiasme multidisciplinaire avait affecté toute une génération d’artistes de la Saskatchewan.

L’une des plus grandes réussites du Conseil des arts a été la création des compagnies théâtrales professionnelles : les 25TH STREET THEATRE et PERSEPHONE THEATRE à Saskatoon, et le GLOBE THEATRE à Régina. Avant 1960 de nombreuses tournées venaient de l’est ou de l’étranger, mais il n’existait pas de production thé¬âtrale professionnelle en Saskatchewan. En 1966 Ken et Sue Kramer fondèrent le Globe, avec surtout en vue les représentations scolaires ; mais dès 1969 leur première saison professionnelle avait commencé. Le 25th Street Theatre débuta en 1972 et le Persephone Theatre en 1974, sous la direction de Brian Richmond et de Janet, Susan, John et Anne Wright. Quelques années plus tard, SHAKESPEARE ON THE SASKATCHEWAN commençait les représentations sous tente de pièces shakespeariennes sous la direction de Henry Woolf.

Saskatchewan Centre of the Arts, Regina
David McLennan

1967 marqua un jalon non seulement pour la province, mais également pour le Canada. C’était le centenaire de la nation, et au cours des festivités il devint clair qu’une nouvelle génération d’artistes faisait son apparition dans le pays tout entier. Le gouvernement provincial se lança dans le financement de deux grands auditoriums à Régina (le Saskatchewan Centre of the Arts) et Saskatoon (le Centennial Auditorium), faisant ainsi des deux principales cités des centres artistiques importants. En Saskatchewan comme dans le reste du Canada, un nouvel esprit vit le jour dans les communautés artistiques en même temps que le pays entrait dans son second siècle. Les années investies dans le développement artistique allaient maintenant s’avérer payantes.

Avant 1967, la production littéraire de la Saskatchewan était maigre. La seule maison d’édition était alors Modern Press, une aile de la SASKATCHEWAN WHEAT POOL, qui mettait sur le marché des reminiscences de pionniers ainsi que quelques récits historiques. En 1969, le Conseil des arts de la Saskatchewan invita quelques écrivains locaux à un congrès à Fort Qu’Appelle ; il en résulta la création de la Guilde des écrivains de la Saskatchewan (SASKATCHEWAN WRITERS GUILD), la première de ce type au Canada, qui précédait d’un couple d’années la création de l’Union des écrivains du Canada. Le mandat de cette guilde consistait à défendre les intérêts des écrivains, à faciliter la publication de leurs oeuvres, et à développer des « attitudes professionnelles envers le métier ». Ce programme, s’ajoutant à ceux de l’École des beaux-arts d’été, provoqua une explosion d’activité littéraire qui continue à attirer une attention internationale. Ce mouvement littéraire sembla atteindre un point critique lorsque plusieurs poètes, romanciers, dramaturges et auteurs d’oeuvres non romanesques commencèrent à être connus à l’extérieur. Les écrivains associés à ce mouvement comprennent les poètes ANNE SZUMIGALSKI, ELI MANDEL, ANDREW SUKNASKI et JOHN HICKS, ainsi que les romanciers KEN MITCHELL et Robert Kroetsch. Les écrivains de la Saskatchewan se rendaient compte qu’ils pouvaient suivre leur voie chez eux, au lieu d’émigrer vers des centres littéraires tels que Toronto ou New York.

En 1973, la Guilde et le Conseil des arts lancèrent le premier magazine littéraire de la province, Grain ; ceci fut suivi par le développement d’un système de colonies d’artistes et d’une filiale théâtrale, le Centre des dramaturges de la Saskatchewan, chargée du développement professionnel des textes dramatiques. Plusieurs maisons d’édition littéraire virent bientôt le jour : Coteau Books à Régina, et Thistledown Press et Fifth House Publishers à Saskatoon. A Saskatoon, Modern Press créa une section littéraire, Greystone Books. La vedette est Coteau Books, qui est née à Moose Jaw sous le nom de Thunder Creek Publishing Co-operative et a prospéré grâce à l’énergie de ses écrivains-fondateurs, tous de Moose Jaw : GARY HYLAND, ROBERT CURRIE, GEOFFREY URSELL and BARBARA SAPERGIA. Ils ont publié non seulement leurs propres oeuvres, mais aussi une grande variété de titres littéraires et pour enfants, si bien que Coteau est maintenant l’une des plus grandes et des plus réputées maisons d’édition régionales au Canada.

Hart Rouge, 1997.
Jean-François Bérubé (Folle Avione Productions)

De nombreuses carrières littéraires à succès prirent naissance en Saskatchewan dans les années 1970, et à la fin du siècle des écrivains comme LORNA CROZIER, Bonnie Burnard, DAVID CARPENTER, DON KERR, BYRNA BARCLAY, GLEN SORESTAD, GERTRUDE STORY, MARIA CAMPBELL, SHARON BUTALA et GUY VANDERHAEGE avaient acquis une renommée internationale. Parmi les voix plus récentes on compte BRENDA BAKER, ART SLADE, DAVE MARGOSHES et Chris Fisher. Des développements similaires se poursuivirent en musique et dans les arts plastiques sous les auspices du Conseil des arts de la Saskatchewan. En plus des orchestres symphoniques, des fanfares et des choeurs, des groupes populaires tels que « Humphrey and the Dumptrucks », de Saskatoon, ont donné des représentations dans toute la province, et des chanteurs/compositeurs comme JONI MITCHELL, BUFFY SAINTE-MARIE, CONNIE KALDOR et Don Freed ont fait des carrières intenationales. Des musiciens de blues comme COLIN JAMES et Jack Semple leur ont vite emboîté le pas, et le groupe francophone Hart Rouge a acquis une renommée nationale. Plus récemment, nous avons vu la réussite de Brad Johner, et de l’orchestre de Jason Plumb and the Willing. Des galeries d’art indépendantes, qui vendent les oeuvres d’une nouvelle constellation d’artistes, se sont ouvertes un peu partout dans la province. Parmi ceux-ci on compte : les artistes en céramique JOE FAFARD, JACK SURES et VIC CICANSKY, de Régina ; les peintres BOB BOYER et DAVID THAUBERGER ; le sculpteur BILL EPP, de Saskatoon ; et les frères Huang Zhongyang et Huang Zhongru, originaires de Chine. Le plus célèbre d’entre eux est Joe Fafard, un artiste francophone de Ste Marthe, dont les vaches en bronze et les portraits en céramique ornent les paysages urbains et les collections privées du monde entier.

Brent Butt en tournage à Rouleau (Dog River), Saskatchewan.
David McLennan

Un développement ultérieur important vit la création d’une industrie du film en Saskatchewan, qui jusqu’aux années 1970 avait été une simple consommatrice de cinéma ; la seule exception était le YORKTON SHORT FILM AND VIDEO FESTIVAL, qui avait débuté en 1947. En 1976, Alan King filma une adaptation de Who Has Seen the Wind à Arcola et aux alentours ; et trois ans plus tard apparut un film primé, The Hounds of Notre Dame, portant sur le père ATHOL MURRAY et la fondation de Notre Dame College à Wilcox. Ces productions cinématographiques contribuèrent à la formation de techniciens, de producteurs, de metteurs en scène et d’acteurs, ce qui mena à l’explosion d’entreprises cinématographiques des années 1980 et 1990. Bientôt, la Saskatchewan Film Development Corporation et une équipe de réalisation de l’Office national du cinéma s’établirent à Régina. La Mind’s Eye Pictures de KEVIN DEWALT commença une impressionnante production de longs métrages, de séries télévisées et de films publicitaires. Récemment  les Canada Saskatchewan Productions Studios, équipés d’une salle de tournage complète, se sont fixés à Régina. C’est là qu’a été produite une série télévisée à succès, Corner Gas, qui avec des acteur locaux comme Brent Butt, Janet Wright et Eric Peterson, décrit le pittoresque d’une petite communauté. La culture et les artistes de la Saskatchewan semblent avoir maintenant atteint un certain niveau de renommée internationale.

Comme dans la plupart des régions du Canada, la fin du vingtième siècle vit le développement d’importants festivals artistiques communautaires : la Festival des mots de Moose Jaw (qui a conduit à la création du Centre culturel de Moose Jaw), le Festival d’avant-garde de Saskatoon, le Regina Folk Festival, la Foire d’artisanat de North Battleford, le Festival artistique de Cathedral Village à Régina, et le Midsummer Arts Festival de Fort Qu’Appelle. Établie en 1979, la Commission artistique de Régina, la première agence municipale de ce genre dans la province, prit comme mandat d’encourager l’activité artistique de la capitale : en résultat, le gouvernement fédéral déclara Régina « Capitale culturelle du Canada » en 2004, et lui attribua une généreuse subvention pour la promotion d’autres projets visant au centenaire de la province. A la fin du vingtième siècle, la culture de la Saskatchewan était passée à l’âge adulte, et bien que sa population apparaisse stagnante en 2005, cette richesse culturelle demeure un capital important à l’occasion de son centenaire.

Contributor: Ken Mitchell
Translated By: Patrick Douaud

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Lectures

Archer, J.H. 1965. Footprints in Time. Toronto: House of Grant.

Black, N.F. 1913. History of Saskatchewan and the North West Territories. Regina: Saskatchewan Historical Company.

Hawkes, J. 1924. Saskatchewan and its People. Chicago-Regina: S.J. Clarke Publishing.

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