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Géographie de la Saskatchewan

By: Randy Widdis

Près de Shackleton.
David McLennan

Beaucoup de Canadiens ont de la Saskatchewan des idées bien définies : silos remplis de blé dominant un paysage sans relief ; enfants coiffés de bonnets de laine, jouant sur un marécage gelé par –300 ; parents à la station d’autobus de leur petite ville, les yeux pleins de larmes, faisant leurs adieux à leur enfant parti chercher ailleurs une vie meilleure. Bien que représentant certaines facettes de la province, ces symboles sont illusoires dans la mesure où ils offrent l’image d’une société aussi simple et amorphe que le paysage horizontal évoqué plus haut. Or la Saskatchewan est un endroit bien plus hétérogène qu’on ne le pense, et l’étude de la géographie aide énormément à en peindre un portrait plus intéressant. Ce qui suit est donc une vue synoptique de la géographie de la province ; elle en identifie les principaux aspects physiques et culturels, et examine également l’évolution des liens entre situation et identité afin de permette une compréhension plus dynamique des changements encourus au fil des ans.

Situation, région et identité

La géographie cherche à comprendre la nature d’un endroit. Les géographes analysent systématiquement les processus sociaux, économiques, politiques et environnementaux qui y prennent place afin d’en dégager le caractère distinctif. Pour répondre à la question « Qu’est-ce qui rend la Saskatchewan unique ? », il faut adopter une démarche géographique qui se concentre sur l’intégration ainsi que sur les interdépendances. Dans ce contexte, il est important de considérer non seulement les interactions qui ont pris place dans la province, mais aussi les relations entre la Saskatchewan, le reste du Canada, et le monde.

Traditionnellement, la nature de cet endroit et l’identification qui s’y rapporte ont été basées sur la ruralité, l’agriculture et l’isolement. Mais les références culturelles traditionnelles – petites villes et monoculture du blé – diminuent en importance : en fait, l’iconographie de la province, tellement dominée par le secteur agricole, subit un déclin en face de la restructuration globale, et est de plus en plus hors de propos. D’où la question « Que devient cet endroit ? » et le besoin de faire passer nos conceptions de la province, d’une image héritée du passé rural euro-canadien à un présent et un avenir où la présence autochtone, la domination urbaine et les changements économiques peuvent être clairement articulés.

L’isolement physique dû à des barrières comme le Bouclier Canadien, les Montagnes Rocheuses et les grandes distances s’est joint à la séparation culturelle pour diviser le Canada et encourager l’attachement à la province et à la région. Le rôle joué par la géographie est important : la Saskatchewan en tant que région/endroit est née d’une constante re-création de la société dûe aux interactions humaines avec un environnement en évolution. Ceci a pris place dans des contextes historiques et géographiques spécifiques, mais les transformations qui en ont résulté ont aussi eu lieu dans un contexte plus vaste de relations politiques, économiques et sociales avec le reste du pays et avec le monde.

Situation

Figure 1. Cette carte montre l'isolement géographique de la Saskatchewan. La région des Grandes Plaines, profilée en noir, s'étend des Territoires du Nord-Ouest à l'est du Mexique, en passant par le milieu des Etats-Unis.
Canadian Plains Research Center Mapping Division
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Un principe crucial en géographie affirme que la situation est indispensable à la compréhension d’un grand nombre de processus. L’isolement social et géographique a joué un rôle historique dans le développement de la province, et contribue sans doute à rendre cet endroit unique. Sa position à l’intérieur du Canada, loin des grands marchés, a toujours entravé le développement de la fabrication secondaire, et a depuis longtemps découragé l’implantation des autres Canadiens et des étrangers. A une plus grande échelle, la Saskatchewan fait partie d’une région nord-américaine (les Grandes Plaines) qui est d’abord extractive, limitée économiquement par sa situation périphérique, et politiquement sous-représentée à cause de sa faible population1 (Figure 1). Bien que l’isolement géographique continue d’agir sur le rythme du développement, les révolutions dans le domaine du transport et de la communication ont provoqué une réduction des coûts associés à la relative inaccessibilité, et ouvert des horizons pour le développement d’industries de haute technologie libres quant au choix des locaux. On compte parmi celles-ci la biotechnologie (BIOTECHNOLOGY) et la recherche pétrolière, associées aux industries traditionnelles de l’agriculture et du pétrole, déjà importantes dans la province.

Le milieu physique

La recherche géographique sur les caractères distinctifs d’un endroit se penche également sur la nature des relations entre les humains et leur milieu physique. La Saskatchewan possède un certain nombre d’environnements distincts, dont le peuplement à diverses époques a causé une variété d’expériences. Beaucoup de Canadiens ignorent cette diversité parce que la plupart de ceux qui passent par la province empruntent la TRANS-CANADA HIGHWAY, qui traverse la partie plate : ceci renforce l’impression que la Saskatchewan est composée de paysages sans relief et montones. Ceux qui prennent le temps d’explorer la province ont une opinion différente.

Les géographes se servent du concept d’écozone – l’unité spatiale qui décrit les caractères biophysiques ainsi que leurs relations sous-jacentes – afin d’illustrer la variété régionale des milieux physiques. La Saskatchewan a quatre écozones : la PRAIRIE ; les plaines boréales (BOREAL PLAINS) ; le bouclier boréal (BOREAL SHIELD) ; et le bouclier de taïga (TAIGA SHIELD). Elle possède également trois régions de végétation naturelle : herbe, demi-bois, et forêt2. Le bouclier est formé d’anciennes roches précambriennes, surtout cristallines (voir PRECAMBRIAN GEOLOGY). Des roches sédimentaires plus récentes recouvrent ce socle cristallin dans le basin (WESTERN CANADIAN SEDIMENTARY BASIN) qui marque la zone sud de la Saskatchewan. Le paysage relativement plat de ce tte région est connu sous le nom de Plaines Intérieures. Les écozones de prairie et de plaines boréales recouvrent cette région. (Voir ECOREGIONS).

L’herbe domine la prairie sèche, où les arbres ne poussent qu’au bord des rivières. La prairie est divisée en herbe haute et herbe courte, cette dernière étant concentrée dans la région sèche du sud-ouest de la province. Le demi-bois, une zone de transition entre l’herbe et la forêt boréale, consiste en prairie parsemée d’arbres. Les arbres à feuilles caduques (tremble, peuplier et bouleau) prédominent au sud, les conifères (épinette et pin) au nord. Le demi-bois se confond avec la partie sud de la forêt boréale à mesure que les zones herbeuses diminuent pour finalement disparaître. Les sols noirs et bruns, qui proviennent souvent de dépôts laissés par la dernière glaciation, sont idéaux pour la culture dans la prairie et le demi-bois. (Voir aussi GRASSES AND GRASSLANDS, NATIVE ; TREES ; SOILS).

La partie sud de la forêt boréale est située dans les Plaines Intérieures ; mais au nord se trouve le bouclier précambrien, composé d’un soubassement cristallin ainsi que des roches sédimentaires plus récentes du bassin de l’Athabasca, qui pris ensemble représentent plus de trois milliards d’années d’histoire. L’érosion glaciaire (GLACIAL EROSION) creusa cette région, y laissant un faible drainage et un paysage parsemé de milliers de lacs, rivières et tourbières. L’agriculture y est presque impossible à cause des sols gris peu profonds, du terrain rocailleux et marécageux, et des courtes saisons. Les conifères, plus vivaces, prédominent. Le bouclier de taïga dans la lointaine partie nord-est de la province est une zone de transition entre la forêt boréale et la toundra arctique sans arbres. Dans ce milieu froid, l’épinette noire et le pin gris sont clairsemés.

La province entière, à l’exception des CYPRESS HILLS à l’extrême sud-ouest, a subi l’impact de la GLACIATION. La retraite des glaciers laissa des dépôts (GLACIAL DEPOSITION) qui créèrent un paysage de moraines, de déversoirs glaciaires (par ex. la vallée de la Qu’Appelle), et de drumlins et autres modelés. La dernière calotte glaciaire a laissé un escarpement couronné de moraines (le MISSOURI ESCARPMENT), qui commence à 100 km à l’ouest de la frontière du Manitoba et se dirige d’abord vers le nord-ouest en direction de Swift Current, puis nord-nord-ouest jusqu’en Alberta. Dans une grande partie de la prairie les dépôts recouvrent d’anciens lacs proglaciaires (PROGLACIAL LAKES), ce qui explique les vastes étendues de terrain plat caractéristiques du sud de la province.

Les Cypress Hills représentent le point le plus élevé du Canada entre le Labrador et les Rocheuses.
Canadian Plains Research Center

Les Cypress Hills, un plateau contourné par les glaciers, atteignent 1 392 mètres – le plus haut point entre le Labrador et les Montagnes Rocheuses. Des températures plus basses et des précipitations plus élevées que dans la prairie environnante produisent un mélange d’herbe humide, de demi-bois de tremble et de fétuque, ainsi qu’une forêt de tremble, de pin de Murray et d’épinette blanche. Parmi les autres modelés on distingue les badlands du centre-sud de la province, marquées par des roches de forme insolite, des escarpements de grès, et des falaises. Les dunes de sable de l’Athabasca (ATHABASCA SAND DUNES), le long de la rive sud du lac Athabasca au nord-ouest, forment la plus vaste étendue de dunes au Canada. On trouve d’autres dunes dans les GREAT SAND HILLS, le parc provincial Douglas, et Good Spirit Lake3.

Le climat de la Saskatchewan (CLIMATE) peut être classifié de différentes façons. En général, la zone sud est plus sèche tandis que le nord a des étés plus frais et des hivers plus froids. Une situation continentale, où rien n’entrave l’invasion des masses d’air arctique venant du nord et des masses d’air chaud venant du golfe du Mexique au sud, assure à la province de longs hivers froids et des été chauds et secs. Les vents d’ouest dominants qui viennent du Pacifique sont secs parce qu’ils perdent la plus grande partie de leur humidité en précipitations orographiques au cours de leur passage au-dessus des Rocheuses.

Etant donné que la Saskatchewan dépend fortement de l’agriculture, il est normal que le climat soit le sujet de tant de discussions. La question du changement climatique a donc suscité beaucoup d’intérêt. La plupart des scénarios de changement climatique pour les provinces de prairies, basés sur une augmentation du gaz carbonique atmosphérique, indiquent une rapide hausse des températures, une diminution de l’humidité du sol dûe à une évapotranspiration plus élevée, et une plus grande incidence d’événements climatiques extrêmes. Tandis qu’une augmentation des températures prolongerait la période de croissance, une plus grande chaleur et une humidité du sol réduite pourrait avoir des effets adverses sur l’agriculture, surtout dans les régions plus sèches. Beaucoup d’encre a coulé sur l’impact éventuel du changement climatique sur l’agriculture, les écosystèmes forestiers, les loisirs et le tourisme (RECREATION AND TOURISM), la faune et la flore, la biodiversité, les écosystèmes aquatiques (AQUATIC ECOSYSTEMS), l’offre et la demande en eau, et bien d’autres aspects de l’économie et de l’environnement de la province. Le côté inévitable de ce changement, quelles qu’en soient la nature et les proportions, est un sujet d’inquiétude pour beaucoup. (Voir CLIMATE CHANGE : THE FUTURE).

Géographie historique

Une grande divergence parmi les types de sols, de végétation et autres particularités de surface à l’échelle locale et régionale, ainsi que d’importantes différences climatiques entre le nord et le sud, ont produit un cadre variable pour l’évolution historique de la province. Tout au nord, le dernier glacier disparut il y a environ 9 000 ans, et les terres furent alors occupées par des plantes, des animaux et des humains. Les premières cultures forestières qui suivirent donnèrent naissance à des sociétés de chasse et de cueillette qui se nourrissaient d’orignal, de caribou des bois, de castor, de gibier aquatique et de poisson. Dans la zone de climat subarctique du bouclier de taïga, les chasseurs poursuivaient le caribou dans sa migration entre la toundra arctique pendant l’été et la bordure nord de la forêt boréale pendant l’hiver. Au sud, les glaciers avaient déjà disparu depuis des milliers d’années. Les premiers habitants des prairies, qui faisaient partie de la culture Clovis, chassaient des espèces du pléistocène telles que le mammouth ainsi que le bison et le cheval préhistoriques, il y a entre 11 500 et 10 500 ans (voir ARCHAEOLOGY). Plusieurs cultures suivirent, et avec l’extinction des espèces du pléistocène l’économie de subsistance de ces groupes se concentra sur le BISON. Le développement de l’arc et des flèches facilita les grandes chasses communautaires au bison au cours de la période des Indiens des Plaines supérieure (d’environ 2 000 à un peu plus de 300 ans avant le présent)4.

On pense en général que HENRY KELSEY, un agent de la Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH) qui suivit la SASKATCHEWAN RIVER depuis la baie d’Hudson en 1690-91, fut le premier Européen à pénétrer dans ce qui est maintenant la Saskatchewan. A cette époque, les DENESULINE (Dénés) étaient le seul groupe culturel vivant tout au nord. Les membres de la culture crie (CREE) habitaient la forêt boréale. Les Atsinas (Gros Ventres) vivaient dans les prairies du centre-ouest et du sud-ouest de la Saskatchewan, tandis que les bandes NAKOTA (Assiniboines) occupaient alors la moitié est des prairies5. On pense que les Dénés obtinrent des marchandises européennes dès les années 1620, par l’intermédiaire des Cris du sud et de l’est. En 1682 la CBH établit un poste à Port Nelson sur la baie d’Hudson, et tenta d’instituer un commerce permanent avec les Dénés. En 1717, Fort Churchill vit le jour dans l’estuaire de la CHURCHILL RIVER, et des Dénés du nord de la Saskatchewan vinrent y faire du commerce. A la suite des voyages de SAMUEL HEARNE au lac Athabasca en 1769-72, PETER POND dirigea en 1779 la construction du premier comptoir de la CBH dans la région, à environ 50 km de l’estuaire de la rivière Athabasca. Dix ans plus tard, ce poste fut remplacé par Fort Chipewyan, sur la rive sud-ouest du lac Athabasca (LAKE ATHABASCA)6.

Les Cris des Plaines étaient à l’origine un groupe d’Indiens des bois qui adoptèrent la culture du cheval et du bison quand ils se dirigèrent vers le centre et le sud de la Saskatchewan au commencement du 18ième siècle. Avec le début du commerce avec les Anglais et les Français dans la région de la baie James et de la baie d’Hudson à la fin du 17ième siècle, les Cris et Nakota occidentaux de ce qui forme à présent le nord-ouest de l’Ontario et le Manitoba n’avaient plus à dépendre des Ottawa et des Ojibwa pour acquérir des marchandises européennes telles que pièges en acier et fusils. Presque immédiatement, les Nakota et les Cris de l’ouest commencèrent à former des réseaux commerciaux dans la région des prairies et des demi-bois7. Le cheval, qui avait alors été réintroduit dans les plaines de l’Amérique du Nord depuis le Nouveau-Mexique, se trouva tout de suite intégré dans la vie économique et sociale des Indiens de la région.

Les armes à feu et le commerce des fourrures eurent un impact indélébile sur les Cris des Plaines et les Dénés. Bientôt, les autochtones apprécièrent les marchandises européennes dans des buts utilitaires, mais aussi comme une nouvelle forme de richesse. Ils échangeaient les fourrures (castor et bison) ainsi que la viande pour des marchandises de traite, et peu à peu ils adoptèrent la nourriture, les vêtements et la technologie des Européens. Les autochtones de l’ouest, qui à l’origine se rendaient à la baie d’Hudson pour y faire du commerce, réussirent à persuader les Français et les Anglais d’établir des comptoirs sur leurs territoires : Cumberland House fut ainsi construite en 1774 pour couvrir la région de la Saskatchewan.

La recherche récente a mis en question l’interprétation traditionnelle de ce commerce, dans laquelle les Premières Nations sombrèrent dans une relation de subordination avec les Européens. La position révisionniste est résumée par Thistle, qui écrit:

Les autochtones de la région étaient supérieurs en nombres et avaient assez de connaissances pour conserver un certain contrôle sur leur participation dans la production des fourrures et dans les systèmes de transport et d’approvisionnement, ainsi que sur la balance du pouvoir. Les systèmes sociaux et politiques des Premières Nations ont clairement servi de base à l’organisation du commerce des fourrures à ses débuts, car il est évident que les changements dans leur culture matérielle étaient fondés sur leurs propres besoins et sur leur vision du monde. D’un autre côté, ce sont les Européens qui se sont adaptés […] aux « coutumes du pays ». Pendant la période allant de 1690 à 1840, les Européens n’étaient évidemment pas capables d’imposer leurs propres conditions sur leurs relations avec les autochtones, et donc durent s’adapter aux systèmes sociaux, politiques, technologiques et économiques en vigueur chez les Premières Nations de la région.8

En dépit des efforts de la part des Français et des Anglais pour manipuler à leur avantage les conditions de ce commerce et la rivalité entre bandes, ce sont les autochtones qui tirèrent parti des rivalités entre Européens avant 1763, et des rivalités entre compagnies commerciales après cette date, de façon à obtenir une position aussi avantageuse que possible au sein du système. Avec le temps, cependant, l’expansion du commerce des fourrures aboutit à des voies de développement et à des relations différentes avec les compagnies. Les Cris et Nakota des demi-bois intensifièrent leur chasse au bison afin de répondre aux besoins croissants de la CBH et de la Compagnie du Nord-Ouest, et devinrent ainsi moins dépendants des fourrures pour obtenir des marchandises. Cette transition économique des bois à la prairie les rendit également moins dépendants de ces compagnies au fur et à mesure qu’ils découvraient que le bison suffisait à leur survie. Mais les groupes qui demeuraient dans la forêt faisaient face à une situation très différente. Une chasse excessive avait rendu les Nakotas, les Cris et les Ojibwas de plus en plus dépendants du trappage, malgré le déclin des ressources en fourrures – ce qui augmentait aussi leur dépendance envers les Européens pour les munitions, les haches, les pièges, les textiles, etc9.

Finalement, les tribus des demi-bois et des prairies perdirent leur avantage. Les activités missionnaires mettaient en question les formes d’autorité traditionnelles, et les autochtones étaient maintenant concentrés autour des colonies permanentes. L’impact des maladies et la quasi-extinction du bison eurent un effet dévastateur. C’est à cette époque que les relations entre autochtones et Européens passèrent d’une certaine mesure de contrôle à la dépendance10. La CBH n’était pas disposée à remplacer le bison par une autre source d’alimentation pour les Indiens des Plaines : au lieu de cela le gouvernement canadien fournit la nourriture, mais obligea les chasseurs nomades à se fixer dans des réserves11.

Vers le milieu du 19ième siècle, une expédition britannique dirigée par John Palliser et une expédition canadienne dirigée par Henry Youle Hind et Simon Dawson (voir PALLISER AND HIND EXPEDITIONS) explorèrent les prairies. Toutes deux divisèrent l’intérieur de la région occidentale en deux zones : une ceinture fertile propre à l’agriculture, qui longeait en gros la NORTH SASKATCHEWAN RIVER depuis la Rivière Rouge jusqu’aux Rocheuses ; et une zone aride (PALLISER’S TRIANGLE), plus au sud, considérée comme bonne seulement pour le pacage. Les deux groupes n’explorèrent pas la partie la plus au sud-ouest de ce qui est maintenant la Saskatchewan, préférant les références de seconde main qui parlaient d’une extension septentrionale du grand désert américain12. Ces expéditions, ainsi que le rapport ultérieur plus favorable de JOHN MACOUN, eurent un impact important. La région n’était plus considérée comme une étendue sauvage propre au seul commerce des fourrures, mais comme possédant un grand potentiel agricole. Comme l’a déclaré un historien, les renseignements contenus dans leurs rapports « formèrent la base d’une redéfinition du Nord-Ouest »13.

En 1868, la législation permit à la Couronne d’accepter la vente de la Terre de Rupert (voir RUPERT’S LAND PURCHASE). Ceci fut suivi en 1870 d’un décret donnant les détails du transfert au gouvernement du dominion et de l’entrée du Manitoba dans la Confédération, après quoi les terres de la Saskatchewan et de l’Alberta actuelles furent administrées comme territoires (voir BOUNDARIES)14. Suite à l’exil de leur dirigeant, LOUIS RIEL, les Métis du sud du Manitoba, désenchantés, commencèrent à s’installer le long de la SOUTH SASKATCHEWAN RIVER. Leurs chasseurs de bisons, qui avaient déjà établi des camps provisoires dans tout le sud de la Saskatchewan (y compris la région de la Qu’Appelle, de DUCK LAKE et de BATOCHE), y retournèrent pour former des colonies agricoles permanentes qui ajouteraient leurs activités à celles de la chasse traditionnelle. C’est à cette époque que le gouvernement canadien commença à négocier des traités avec les autochtones en préparation pour l’afflux d’immigrants auquel on s’attendait.

Les aspects fondamentaux de la politique foncière canadienne dans l’ouest – concessions, levés de terrain, et donations foncières aux chemins de fer – étaient transplantés des Etats-Unis. Le système de sections, avec son plan géométrique, était supposé faciliter la colonisation de la façon la moins chère et la plus rapide possible. Bien que la première Loi sur les concession de l’ouest du Canada ait été adoptée en 1872, la région ne réussit pas à attirer les centaines de milliers d’Européens et de Nord-Américains qui se dirigeaient vers l’ouest. Entre 1870 et 1896, les Etats voisins se remplissaient tandis que les prairies canadiennes étaien encore dépourvues d’immigrants. Avant 1879 l’absence de chemin de fer avait limité le développement, mais l’achèvement du CANADIAN PACIFIC RAILWAY en 1886 et l’extension jusqu’à la frontière canadienne de sa filiale, le SOO LINE RAILWAY, élimina cet obstacle. Pourtant, la colonisation se poursuivit lentement : moins de 170 000 immigrants s’installèrent dans les trois Territoires du Nord-Ouest (Assiniboia, Saskatchewan, Alberta) entre 1881 et 188615.

Les Métis de la vallée de la Saskatchewan, qui s’y étaient installés avant le levé de terrain, avaient la hantise de la colonisation par les Blancs. Leurs appels pour que le gouvernement fasse reconnaître officiellement leurs terres riveraines n’obtinrent qu’un succès limité : les terres occupées étaient reconnues, mais les nouvelles zones d’expansion ne seraient arpentées que conformément au système de sections. Les Métis, qui considéraient que ces terres leur appartenaient en vertu de leur ascendance indienne, n’étaient pas disposés à attendre trois ans, au même titre que les immigrants, pour être enregistrés16. Ils demandèrent à Louis Riel de retourner au Canada pour prendre la tête du mouvement protestataire. Ottawa ne prêta pas attention à leurs requêtes, et en 1885 les Métis et leurs alliés indiens proclamèrent un gouvernement provisoire. A la suite d’une escarmouche à Duck Lake entre les Métis, les Indiens, la police montée et des volontaires blancs, Ottawa dépêcha une force armée sous le commandement du général F.D. MIDDLETON pour étouffer la révolte. Finalement l’armée y réussit, Riel fut exécuté, et les Métis se trouvèrent forcés de vivre sous ce nouveau régime17.

Ce n’est qu’à partir de 1896, à la fin de la récession mondiale des années 1890 et avec la colonisation de la majeure partie des terres plus au sud, qu’un nombre important d’immigrants s’installèrent dans la région. Les Britanniques formèrent le contingent le plus nombreux (N=562 054) entre 1900 et 1910, mais le nombre d’Américains (N=497 249) et, dans une plus faible mesure, d’immigrants de l’Europe continentale (N=394 088) subit une forte augmentation à la fin de la décennie. Tandis que beaucoup de Britanniques étaient attirés par les centres de développement industriel de l’Ontario et du Québec, les Américains et les européens continentaux étaient plus sensibles aux opportunités qui se présentaient à l’ouest. Entre 1897 et 1910, 32% des arrivées de l’Europe continentale et 42% des arrivées des Etats-Unis obtinrent des concessions dans l’ouest du Canada18. Cet afflux de population, accompagné par le développement d’une économie basée principalement sur l’agriculture, joua un rôle direct dans la création de la province de la Saskatchewan en 1905.

Attelage de huit chevaux, juin 1947.
Everett Baker (Saskatchewan History and Folklore Society)

Un fait essentiel de la vie de l’immigrant de la Saskatchewan et de l’ouest dans son ensemble était la tension inhérente entre les forces centrifuges des nouvelles structures sociales, et les forces centripètes des colonies groupées et de la rétention culturelle. La colonisation rurale (RURAL SETTLEMENT PATTERNS) de la région, ainsi que la géographie urbaine (URBAN GEOGRAPHY) qui y était associée, étaient influencées par divers facteurs tels que la qualité du sol, la disponibilité des terres, et l’accès aux marchés et aux voies ferrées. Mais pour un grand nombre d’Européens et d’immigrants européens transplantés des Etats-Unis, la colonisation se trouva modelée par des facteurs sociaux, parmi lesquels ressortaient les liens de parenté et d’amitié, et le rassemblement ethnique. Les communautés de l’ouest étaient centrées sur des institutions ethniques servant de base aux relations sociales. Il en résulta des blocs ethniques (ETHNIC BLOC SETTLEMENTS) où la famille, l’église et la communauté constituaient la structure même de la société.

Malgré la concurrence du nouveau et du familier, il pouvait y avoir une allégeance à la fois à la nouvelle nation et aux cultures transplantées, bien que cela soit parfois difficile. Les groupes ethnoculturels étaient influencés non seulement par la conformité anglo-saxonne, mais aussi par des pratiques culturelles ré-institutionnalisées. Tout en permettant aux groupes culturels de se rassembler, l’accès aux concessions « gratuites »19 créa également des opportunités économiques minimisant les possibilités de conflit qui naissent de la pénurie. Il en découle que, bien que la ségrégation se soit produite en Saskatchewan comme dans l’ouest tout entier, « les contacts amicaux avec des familles d’ethnicités différentes mais provenant de la même région, et l’interaction avec les groupes anglophones du marché ont empêché la formation de blocs monoculturels… Les colonies pouvaient donc être considérées comme régionalement homogènes mais ethniquement diverses »20.

D’autres facteurs – la politique nationale (NATIONAL POLICY) de 1879 et les taux de fret peu élevés grâce aux accords de 1897 (CROW’S NEST PASS AGREEMENT), et aussi les nouvelles souches de blé développées pour le climat sévère des prairies – ont également contribué à stimuler l’économie et à attirer les immigrants. Au cours des trois premières décennies du 20ième siècle, la Saskatchewan jouissait de la croissance la plus rapide parmi les provinces du Canada : entre 1900 et 1930, le nombre des concessions monta jusqu’à 303 000. La population passa de 91 000 en 1901 à 922 000 en 1931, et dans le même intervalle le nombre de fermes passa de 13 000 à 136 00021. Un réseau linéaire de centres de services se répandit sur les prairies, contrôlé et dirigé par les chemins de fer, qui établirent des gares dotées de silos à 8-18 km les unes des autres, donc accessibles à la plupart des fermiers. D’autres services suivirent pour répondre à leurs besoins. Les centres avec le meilleur emplacement, choisis come sièges de gouvernement et d’entreprises commerciales, ou bien bénéficiant de l’énergie et du flair de dirigeants locaux, atteignirent bientôt le sommet de la hiérarchie urbaine.

Le développement de la province et de l’ouest en général, à la fois durant le commerce des fourrures et durant la colonisation agricole, prit place dans un contexte plus vaste de relations politiques, économiques et sociales qui, selon Swainson, étaient caractérisées par la dépendance et l’exploitation:

La région et ses ressources étaient contrôlées de l’extérieur, dans l’intérêt de centres éloignés dont l’importance relative changeait avec le temps. Londres, Montréal et Toronto, importantes métropoles rivales, étaient flanquées de moindres rivaux tels que Minneapolis-St. Paul, Benton et Vancouver. Le principal résultat de ce type de développement a été une résistance continuelle aux contrôles extérieurs. En même temps, le caractère des gens et des institutions de l’ouest a été fortement influencé par des forces extérieures au contrôle de l’ouest.22

Potyondi, par exemple, remarque que pendant le commerce des fourrures les autochtones et les Métis étaient « à l’avant-garde de l’assaut contre les ressources mêmes qui donnaient une signification à leur culture. En tournant leur profonde connaissance des écosystèmes régionaux vers les acquis monétaires, ils épuisèrent rapidement les ressources naturelles des plaines pour satisfaire une demande métropolitaine lointaine qu’ils comprenaient à peine »23.

Les influences extérieures sur le développement étaient également évidentes dans le contrôle fédéral des terres publiques et des ressources naturelles des trois provinces des prairies, contrôle qui persista vingt-cinq ans après que la Saskatchewan et l’Alberta soient devenues des provinces. Il est ironique que ces trois provinces gagnèrent le contrôle de leurs terres et de leurs ressources au moment où la Dépression (GREAT DEPRESSION) assénait un coup redoutable aux fermiers de l’ouest, déjà surchargés de dettes auprès des banques et sociétés de fiducie de l’est. Des milliers se déclarèrent en faillite, et la colère monta contre les politiques fédérales qui empêchaient les fermiers de profiter des machines et des biens de consommation américains meilleur marché, au moment où leurs céréales se vendaient à des prix ridicules sur les marchés mondiaux. Cette frustration aboutit à la création de mouvements sociaux et de partis politiques (PROGRESSIVE PARTY, Union des fermiers du Canada, CO-OPERATIVE COMMONWEALTH FEDERATION, SOCIAL CREDIT PARTY) qui se lancèrent à l’attaque des capitalistes et hommes politiques de l’est24. Pendant les années 1930, la Saskatchewan subit la sécheresse, la baisse du prix des céréales, l’exode hors de la province, la consolidation des fermes, le début de l’exode rural, et le déclin des communautés rurales. En dépit d’une amélioration des conditions économiques pendant la guerre, grâce à de meilleures récoltes et à des prix plus élevés, la population continua à décliner et baissa de plus de 100 000 dans les années 1930 et 194025.

Une caractéristique remarquable de la Saskatchewan est le nombre de coopératives opérant dans divers secteurs économiques (voir CO-OPERATIVES IN SASKATCHEWAN). La première fut organisée par des récoltants de blé au début des années 1900 pour en faciliter la commercialisation. La plus vaste, aujourd’hui, est la SASKATCHEWAN WHEAT POOL, émise dans le public, qui exploite des silos et des terminaux, des parcs à bétail, et bien d’autres installations. D’autres coopératives s’occupent de vente en gros et au détail, de logement, d’opérations bancaires et autres industries de service. La mentalité de coopérative s’est même frayé un chemin en politique. La Co-operative Commonwealth Federation (CCF), un parti socialiste organisé en 1933 au pire moment de la Dépression, insista sur le besoin d’une intervention gouvernementale dans l’économie en général, et plus spécialement sur l’importance des sociétés d’Etat (CROWN CORPORATIONS). Le parti désigna les soins médicaux et l’agriculture comme questions majeures au cours de l’élection de 1944, et prit le pouvoir avec l’appui unanime du secteur rural. Le premier gouvernement « socialiste » de l’Amérique du Nord a mis en place des principes qui ont persisté en dépit des changements d’administration.

Figure 2. Pourcentage de population au-dessus de 65 ans; Canada, provinces et territoires, 2001.
Canadian Plains Research Center
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La foresterie (FORESTRY), l’industrie du pétrole et du gaz (OIL AND GAS INDUSTRY), l’industrie de la potasse (POTASH INDUSTRY) et l’exploitation de l’URANIUM encouragèrent la croissance économique dans les années 1950 et 1960 – ce qui en retour permit le développement du secteur tertiaire. Il en est résulté que l’agriculture, bien qu’encore l’industrie la plus importante de la province, a peu à peu perdu de son importance. Le commerce international des ressources primaires a continué à être l’élément moteur de l’économie provinciale dans les dernières décennies du 20ième siècle, mais l’économie s’est de plus en plus diversifiée.

Géographie humaine

Population

Toute étude de la population de la Saskatchewan doit tenir compte de tendances socio-économiques telles que l’agrandissement des fermes, la mécanisation, la diminution des revenus fermiers dûe à la restructuration agricole et à la baisse des prix, la disparition croissante des services communautaires, et la plus grande mobilité dûe aux améliorations du système de transports. La population de la province a seulement subi une croissance minimale depuis le milieu du 20ième siècle, et la plupart des projections prédisent que cette tendance va continuer pour le proche avenir. Parmi les provinces, seuls le Labrador et la Terre-Neuve affichèrent une croissance plus lente que la Saskatchewan pendant la période 1981-2001. La Saskatchewan a le taux le plus élevé du Canada pour la dépendance des personnes âgées (Figure 2)26, à cause du déclin du taux de fécondité et de l’exode des jeunes. La migration interprovinciale (INTERPROVINCIAL MIGRATION) a provoqué une perte nette de population au cours des trente dernières années, car les personnes âgées comme les jeunes quittent la province en nombres impressionnants. Le résultat : moins de main-d’oeuvre, davantage de pensionnés, et une pression accrue sur le système de santé. Comparée aux autres provinces, la Saskatchewan a aussi un pouvoir d’attraction et de rétention des immigrants relativement faible27.

Pourtant, si la croissance démographique en général est lente, on ne peut pas en dire autant du segment autochtone de la province. Le nombre d’Indiens immatriculés, vivant dans les réserves ou non, est passé de 74 095 en 1996 à 90 797 en 2000 – une augmentation de 23%. En janvier 2001 les quelque 143 000 autochtones de la province, immatriculés ou non, représentaient environ 14% de sa population totale d’un peu moins d’un million. La croissance nette de ce secteur est à présent de 5% par an28, et les projections pour 2045 vont de 434 000 à un peu moins d’un million. Même si l’on se rapporte au chiffre le plus bas, les autochtones formeront à cette date environ 32% de la population de la Saskatchewan ; en 1995 ce pourcentage n’était que de 13,3%29.

La population du nord de la province diffère de celle du sud par sa plus grande proportion de Premières Nations (Cri et Déné) et de Métis. Mais les autochtones des deux régions se joignent aux non-autochtones qui affluent dans les principales cités. En 2001, Saskatoon était la zone métropolitaine la plus jeune du Canada à cause de la fécondité de sa vaste population autochtone. Régina avait également une population beaucoup plus jeune que celles des autres cités canadiennes, pour la même raison30.

La chambre de commerce de la Saskatchewan a fait de la croissance démographique une priorité pour la province. Les migrants sont en général jeunes, qualifiés, et en âge d’élever une famille. Le dépeuplement cause une descente économique en vrille qui sappe les fondations des communautés rurales : celles qui restent, proportionnellement plus âgées et plus pauvres que les populations urbaines, luttent pour conserver leurs services de base. Moins d’habitants veut dire moins d’affaires, moins de dollars imposables, et la détérioration des infrastructures. De telles conditions se liguent pour décourager commerces et individus de s’installer dans ces centres, et chassent ceux qui espèrent trouver meilleure fortune ailleurs. Beaucoup sont également attirés par les provinces voisines et la promesse d’un meilleur niveau de vie : en 2001, l’Alberta et le Manitoba avaient un bilan de création d’emploi bien supérieur à celui de la Saskatchewan (64 787, 17 499 et 4 268 respectivement). A cause de son économie moins diversifiée et de sa plus grande dépendance sur l’agriculture et les ressources primaires, la Saskatchewan souffre davantages des marchés appauvris et du bas prix des marchandises que les autres provinces des prairies31. (Voir aussi POPULATION TRENDS)

Une économie agricole en difficulté et le déclin communautaire qui en découle ont alimenté l’exode rural : de plus en plus nombreux sont ceux qui s’installent dans les grands centres, surtout Régina et Saskatoon, où existent de plus grandes possibilités d’emploi. De plus, l’amélioration des transports (TRANSPORTATION) a rendu les grandes communautés plus attrayantes, si bien que les populations rurales font maintenant leurs achats dans les centres régionaux à cause des prix plus bas et du plus grand choix disponible. Ce contournement des petites et moyennes communautés décourage le développement de nouvelles entreprises dans ces centres, qui n’en périclitent que plus rapidement.

Géographie économique

L’économie de la province demeure fortement exportatrice et couvre les industries du secteur primaire traditionnelles (agriculture, foresterie et extraction des minéraux), une manufacture limitée, et un secteur de haute technologie encore modeste mais en expansion, qui se concentre sur la recherche biotechnologique, aérospatiale et pétrolière. Comme partout ailleurs, les secteurs non industriels de l’économie se sont développés davantage que les autres. Le prix des produits de base varie considérablement, mais une diversification croissante a quelque peu compensé ces chutes ainsi que les ventes qui en résultent de temps en temps. La prospérité relative des années 1950, 1960 et 1970 – une période avec quelques déclins, mais en général une croissance modeste – a cédé la place dans les années 1980 à des récessions plus sévères : « La surproduction mondiale de céréales à petits grains, alliée au fait que le GATT n’a pas réussi à restaurer l’ordre sur le marché international, a conduit à plusieurs années consécutives de prix inférieurs au prix de revient »32. Des subventions moindres, un filet de sécurité plus lâche et la suppression du tarif Crow, qui a provoqué une augmentation considérable des frais de transport, ont tous porté atteinte à l’agriculture. Tout ceci a pris place dans un contexte de restructuration globale de l’industrie qui implique un passage de la culture céréalière à une agriculture diversifiée et bétaillère.

Dans la plupart des communautés rurales l’agriculture n’est plus un employeur direct de première importance, et la mécanisation et l’amalgamation des fermes ont fortement réduit la demande pour la main-d’oeuvre agricole. Le nombre de fermes a diminué ; la valeur moyenne des terres arables a chuté ; les revenus fermiers ont diminué par rapport aux revenus dans les autres secteurs ; et le prix du blé a baissé. Les communautés rurales en général, et les fermiers en particulier, font des efforts désespérés pour s’adapter aux réalités de la restructuration mondiale. Alors que les années 1990 étaient assez propices à la Saskatchewan, grâce à la naissance d’une économie nouvelle rendue possible par la diversification agricole, une légère croissance de la manufacture et l’expansion de nouvelles technologies concentrées à Saskatoon et à Régina, des centaines de communautés rurales ont subi un déclin important, et certaines ont même disparu. La Saskatchewan jouit d’un faible taux de chômage – 5,6% en janvier 2004, le troisième au niveau national – mais ceci est dû en partie au départ d’individus qui, s’ils restaient, trouveraient difficilement un emploi33.

Malgré un début de diversification, l’économie provinciale dépend encore des exports primaires et demeure donc fortement influencée par les tendances mondiales (Table 1). En 2001, des exportations totalisant $22 milliards représentaient 73% du produit intérieur brut (PIB) ainsi que 220 000 emplois. Le partenaire commercial le plus important pour la Saskatchewan comme pour le Canada est les Etats-Unis, vers lesquels la province exporta des produits d’une valeur de $6,9 milliards en 200234. Les principaux produits d’exportation – blé, avoine, orge et colza – sont surtout vendus à la côte ouest (Californie, Orégon et Washington), ainsi qu’au Midwest (Illinois et Minnesota). Agriculture Saskatchewan essaie d’étendre ses marchés en Europe, plus particulièrent en Allemagne et au Royaume-Uni, ainsi qu’au Japon35. La sécheresse, la hausse du dollar canadien et l’EBS (maladie des vaches folles) ont récemment fait baisser l’exportation des agri-aliments ; mais il y eut une augmentation de 5% entre 2002 et 2003 grâce à l’exportation d’énergie, de minéraux et de produits industriels, de produits forestiers, et de machinerie36. Au total, les ressources minérales constituent à présent une plus grande proportion de la valeur exportatrice que l’agriculture. A l’avenir, l’agriculture va continuer à se diversifier en faveur du bétail et des porcs, du traitement des céréales en aliments pour humains et animaux, en alcool et en éthanol, et du développement des industries nutraceutiques et dermaceutiques (aliments biologiques, vitamines et minéraux, herbes médicinales).

La plus grande partie du commerce interprovincial de la Saskatchewan prend place avec l’Ontario, les provinces de prairie voisines, et le Québec. A l’exception de la région atlantique et des territoires, la province avait dans les années 1990 des déficits commerciaux avec les principales régions du Canada – un fait qui illustre le caractère relativement sous-développé de ses industries de transformation. Entre 1992 et 1998, l’Ontario était le principal partenaire commercial canadien de la Saskatchewan, avec $2,1 milliards (33%) du total des exportations et $3,9 milliards (37%) des importations interprovinciales. Les principales importations depuis l’Ontario consistent en automobiles, produits pharmaceutiques et alimentaires, et ordinateurs37.

Avec le déclin relatif de l’agriculture, l’exploitation du pétrole et du gaz (OIL AND GAS) joue un plus grand rôle dans l’économie du sud de la province : en janvier 2004, environ 400 compagnies employaient 22 000 personnes dans ce secteur, directement ou indirectement. La Saskatchewan, qui est la deuxième province pour la production de pétrole, fournit 20% du pétrole brut ou équivalent au Canada ; elle est en troisième position pour la production de gaz. Les raffineries de Régina et de Lloydminster valorisent les huiles lourdes et visqueuses qui dominent la production38. La province est aussi le plus grand producteur et exporteur mondial de potasse.

Les industries minières et forestières, si importantes dans la moitié nord de la province, font aussi partie des caractéristiques de l’économie d’après-guerre. La Saskatchewan est le plus grand producteur mondial d’URANIUM, la plus importante exportation du nord ; mais on y exploite également les métaux communs tels que le cuivre, le nickel et le zinc, et les métaux précieux tels que l’or (GOLD) et l’argent. La prospection pour les diamants (DIAMONDS) pourrait à l’avenir conduire à la création de quelques mines. Les ventes totales de minéraux pour 2001 étaient de $2,4 milliards, environ 6% du PIB de la province39. Au cours des années 1960, la demande croissante en papier et autres matériaux provenant du bois produisit une expansion de la foresterie : comme plus de la moitié de la province est boisée, cette industrie injecta en 2003 plus de $750 millions dans l’économie40.

Le développement des industries forestières et minières au nord a perturbé la base géographique des autochtones, et précipité un changement dans les relations entre les sociétés traditionnelles et les non-autochtones qui représentent les intérêts capitalistes provinciaux et extérieurs. De plus en plus, les Premières Nations, les Métis et les non-autochtones, qu’ils soient du nord ou d’ailleurs, travaillent comme salariés dans le secteur primaire. De surcroît, de nombreuses entreprises ont été créées dans le secteur tertiaire grâce aux investissements du gouvernement, des Premières Nations et des corporations ; mais les salaires y sont généralement bas.

Une transition relativement rapide d’une périphérie de chasse et de cueillette à une périphérie industrielle extractrice a pris place dans le nord de la Saskatchewan. Malheureusement, la foresterie et les mines sont sujettes aux caprices du marché mondial : ceci, joint aux fuites multiplicatrices qui caractérisent ces industries, est la cause d’une proportion élevée de chômage et de dépendance. Cette dépendance est exacerbée par le fait que ce sont des intérêts extérieurs qui contrôlent les mouvements de capitaux. En dépit de l’importance traditionnelle de l’extraction et de la production, c’est vers l’industrie du tourisme (TOURISM) que les communautés du nord se tournent pour leur développement, malgré les obstacles considérables causés par l’isolement géographique.

Au fur et à mesure que la population autochtone augmente vis-à-vis du reste des habitants, son rôle dans l’économie provinciale devient plus important. Les accords sur le droit aux terres de traités (Treaty Land Entitlement, ou TLE) fournissent peu à peu les capitaux nécessaires aux Premières Nations pour l’achat de terres et pour les entreprises économiques – un important développement en vue du fait que chez les autochtones la population augmente plus rapidement que le taux d’emploi. Le financement découlant de ces accords est souvent investi d’une manière qui reflète une démarche collective concernant le développement économique. Ceci, selon Robert Anderson, a trois fonctions : « parvenir à l’autosuffisance économique en tant que condition nécessaire à l’autonomie des Premières Nations ; améliorer les conditions socio-économiques de celles-ci ; et préserver et consolider leurs cultures et langues traditionnelles, ainsi que l’application de celles-ci dans les activités de développement »41. Malgré l’accent mis sur la démarche collective, les Premières Nations sont souvent en désaccord au sujet du développement économique, surtout en ce qui concerne la foresterie et les jeux d’argent. Ceux qui ont le sens des affaires et de la politique veulent profiter des opportunités économiques offertes par la société dominante, tandis que les autres considèrent cette attitude comme étrangère à la culture indienne, et préfèrent laisser la terre dans son état naturel et chercher d’autres formes de développement.

Culture et paysages42

Les paysages révèlent et évoquent la personnalité d’un lieu. Pour les géographes, le paysage est plus que les éléments visibles et concrets associés à l’occupation humaine : il est possible de le concevoir comme un texte métaphorique qui, à la façon d’un livre, peut être lu et écrit par des individus et des groupes dans des buts différents et avec de nombreuses interprétations différentes. Pour les géographes, donc, les paysages sont évocateurs d’aliénation, de relations de pouvoir, et de dépendance.

Il existe un certain nombre de paysages culturels qui nous renvoient à cet endroit que l’on appelle la Saskatchewan – symboles et métaphores qui dominent l’expression artistique de la province par l’intermédiaire de nombreux moyens d’expression. L’empreinte visible et perceptuelle de l’humanité qui est le plus étroitement associée à la province, à l’intérieur comme à l’extérieur, est le paysage agricole, où le découpage géométrique en sections triomphe sur la géographie, tout au moins au sud. Traditionnellement, cette dernière région était parsemée de fermes isolées -- le résultat d’un système visant à la colonisation rapide et pensant peu aux conséquences d’un tel isolement. Le paysage était aussi, et dans une certaine mesure est toujours, entrecoupé de colonies agricoles dans lesquelles divers groupes ethnoculturels (par ex. Ukrainiens, Allemands) et ethno-religieux (par ex. Hutterites, Mennonites) préservent leur culture et leur mode de vie communautaire (voir ETHNIC BLOC SETTLEMENTS).

La Saskatchewan est peuplée d’individus provenant de plus de cinquante souches ethniques et raciales. Au cours du recensement de 2001, 963 150 Saskatchewaniens déclarèrent les origines ethniques énumérées dans la Table 2. Les empreintes laissées par ces groupes ethniques sur le paysage culturel – parfois frappantes, mais le plus souvent subtiles – sont révélées par l’architecture, le langage, la RELIGION et les vêtements, et aussi par les styles de colonisation. A peu d’exceptions près, l’ethnicité est davantage visible dans les régions rurales, où les sites et bâtiments étroitement associés aux divers groupes ethniques ressortent clairement à cause de la faible densité de la population environnante.

Tandis que la partie rurale du sud de la Saskatchewan se définit surtout par un paysage agricole, la partie nord, en dépit de l’importance de ses mines de potasse et de la croissance de son économie énergétique, est caractérisée par un milieu naturel plus sauvage et une faible population éparse. Cependant, l’empreinte humaine est encore en évidence dans la forêt boréale. Le nord possède une topographie variée qui remet en question les clichés de prairie sans relief. La foresterie et sa production de pâte et de papier, ainsi que l’uranium et les activités associées, ont donné naissance à des structures et des communautés qui parfois ont une courte durée de vie (par ex. URANIUM CITY). L’exploitation qui accompagne ces actrivités primaires a profondément affecté le paysage naturel, mais on constate aussi des efforts récents pour injecter des principes de durabilité dans ces développements modernes.

L'église grecque orthodoxe ukrainienne de St. Elia, construite en 1953, est un site bien connu du centre-sud de la Saskatchewan, situé à Wroxton, à environ 40 km à l'est de Yorkton. Ses clochers en forme de bulbes reflètent l'ethnicité de sa communauté.
David McLennan

La communauté, considérée comme lieu et comme valeur, est le symbole que l’on associe le plus souvent avec le paysage rural. Pourtant celui-ci n’est plus en sécurité, et s’est transformé en un paysage-relique d’abandon, jonché de squelettes de maisons, et aussi de granges, écoles, commerces et gares vides d’humains et d’animaux.

Les cités présentent un certain nombre de paysages culturels différents qui reflètent les phases successives du développement capitaliste. Régina et Saskatoon sont rapidement devenues des centres de services, mais ni l’une ni l’autre n’ont développé une base industrielle sérieuse : il en ressort que le paysage industriel si prédominant dans les grands centres de l’Amérique du Nord n’y est pas en évidence, à l’exception de la raffinerie et de l’aciérie de Régina. Dans les deux cités, le paysage actuel évoque ce qu’on appelle l’ère post-fordienne du capitalisme, dans laquelle les usines sont petites et plus flexibles dans leurs méthodes de production. De surcroît, la recherche et le développement se poursuivent dans les parcs technologiques (RESEARCH PARKS) des deux universités.

Cette banque et ce poste de pompiers à Liberty constituent un exemple de paysage-relique d'abandon en Saskatchewan.
David McLennan

Ces changements dans le paysage urbain invitent à réfléchir sur ce que ces endroits sont en train de devenir. On constate bien sûr la construction de paysages qui sont de plus en plus distants de l’environnement et de l’histoire de la région. Il semble que toutes les cités – pas seulement celles de la Saskatchewan – sont envahies par des développements (par ex. centres commerciaux, restaurants rapides, chaînes d’habillement) calqués sur un modèle national et bien souvent américain, et donc insensibles aux caractéristiques culturelles et visuelles locales. Ces développements suggèrent l’efficacité propre à une société dominée par l’automobile, mais beaucoup pensent qu’ils déparent le paysage. L’expansion continuelle du capitalisme s’accompagne d’une tendance à l’homogénéité, illustrée par les vastes commerces « en boîte » (par ex. Wal-Mart, Home Depot) qui dominent à présent les banlieues. Ce type de développement prend place aux dépens des quartiers commerciaux du centre-ville, et le délabrement qui en résulte est évident dans le nombre de bâtiments inoccupés.

Parc technologique, Université de Régina.
University of Regina, Photography Department

Le paradoxe le plus frappant dans le caractère culturel de la Saskatchewan est celui qui existe entre les sociétés autochtone et non autochtone. Les énormes changements sociaux qu’ont subi les peuples autochtones sont reflétés dans les paysages ruraux et urbains. La réserve indienne peut être interprétée comme un paysage de ségrégation, le résultat d’un processus colonial de subjugation et d’une idéologie raciste ; d’un autre côté, on peut la voir comme un paysage de congrégation, un endroit où l’identité culturelle est assurée, de façon ironique, par l’isolement géographique et social. Peu importe l’interprétation, la réserve est en général un lieu de pauvreté : le système impliqué isole les individus de l’économie dominante, ce qui a le plus souvent des répercussions sociales tragiques.

De plus en plus, les groupes autochtones de la province quittent la pauvreté de leurs réserves pour trouver des emplois dans les cités, si bien qu’aujourd’hui plus de la moitié de la population autochtone réside dans les zones urbaines. Mais si villes et cités abritent la majorité des autochtones et des Métis, le paysage urbain reflète bien peu leur traditionnel style de vie rural. Beaucoup de ceux qui ont quitté la réserve ont certes profité des « avantages » de la vie urbaine – entre autres, meilleur accès à l’emploi et à l’éducation, meilleurs logements, transports et communications – mais pour bien d’autres le cycle de la pauvreté continue. Les conditions de logement chez les autochtones sont souvent au-dessous des normes de sécurité et de santé, et la population se trouve fréquemment isolée dans des ghettos urbains. Pourtant le paysage autochtone urbain subit des changements : le droit aux terres de traités a permis l’achat d’un certain nombre de réserves urbaines offrant de meilleures opportunités de développement économique. Le récent campus de l’Université des Premières Nations du Canada (FIRST NATIONS UNIVERSITY OF CANADA) à Régina en est le témoin, et symbolise un nouveau genre de paysage où les autochtones ne se sentent plus des étrangers.

Conclusion

Cette vue d’ensemble a surtout porté sur la nature complexe et dynamique de la Saskatchewan : ses divers paysages et écosystèmes, et sa société dans laquelle diverses races et cultures sont entremêlées. La vraie Saskatchewan n’est plus rurale, dominée par les champs de blé et les petites villes : elle est en train de subir des transformations économiques, sociales, culturelles et politiques. Les emblèmes traditionnellement associés avec la province ne reflètent plus ce qu’elle est en train de devenir. C’est maintenant un lieu de dualités : autochtone/non-autochtone, urbain/rural, prairie/forêt, sud/nord. Dans ce contexte, le mythe d’un avenir sans limites, promis historiquement par la propagande pour « Un jardin d’Eden » et « La dernière parcelle de l’Ouest », doit être juxtaposé avec la réalité présente et future d’une province dont le développement sera toujours confronté par des défis géographiques, démographiques, économiques, sociaux et politiques.

Notes

1. Joel Garreau, dans The Nine Nations of North America (Boston : Houghton Mifflin, 1981), a placé le sud de la Saskatchewan au sein d’une grande nation nord-américaine qu’il appelle le « panier à pain », et le reste de la province dans une nation internationale qu’il appelle le « quartier vide ». Dans la première, le sud est associé aux plaines du nord de l’Amérique, aux états du Midwest les plus au nord, et au sud du Manitoba et de l’Alberta, parce que chaque région de cette « nation » possède une économie renouvelable et un secteur agricole productif. Dans la seconde, le reste de la province est associé au centre et au nord du Manitoba et de l’Alberta, ainsi qu’aux états montagneux de l’ouest de l’Amérique à cause d’une faible population, de riches ressources énergétiques, et de vastes étendues sauvages.2. David Gauthier and Ed Wiken, “Ecoregions of Saskatchewan.” In Peter Jonker, John Vandall, Lawrence Baschak and David Gauthier (eds.), Caring For Homeplace: Protected Areas and Landscape Ecology (Saskatoon and Regina: University Extension Press and Canadian Plains Research Center, 1997), 4.

 

3. L’information concernant les milieux physiques de la Saskatchewan provient principalement de: Gauthier and Wiken, “Ecoregions of Saskatchewan”; Jeffrey Thorpe, “The Life: Vegetation and Life Zones.” In Henry Epp (ed.), Three Hundred Prairie Years: Henry Kelsey’s “Inland Country of Good Report” (Regina: University of Regina, Canadian Plains Center, 1993), 11–16.

4. David Meyer, “People Before Kelsey: An Overview of Cultural Developments.” In Epp, Three Hundred Prairie Years, 54–73.

5. Ibid., 70–71.

6. “Human History in Far Northern Saskatchewan” (February 17, 2004): 2–4. Canoe Saskatchewan Site: http://www.canoesaskatchewan.rkc.ca/.

7. Arthur J. Ray, “Some Thoughts About the Reasons for Spatial Dynamism in the Early Fur Trade, 1580–1800.” In Epp, Three Hundred Prairie Years, 115.

8. Paul Thistle, “Dependence and Control: Indian-European Trade Relations in the Post-Kelsey Era.” In Epp, Three Hundred Prairie Years, 128–29.

9. Arthur J. Ray, Indians in the Fur Trade: Their Role as Hunters, Trappers and Middlemen in the Lands Southwest of Hudson Bay, 1660–1870 (Toronto: University of Toronto Press, 1974), 147.

10. Thistle, “Dependence and Control,” 129.

11. James Dempsey, “Effects on Aboriginal Cultures Due to Contact with Henry Kelsey.” In Epp, Three Hundred Prairie Years, 135.

12. Barry Potyondi, In Palliser’s Triangle: Living in the Grasslands, 1850–1930 (Saskatoon: Purich Publishing, 1995), 39.

13. Douglas Owran, Promise of Eden : The Canadian Expansionist Movement and the Idea of the West, 1856-1900 (Toronto: University of Toronto Press, 1992), 65. Une étude perspicace des expéditions scientifiques britanniques et canadiennes est offerte par John Warkentin, qui dans son livre intitulé The Western Interior of Canada (Toronto : McClelland and Stewart, 1964) présente des extraits des journaux de Palliser, Hind et Dawson, ainsi que des écrits laissés par d’autres explorateurs de la région entre 1612 et 1917.

14. Une grande partie de cette discussion est tirée de R.W. Widdis, With Scarcely A Ripple: Anglo-Canadian Migration into the United States and Western Canada, 1880–1920 (Montreal and Kingston: McGill-Queen’s University Press, 1998), 290–336.

15. John Culliton, “Assisted Emigration and Land Settlement,” National Problems of Canada, Economic Studies 9 (Montréal: McGill University, 1928), 23.

16. John Archer, Saskatchewan: A History (Saskatoon: Western Producer Prairie Books, 1980), 81.

17. Ibid., 84–98.

18. Minister of the Interior, Immigration Facts and Figures (Ottawa: King’s Printer, 1910).

19. Les colons devaient payer $10 de frais de concession et défricher un nombre minimum d’acres au cours de leurs trois premières années, avant d’être finalement enregistrés.

20. Dirk Hoerder, Creating Societies: Immigrant Lives in Canada (Montréal and Kingston: McGill-Queen’s University Press, 1999), 158.

21. Jack C. Stabler and M. Rose Olfert, Saskatchewan’s Communities in the 21st Century: From Places to Regions (Regina: Canadian Plains Research Center, 2002), 1.

22. Donald Swainson, “Canada Annexes the West: Colonial Status Confirmed.” In R. Douglas Francis and Howard Palmer (eds.), The Prairie West: Historical Readings (Edmonton: Pica Pica Press, 1985), 120.

23. Potyondi, In Palliser’s Triangle, 42.

24. Tom Flanagan, “From Riel to Reform: Understanding Western Canada.” Working paper of the fourth annual Seagram Lecture, McGill Institute for the Study of Canada (1999), 2.

25. Stabler and Olfert, Saskatchewan’s Communities, 2.

26. Ce taux de dépendance est la proportion de personnes âgées de plus de 65 ans par rapport à la population totale.

27. Doug Elliott, Demographic Trends in Saskatchewan (Regina: Saskatchewan Intergovernmental and Aboriginal Affairs, 2003), v–viii.

28. Mario DeSantis, “The Aboriginal People are our Forgotten People” (2001): http://www.ftlcommm.com.

29. No author, “The Impact of Saskatchewan’s Growing Aboriginal Community.” Saskatchewan Indian 30, no. 2 (2000): 18. http://www.sicc.sk.ca/saskindian.

30. Andrew Ehrkamp, “Aboriginal Population Growing.” Regina Leader-Post (Wednesday January 22, 2003).

31. Ibid.

32. Stabler and Olfert, Saskatchewan’s Communities, 3.

33. Government of Saskatchewan, The Saskatchewan Economy (February 16, 2004): http://www.ir.gov.sk.ca

34. Ibid.

35. Saskatchewan Agriculture, Food and Rural Revitalization (Regina: Saskatchewan Agriculture, 2002): http://www.agr.gov.sk.ca

36. Export Development Canada, http://www.edc/ca/docs/news/2003.

37. Trade Patterns and the Economy of the Northern Great Plains: A Baseline Report (2000): http://www.tnt.ngplains.org.

38. Government of Saskatchewan, The Saskatchewan Economy.

39. Customs Brokers, International Trade Bulletin (February 17, 2004): http://www.pcb.ca

40. Ibid.

41. Robert Anderson, The Business Economy of the First Nations in Saskatchewan: A Contingency Perspective (Regina: School of Business and Public Administration, Saskatchewan Indian Federated College, n.d.), 310–11.

42. Une grande partie de cette discussion est tirée de Randy Widdis, “Place, Placelessness, and Placemaking as Evidenced in Saskatchewan’s Cultural Landscape.” In Jonker et al., Caring For Homeplace, 19–26.

Contributor: Randy Widdis
Translated By: Patrick Douaud

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