By: Ken Horsman
Avant l’arrivée des missions, les Premières Nations observaient leurs coutumes traditionnelles : il n’y avait pas d’école proprement dite–le groupe entier en tenait lieu–et le système éducatif consistait à imiter les adultes. On ne considérait pas que les enfants appartenaient à leurs parents, mais au contraire qu’ils étaient prêtés par le Créateur ; ils ne recevaient pas de châtiment corporel, et étaient rarement punis ou réprimandés. Les pratiques spirituelles formaient une part importante de l’éducation et de la maturation des enfants. Henry Budd, le premier autochtone en Amérique du Nord à avoir reçu l’ordination dans l’Eglise anglicane, fonda la première école à Cumberland House en 1840. Depuis cette date jusqu’en 1884, l’année du Règlement pour l’organisation des écoles du Nord-Ouest, l’éducation consista en un mélange de coutumes autochtones, d’enseignement missionnaire, et d’un petit nombre d’écoles établies par les immigrants.
Les Traités No. 2, 4 et 6, signés respectivement en 1871, 1874 et 1876, couvraient environ la moitié sud de la Saskatchewan actuelle ; les Traités 8 et 10, signés en 1899 et 1906, couvraient la plus grande partie du nord de la province. Ces traités comportaient des clauses qui engageaient le gouvernement fédéral à fournir des écoles aux réserves ; cet engagement fut lentement mis en application, mais bientôt le gouvernement changea de direction en Saskatchewan et ailleurs. Cette promesse faite aux autochtones devint alors le mandat des pensionnats techniques religieux qui, modifiés en 1923, prirent le nom d’écoles résidentielles. Les Français furent les premiers à établir ce type d’école au Canada au début des années 1700, mais c’est grâce à un rapport de Nicholas Flood Davin, rédigé en 1879, que Sir John A. Macdonald décida d’appuyer la fondation d’écoles techniques au Canada. Ce Rapport sur les écoles techniques pour Indiens et Métis conseillait aussi l’inclusion des Métis dans les écoles fédérales, mais cette politique eut une application irrégulière, et en 1910 le gouvernement fédéral y mit fin.
Les écoles techniques étaient censées offrir l’enseignement scolaire, les habiletés pratiques, la socialisation et la formation religieuse. L’enseignement scolaire mettait l’accent sur l’anglais, et son personnel avait pour mission de s’assurer que les écoliers ne parlaient pas leur première langue. Les autres sujets comprenaient l’histoire, la musique, le dessin et l’arithmétique, ainsi que la lecture et l’écriture. Les cours pratiques pour filles comprenaient la cuisine, le nettoyage, la confection et l’industrie laitière ; pour les garçons, la menuiserie, la cordonnerie, l’agriculture, la forge et l’imprimerie. La culture anglaise supplantait la culture autochtone. Le rôle des écoles techniques et résidentielles, qui était d’enlever les enfants autochtones à leur milieu culturel et d’établir un processus d’acculturation et d’assimilation, se trouva renforcé depuis 1879 jusqu’à bien après 1948. En juin de cette année-là, un comité de la Chambre des communes canadienne et du Sénat conclut que les enfants autochtones recevraient de meilleurs soins à la maison et une meilleure éducation dans des écoles avec des Blancs ; il fallut cependant encore 38 ans, jusqu’en 1986, pour que la participation du gouvernement fédéral aux écoles résidentielles prenne fin.
La politique consistant à utiliser les écoles résidentielles comme outils d’assimilation fut remplacée en 1948 par une politique d’intégration. Il fallait donc des conventions collectives avec les conseils scolaires en existence, par lesquelles ces derniers offraient leurs services éducatifs aux Premières Nations en échange de paiements provenant du gouvernement fédéral. Bien qu’ouvrir des écoles fédérales dans les réserves soit demeuré une possibilité et que les écoles résidentielles aient continué d’opérer, la préférence alla à l’intégration des élèves autochtones aux écoles provinciales. Cette politique d’intégration fut remplacée dans les années 1990 par un programme de construction d’écoles dans les réserves.
L’Acte de l’Amérique Britannique du Nord de 1867 (BNA Act) fit du Canada une nation indépendante au sein de l’Empire britannique. Pour ce qui est de l’éducation, trois points sont à retenir. Premièrement, l’Acte rendait le gouvernement fédéral responsable des Premières Nations (Section 91) ; deuxièmement, il faisait de l’éducation une responsabilité provinciale (Section 93) ; et enfin il imposait des limites aux lois provinciales en ce qui concernait les écoles confessionnelles, séparées, et dissidentes (en désaccord avec les opinions majoritaires ou officielles). Le BNA Act donnait également au parlement canadien le pouvoir de casser une loi provinciale qui semblerait violer le droit d’existence de ces écoles (Section 93).
La Saskatchewan, qui ne faisait pas partie des provinces fondatrices, demeura responsabilité fédérale jusqu’en 1905. Le Canada passa la Loi sur les Territoires du Nord-Ouest, qui prévoyait un gouvernement territorial composé d’un Conseil et d’un lieutenant-gouverneur, lesquels seraient responsables de l’éducation. La Loi établissait aussi des districts électoraux (mais pas scolaires) permettant à la majorité des contribuables de fonder des écoles, à la minorité soit catholique soit protestante de fonder des écoles séparées, et à tous d’évaluer leur capacité à gérer des écoles. L’enseignement serait en anglais ou en français, selon les voeux des contribuables.
En 1881, les écoles des Territoires du Nord-Ouest bénéficiant de la présence journalière de quinze étudiants au minimum reçurent du parlement canadien la moitié du salaire de l’enseignant. C’était le premier soutien financier à l’éducation que recevaient les Territoires : auparavant, les coûts étaient défrayés par les églises, les paroisses ou les contribuables.
La première loi scolaire, intitulée « Règlement sur l’organisation des écoles des Territoires du Nord-Ouest » et passée en 1884, stipulait l’organisation des districts scolaires comme entités séparées des districts électoraux. Chaque district devait couvrir une superficie minimum de 36 milles carrés et avoir au moins dix enfants d’âge scolaire. Les premiers districts scolaires établis en 1884 furent Moose Jaw (#1), Qu’Appelle (#2), Prince Albert (#3) et Régina (#4).Un Conseil scolaire territorial fut également créé, comprenant deux sections, l’une catholique et l’autre protestante, qui avaient le pouvoir d’administrer leurs écoles respectives. Leur administration portait donc sur l’accréditation des enseignants, les livres de classe, et les inspecteurs ; les conseils scolaires recrutaient les enseignants et levaient des impôts. En 1892 le Conseil de l’éducation fut restructuré et devint le Conseil de l’instruction publique, et en 1901 il fut de nouveau modifié pour devenir le premier Ministère de l’éducation, dirigé par un membre du Conseil territorial avec le soutien du Conseil de l’éducation. Lorsque la Saskatchewan, devenue province, adhéra à la Confédération le premier septembre 1905, les bases du système éducatif avaient déjà été jetées. Calqué sur l’Ontario, ce système prévoyait : l’éducation comme responsabilité provinciale ; des districts scolaires couvrant une petite région géographique ; des conseils d’administration élus localement et chargés de lever les impôts, de recruter les enseignants et de gérer les écoles ; et une structure administrative professionnelle centralisée, appelée aujourd’hui Ministère de l’apprentissage, dont le but était de déterminer ce qu’il fallait enseigner, d’en assurer le financement, et de maintenir un système de conduite des affaires. Pendant les années 1800 les écoles avaient pour mission de fournir une éducation de base et une influence sociale, ainsi que de développer la culture britannique chez les Canadiens tout en faisant face à la diversité ethnique. L’éducation postsecondaire resta négligée jusqu’en 1905.
Le rôle de la religion et de la langue à l’école avait été un objet de discussions bien avant que le Canada ne devienne une colonie britannique. Le système éducatif de la Saskatchewan a été fortement influencé par ce qu’il est convenu d’appeler la question scolaire du Manitoba : étant donné la nature de la population de cette province et les stipulations de l’Acte de l’Amérique Britannique du Nord, la Loi du Manitoba de 1870 avait fondé la province et accordé un statut officiel à l’anglais et au français, ainsi qu’aux écoles confessionnelles. Avec les migrations, la population du Manitoba devint vite moins catholique et moins francophone ; ceci arriva si rapidement que vingt ans seulement après la fondation de la province, 1890 vit l’abolition des écoles confessionnelles séparées et du français comme langue officielle. Cette action prit la forme d’une controverse nationale qui aboutit, par l’intermédiaire du premier ministre Sir Wilfrid Laurier, à un compromis donnant aux catholiques le droit d’établir des école séparées, sans toutefois le bénéfice d’un financement public ; l’enseignement pouvait être donné en français là où au moins dix élèves parlaient français ou toute langue autre que l’anglais.
La Saskatchewan et l’Alberta se préparèrent à joindre la Confédération en 1905. Forts de l’expérience du Manitoba, les catholiques adressèrent de telles protestations au gouvernement fédéral que la Loi de la Saskatchewan de 1905 prit des dispositions pour des écoles séparées, catholiques et protestantes, ainsi que l’avait fait le règlement de 1884. La Loi de 1907 sur l’éducation secondaire ne prévoyait pas d’écoles séparées au niveau secondaire ; ceci ne fut amendé qu’en 1963. Pour ce qui est de la langue d’enseignement, l’adoption de la Loi de la Saskatchewan de 1905 conservait le droit d’instruction dans une langue autre que l’anglais, mais il n’existait pas de clause concernant une éducation francophone aux frais du public. Avec le temps, la législation devint plus restrictive à l’égard des langues autres que l’anglais à l’école. Une loi fut adoptée en 1918 qui faisait de l’anglais la seule langue d’enseignement, sauf pour les élèves francophones au cours de leur première année scolaire, et permettait aux districts scolaires de n’offrir le français que comme sujet d’étude. D’autres restrictions virent le jour en 1931 lorsque des changements législatifs supprimèrent le français comme langue d’enseignement pendant la première année ; cette situation demeura en place jusqu’en 1967, année qui inaugura une série d’amendements s’échelonnant jusqu’en 1978. Ces changements prévoyaient entre autres des classes d’immersion en français ainsi que des écoles désignées, gérées par les divisions scolaires en existence, où le français serait la langue d’enseignement. Les choses se précipitèrent avec la Loi sur les langues officielles de 1969 et l’apport d’un soutien financier de la part du gouvernement fédéral, qui facilita la rapide croissance des classes d’immersion et des écoles désignées pendant les années 1970 et 1980. L’enseignement dans d’autres langues, parmi lesquelles l’ukrainien et certaines langues autochtones, connut également un début de développement. En réponse aux garanties accordées aux langues minoritaires par la Charte des droits et libertés de la Loi constitutionnelle de 1982, le gouvernement de la Saskatchewan entreprit de mettre en place un système scolaire pour la minorité francophone. En 2005, plus de 1 000 élèves se trouvaient inscrits dans douze écoles ou programmes dirigés par la Division scolaire francophone.
Avant 1907, on se servait en Saskatchewan du terme « standard » pour indiquer le niveau d’études des élèves. Le tableau suivant compare le système actuel avec l’ancien.
A la fin du 19ième siècle, la plupart des élèves complétaient le Standard I ou II (années 3 à 6). On classait les enseignants selon leur niveau d’éducation : les enseignants de troisième classe avaient atteint le Standard VI (environ 9ième année) ; ceux de deuxième classe le Standard VII (10ième année) ; et ceux de première classe le Standard VIII (11ième année). Le système éducatif des années 1880 se préoccupait donc surtout de conférer une éducation de base à autant d’enfants que possible, et d’utiliser les grands élèves comme enseignants.
Le Règlement sur les écoles de 1888 fut le premier à se servir du terme « high school » (secondaire) et à stipuler dans quelles conditions l’enseignement secondaire devrait prendre place. Ce Règlement mettait des subventions à la disposition des écoles répondant à un certain nombre de condtions portant sur les effectifs, les qualifications professionnelles des enseignants, et l’aptitude des élèves à passer l’examen d’entrée du Conseil de l’éducation. Il permettait également à deux districts scolaires adjacents d’établir des « écoles d’union », qu’ils géreraient conjointement : ceci leur permettait d’assembler assez d’élèves pour avoir droit à la subvention pour écoles secondaires. Les premières écoles d’union des Territoires furent créées à Régina et Calgary en 1889.
En 1895 l’agriculture était devenue un élément de l’éducation, et cette année-là le Conseil de l’instruction publique adopta un programme d’études comprenant un cours intitulé « Découverte de la nature et agriculture » pour élèves des Standards I à V. Les sujets traités allaient de la simple observation de la nature, pour les petites classes, à l’ensemencement du sol, les soins à apporter aux animaux, la destruction des mauvaises herbes, l’utilisation des engrais et autres sujets pratiques, pour les classes supérieures. Un sujet intitulé « Formation manuelle », offert par certaines écoles, traitait de la menuiserie, du découpage en carton ou en carte Bristol, et de la pâte à modeler. En 1901, un peu plus de 2% de la population scolaire, soit 514 élèves, étaient en enseignement secondaire. Les subventions encourageaient certes l’éducation secondaire, mais la Saskatchewan était encore une communauté agricole : on considérait donc que la mission de l’éducation secondaire était de préparer des enseignants, ou bien de pourvoir aux riches ou aux intellectuellement doués qui poursuivraient un niveau universitaire. Les inscriptions demeuraient donc faibles.
Tant que les écoles n’offraient qu’une éducation élémentaire, les difficultés étaient surmontables, si bien que des milliers d’écoles surgirent un peu partout dans la province. Mais avec l’intérêt accru pour l’éducation secondaire commença la consolidation des districts scolaires. La législation de 1888 fut la première à mentionner les écoles secondaires ; elle autorisa également la création d’écoles d’union sur la base de deux districts scolaires ou plus. La Loi sur l’enseignement secondaire, votée deux ans après que la Saskatchewan soit devenue une province, prévoyait des subventions aux écoles secondaires et institutions affiliées ; les écoles rurales pouvaient dispenser un enseignement secondaire dans des salles complémentaires, sans toutefois obtenir le statut d’écoles secondaires. Ces dispositions n’incitaient pas à dispenser un enseignement secondaire en dehors des centres urbains. De 1906 à 1911, le nombre de districts scolaires en Saskatchewan passa de 1 190 à 2 546 ; en 1916 il était de 3 873. La législation sur l’enseignement secondaire, l’augmentation des inscriptions à l’élémentaire, et le milieu pionnier contribuèrent au déclin du pourcentage d’inscriptions au secondaire entre 1906 et 1911 ; et même en 1916, moins de 6% de la population scolaire fréquentaient les écoles secondaires.
En 1917, la Loi sur la scolarité rendit l’école obligatoire : si les enfants n’avaient pas complété leur 8ième année, la scolarité était requise pour ceux âgés de 7 à 12 ans habitant à moins de 2,5 miles de l’école, et pour ceux âgés de 13 et 14 ans habitant à moins de 3,5 miles de celle-ci. En 1964 la scolarité obligatoire monta à 16 ans. Il se produisit une crise en éducation avant même que la Saskatchewan n’ait dix ans. A cette époque, beaucoup en Amérique du Nord considéraient que l’éducation ne suivait pas le rythme du progrès de la société moderne ; en réponse à cette inquiétude, le premier ministre de la Saskatchewan, Walter Scott, déclara le 30 juin 1916 jour férié pour permettre aux citoyens de discuter ce problème. Le gouvernement recruta Harold W. Foght, un spécialiste de l’éducation rurale au Bureau d’éducation de Washington, DC, pour enquêter sur le système éducatif de la province. Foght remit son rapport le 20 janvier 1918 ; celui-ci contenait 53 recommandations, couvrant tous les aspects du système primaire-secondaire, y compris la formation des enseignants. Il demandait des changements radicaux : la consolidation des districts scolaires sur la base des municipalités, l’expansion de l’éducation secondaire à tous les aspects du système, la réduction du système d’examens, et la modification du curriculum de façon à inclure l’enseignement professionnel. La consolidation des districts ne fut pas mise en oeuvre immédiatement, mais la question subsista : pendant toutes les années 1920, les enseignants firent pression pour obtenir une telle réorganisation. Le gouvernement encouragea celle-ci par ses législations de 1912, 1928 et 1940, mais avec peu de résultats.
Après l’élection au gouvernement du Parti social démocratique, Woodrow Lloyd (un ancien président de la Saskatchewan Teachers' Federation) devint Ministre de l’éducation, et la Loi sur l’agrandissement des unités scolaires fut passée à la fin de 1944. Elle s’éloignait de la démarche volontaire et habilitait le ministre à établir de plus grandes unités scolaires. L’unité administrative de base en vint à inclure plusieurs districts. Bien que le gouvernement ait adouci sa position pour faire quelques exceptions, quarante-six unités plus importantes existaient dès 1946, et une carte prévoyait la création de soixante autres dans les régions rurales. La législation de 1944 avait répondu à la demande de consolidation. L’explosion démographique des années 1950 et 1960 ainsi que la plus grande disponibilité de l’éducation secondaire orientèrent les discussions vers d’autres sujets pendant près de quarante ans. Cependant, les inscriptions commencèrent à baisser au début des années 1970, et les demandes de changement en matière d’autorité se firent plus nombreuses à la fin des années 1970 et au début des années 1980. La situation de l’éducation en Saskatchewan de 1970 à 1990 était caractérisée par la baisse des inscriptions, et par la montée des espérances et des coûts ; en conséquence, le gouvernement chargea Murray Scharf, Doyen de l’éducation à l’Université de la Saskatchewan, et Hervé Langlois, sous-directeur à la Division scolaire #13 de Saskatoon, d’examiner la conduite des affaires scolaires.
Leur rapport, en 1991, recommandait un plus grand avoir net dans le système financier, ainsi qu’une réduction du nombre de divisions scolaires au tiers du chiffre pour 1990. Le gouvernement poursuivit une politique de prudence, et après de nombreuses consultations annonça une restructuration en 1996 ; on s’attendait à une fusion des conseils scolaires, mais celle-ci demeurait volontaire. Malgré tout, le nombre de divisions scolaires passa de 120 en 1996 à 82 en 2004. En 2003, le gouvernement créa la Commission Boughen, chargée d’examiner le niveau élevé de l’impôt foncier – laquelle recommanda une réduction de cet impôt et du nombre de divisions scolaires. En mai 2004, le Ministre de l’éducation annonça son intention de restructurer les divisions scolaires et de mettre en place un groupe de travail chargé d’en dresser une nouvelle carte. Ce groupe, présidé par Fred Herron, remit son rapport en novembre 2004 ; le Ministre de l’apprentissage accepta une recommandation de réduire à 34 le nombre de divisions scolaires, et prit les mesures nécessaires pour que ceci soit accompli le 1er janvier 2006. La restructuration des écoles confessionnelles minoritaires (catholiques séparées) va probablement réduire le nombre total de divisions à 30.
Le Règlement de 1888 qui prévoyait des subventions aux écoles secondaires d’union permettait également à ces dernières d’établir des département chargés de la formation d’enseignants. Comme il n’existait auparavant aucun programme officiel, les enseignants provenaient de l’extérieur des Territoires ou bien étaient recrutés parmi les élèves des classes supérieures. Le nom d’école normale désigne un endroit où les étudiants apprennent les normes nécessaires à l’enseignement. En Saskatchewan, établir des départements « normaux » dans les écoles d’union voulait dire réserver une salle où les élèves apprendraient à devenir des enseignants. Les premiers cours ainsi offerts en 1888 s’intitulaient « La science de l’enseignement » et « La loi scolaire ». Il existait une vaste demande pour les enseignants, aussi le Conseil de l’éducation décida-t-il en septembre 1890 d’offrir des cours d’école normale, appelés « sessions locales », dans tout centre où dix étudiants au moins en faisaient la requête. Une fois lancées, ces sessions locales étaient en général offertes un couple de mois chaque année, et visaient les étudiants entamant le programme de certificat de troisième classe (équivalent à environ la 9ième année). Souvent ensignées par des inspecteurs d’écoles, ces sessions furent offertes dans une douzaine de centres dans toute la province et fournirent un minimum de formation au fur et à mesure qu’augmentait la demande pour les enseignants. La dernière session locale fut offerte en 1928. La pénurie d’enseignants fut remplacée par un excédent au cours des années 1930, et le problème ne se représenta pas avant les années 1950. Dans les années 1960, on recommença à recruter les enseignants à l’étranger.
En automne 1893, l’école normale de Régina commença à offrir ses cours à partir de l’Alexandra School. Quand un nouvel espace la remplaça en janvier 1914, l’école normale de Saskatoon avait déjà ouvert ses portes en 1912. Celle de Moose Jaw ouvrit en 1927. L’école normale de Régina ferma en 1944, mais rouvrit en 1957 pour absorber les étudiants de Moose Jaw, où l’école normale avait fermé afin d’héberger l’Institut technique de la Saskatchewan. En 1953, les écoles normales de Saskatoon et de Moose Jaw devinrent des instituts universitaires, et afin d’imposer un système de formation des maîtres davantage basé sur l’université, la Loi concernant l’éducation et la formation des enseignants fut passée en 1964. Elle éliminait le terme « école normale » et intégrait tous les programmes de formation des maîtres au Collège d’éducation de l’Université de la Saskatchewan, sur les campus de Saskatoon et de Régina. Cette situation resta en place jusqu’à ce que les programmes de formation des enseignants autochtones et métis soient développés en 1972.
Beaucoup croient qu’il n’existait pas d’université en Saskatchewan avant que celle de Saskatoon soit établie en 1907. Techniquement, ceci est incorrect. En 1883 le gouvernement du Canada avait accordé à Monseigneur McLean, évêque de l’archidiocèse anglican de la Saskatchewan à Prince Albert, une charte de dominion marquant la création de l’Université de la Saskatchewan. L’Eglise anglicane dirigeait également le Collège Emmanuel de Prince Albert, censé faire partie de la nouvelle Université ; mais ce projet ne se matérialisa pas. En 1903, F.W.G. Haultain, premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, proposa la fondation d’une unique université, laïque et financée par l’état, mais libre du contrôle de ce dernier. Haultain était convaincu que les querelles entre confessions n’avaient pas plaidé la cause du savoir dans le système à prédominance confessionnelle de l’est du Canada, et voulait donc que la nouvelle Université soit neutre. La création de cette université fit partie de la plate-forme électorale en 1905, et le vainqueur, Walter Scott, s’en fit une priorité.
Juillet 1907 vit l’entrée en vigueur de la Loi sur l’Université, qui accordait à une unique université le droit exclusif d’accorder des diplômes universitaires, sauf en matière de théologie. Cette exception visait à satisfaire le Collège Emmanuel de Prince Albert : comme celui-ci était techniquement le détenteur de la charte concernant l’Université de la Saskatchewan, l’Eglise anglicane et le Collège Emmanuel conservaient le droit de conférer des diplômes religieux, mais renonçaient aux autres disciplines. En 1909, le Collège Emmanuel fut transféré à Saskatoon, où il devint le premier séminaire affilié avec la nouvelle université. Les premières mesures pour établir celle-ci consistèrent à élire un sénat (sa première réunion eut lieu le 13 novembre 1907) et à choisir un président : Walter Murray fut nommé, et entra en fonctions le 20 août 1908.
Le conseil d’administration comprit rapidement que l’agriculture représentait la base économique de la province et devait être mise en valeur – ce qui fut bientôt fait. Walter Murray fut président pendant les années de croissance allant de 1908 à 1937. Après avoir défini le caractère fondamental de l’Université, il fallait en choisir l’emplacement : Régina, Saskatoon, Prince Albert, Indian Head, North Battleford et Moose Jaw étaient parmi les concurrents. Le choix personnel de Walter Murray était Régina ; mais le 7 avril 1909, le conseil d’administration se décida pour Saskatoon. L’Eglise méthodiste avait voulu augmenter son prestige auprès des autres confessions ; ceci, joint au besoin d’éducation secondaire et à la controverse concernant le choix de Saskatoon, conduisit les méthodistes à fonder Regina College en 1911. L’Eglise méthodiste de la Saskatchewan avait fait cette proposition à sa réunion annuelle de 1909, et dès l’automne 1911 les premiers étudiants étaient inscrits. L’idée essentielle était d’offrir une éducation secondaire aux étudiants des régions rurales qui n’en avaient pas l’opportunité. Regina College développa une réputation pour son conservatoire de musique, qui en fit un centre musical pour Régina et les alentours.
Au fur et à mesure que la province grandissait, l’éducation secondaire devenait plus disponible. Au début des années 1920 Regina College, sous la direction de Ernest W. Stapleford, président de 1915 à 1934, comprit qu’il n’avait pas beaucoup d’avenir comme école secondaire ; aussi dressa-t-on des plans pour le transformer en université. Stapleford pensait qu’offrir des cours universitaires à Régina était une façon de conserver le collège et de répondre aux besoins des habitants du sud de la province pour une université plus proche. En 1925, Regina College fut donc affilié avec l’Université de la Saskatchewan. La Dépression des années 1930 causa des difficultés financières aux deux institutions ; le collège fut bientôt à court d’argent, et le 1er juillet 1934 l’université en prit possession. La création d’une deuxième université en Saskatchewan avait été évitée, mais Regina College continua à offrir les deux premières années universitaires, le conservatoire de musique, et le programme de beaux-arts. Avec la demande croissante pour une éducation universitaire qui fit suite à la Deuxième Guerre mondiale, l’Université de la Saskatchewan décida en 1959 de mettre sur pied un diplôme en lettres et en sciences à Regina College, et le 1er juillet 1961 ce dernier devint l’Université de la Saskatchewan, Regina Campus.
La création d’un programme de diplômes n’écarta pas la demande pour une université indépendante à Régina ; en fait, la difficulté d’administrer le campus de Régina depuis Saskatoon exacerba peut-être les problèmes existant entre les deux campus. Ces problèmes devinrent tels que les efforts pour créer un système viable n’aboutirent pas, et en 1973 le gouvernement établit la commission Hall pour trouver une solution. Emmett Hall, juge en chef retraité, présenta son rapport en décembre 1973, et l’été suivant le gouvernement adopta sa recommandation pour un système bi-universitaire. En juillet 1974, la législation approuva l’existence de deux universités en Saskatchewan ; l’Université de Régina était née.
A Régina, Campion College, qui avait été établi en 1917, devint collège du premier cycle en 1923 et fut affilié au Collège St. Boniface, en Manitoba, en vue d’offrir des diplômes universitaires ; finalement, en 1964, Campion College entra en fédération avec l’Université de la Saskatchewan, Regina Campus. De même Luther College, établi en 1914 à Melville, commença à offrir des cours universitaires à Régina en 1926 grâce à son affiliation avec Capital University, en Ohio ; lui aussi fut affilié au campus de Régina, en 1968. Cette affiliation des deux collèges avec le campus se poursuivit après la création de l’Université de Régina en 1974. En 1976, l’Université de Régina et la Fédération des nations indiennes de la Saskatchewan conclurent un accord en vue de la création du Saskatchewan Indian Federated College (SIFC), un collège universitaire doté d’une administration indépendante. Le 21 juin 2003 – Journée nationale des autochtones – ce collège devint l’Université des Premières Nations du Canada, qui permet les études au sein de la culture autochtone.
Pendant les années 1990, le gouvernement de la Saskatchewan se lança dans une série d’efforts visant à aborder les problèmes de qualité, d’accès et de responsabilité dans les deux universités. Les rapports Johnson de 1993 et MacKay de 1996 sont deux représentants notables de ces efforts de la part des universités et du gouvernement pour offrir une éducation postsecondaire efficace dans la province.
La Fédération des enseignants de la Saskatchewan (STF) et l’Association des conseils scolaires de la Saskatchewan (SSBA) ont joué un rôle important dans le système éducatif provincial (avant 2003 la SSBA était la Saskatchewan School Trustees’ Association, ou SSTA). Bien que le gouvernement provincial soit constitutionnellement responsable de l’éducation, au fil des ans il a délégué d’importantes responsabilités à des conseils scolaires élus localement et avec responsabilité fiscale. A cause de leur rôle éducatif et de leur expertise, les enseignants ont également laissé leur marque sur le système éducatif de la province. L’Association des commissaires scolaires (Trustees’ Association) et la Fédération des enseignants sont en quelque sorte nées d’un congrès d’enseignants, de commissaires et de fonctionnaires tenu en mai 1908 afin d’aborder le problème des nombreux élèves qui ne parlaient pas anglais ; ce congrès devint un événement régulier, et le groupe prit le nom de Saskatchewan Education Association. En 1915, les commissaires formèrent la SSTA, qui en 1917 tint un congrès d’où sortit une résolution d’imposer l’anglais comme seule langue d’enseignement ; en conséquence, les commissaires franco-canadiens se séparèrent de la SSTA et formèrent leur propre groupe, l’Association des commissaires d’écoles franco-canadiens. De même, le congrès des commissaires de 1920 adopta une résolution pour l’abolition des écoles séparées ; presqu’aussitôt, les commissaires catholiques formèrent l’Association des commissaires d’écoles catholiques de la Saskatchewan. Dans une certaine mesure, ces divisions sont encore reflétées dans les organisations de commissaires actuelles.
La Fédération des enseignants de la Saskatchewan naquit en 1914 d’une réunion entre le premier ministre Walter Scott et les correcteurs d’examens. Ayant demandé à ces derniers des suggestions sur les possibilités d’améliorer le système éducatif, la plupart des suggestions qu’il reçut concernaient les conditions de travail des enseignants. Ce n’était pas ce que Scott recherchait, mais les correcteurs ne se laissèrent pas décourager et organisèrent une réunion d’enseignants à l’école normale de Régina en vue de former une organisation. L’Union des enseignants de la Saskatchewan vit donc le jour en juillet 1914 ; avec au départ moins de vingt membres, elle avait comme objectif d’améliorer la situation des enseignants ainsi que les critères professionnels. Beaucoup de ses membres n’aimaient guère le terme « union », aussi le nom fut-il changé en « Alliance des enseignants de la Saskatchewan » en 1919 ; ce changement, joint aux réductions de salaires qui firent suite à la Première Guerre mondiale, créa un milieu propice au développement d’une organisation s’occupant des conditions de travail, des salaires et des bénéfices des enseignants. Le statut des enseignantes était au plus bas au début des années 1900 : en conséquence les enseignantes de Saskatoon se réunirent pour former en 1918 l’Association des enseignantes de la Saskatchewan (Saskatchewan Women Teachers’ Association, ou SWTA). L’admission en était limitée aux employées du primaire, et l’objectif était de promouvoir le bien-être des enseignantes de Saskatoon. Sous la direction de Victoria Miners, l’une des fondatrices de la SWTA, elles se penchèrent sur la question du bas salaire des enseignantes ainsi que sur la politique, alors fort courante en Amérique du Nord, de discrimination envers les enseignantes mariées.
La première grève des enseignants de la Saskatchewan eut lieu en 1921 à Moose Jaw. Bien que brève, elle représenta une victoire pour l’Alliance des enseignants parce que le Conseil de l’éducation reconnut leur droit de négocier avec les conseils scolaires par l’intermédiaire de représentants. Durant les années 1920, les effectifs de l’Alliance s’accrurent et elle joua un rôle-clé dans la pression exercée sur le gouvernement pour passer en 1930 la Loi sur le régime de retraite des enseignants. Le début des années 1930 fut marqué par des réductions salariales et de mauvaises conditions de travail. Les enseignants des régions rurales s’en ressentirent le plus : désenchantés avec l’Alliance, qu’ils considéraient dominée par les villes, ils formèrent en 1932 leur propre organisation, l’Association des enseignants ruraux de la Saskatchewan. En octobre 1933, un groupe d’enseignants indépendants de la région de Balcarres et Fort Qu’Appelle réussirent à organiser à Régina une assemblée d’enseignants qui soutint le concept d’une association unique, et le 1er janvier 1934 les deux organisations existantes formèrent la Fédération des enseignants de la Saskatchewan (Saskatchewan Teachers’ Federation, ou STF). Cette année-là, la STF fit pression sur le gouvernement et se fit connaître aux élections : ses efforts furent récompensés, et le 21 février 1935 la Loi sur la profession enseignante reçut la sanction royale ; c’était la première fois dans le monde anglophone qu’une loi reconnaissait une organisation d’enseignants, et rendait l’adhésion à sa fédération non seulement obligatoire, mais aussi une condition d’engagement.
Pendant ce temps, l’Association des commissaires scolaires de la Saskatchewan s’employa durant les années 1920 et 1930 à offrir des services administratifs et éducatifs aux districts scolaires. Le concours d’art oratoire Bryant, créé en 1920 ; le Bureau des fournitures scolaires, établi en 1925 ; le développement d’un plan d’assurance scolaire de coopération ; l’encouragement apporté aux concours dramatiques : voilà quelques-unes des activités qui occupèrent la SSTA au cours de ses trente premières années.
Durant les années 1930, la STF porta son attention sur les salaires des enseignants, mais ses efforts n’aboutirent pas. Cependant, en mars 1940 la Loi sur les écoles fut amendée grâce aux enseignants, au gouvernement et à la SSTA, ce qui donna aux enseignants un salaire minimum de $700 par an. En 1922, déjà, les enseignants avaient recommandé qu’ils soient employés par le gouvernement provincial et rémunérés selon un barème provincial. Leurs efforts restèrent sans effet pendant plus de soixante-dix ans : bien qu’un certain nombres de barèmes aient été mis en circulation à la fin des années 1940, il n’était pas obligatoire de s’y conformer. En 1944 la province émergea de la Dépression, et le gouvernement prit pour mandat d’opérer des changements en éducation ; le ministre, Woodrow Lloyd, était partisan d’unités scolaires plus étendues, de négociation collective, de rémunération conformément à un barème, et d’une démarche coopérative envers la prise de décision en éducation. A la fin des années 1940 la SSTA, la STF et le gouvernement étaient plus ou moins d’accord pour poursuivre la Loi sur l’agrandissement des unités scolaires en 1944, la distribution d’un barème de salaires facultatif en 1945, et l’adoption de la Loi sur les négociations salariales pour enseignants en 1949. Cette dernière demandait aux enseignants et aux commissaires de négocier quand l’une ou l’autre partie l’exigeait, et il incombait à ces deux parties de conclure un accord final. Conformément au voeu de collaboration de Woodrow Lloyd, cette législation, approuvée par les enseignants et les commissaires, fut adoptée à la Législature à l’unanimité. 1952 vit le passage de la Loi sur la titularisation des enseignants, qui offrait à ceux-ci une plus grande sécurité d’emploi : les enseignants avec deux années de service auprès d’un conseil scolaire pouvaient, s’ils étaient licenciés avant le 30 juin, faire appel à un bureau de conciliation non exécutoire pour une révision de circonstances ; le conseil devrait alors présenter ses raisons pour le licenciement.
La provision d’enseignants ainsi que leurs qualifications professionnelles avaient souvent été des sujets d’inquiétude pour les écoles, les enseignants et les commissaires. Avant les années 1930 la pénurie d’enseignants était chose courante, et leur formation était des plus rudimentaires. Pendant les années 1930, alors que la dépression économique ramenait de nombreux anciens enseignants à leur première occupation, les conseils scolaires se trouvèrent submergés de candidatures ; les salaires chutèrent, et dans beaucoup de cas ne furent pas versés pendant des années. Ce n’est que dans les années 1940 que la question d’accréditation refit surface, et elle devint une priorité dans les années 1950 à mesure que croissait l’inquiétude au sujet de la la nouvelle pénurie d’enseignants et de la qualité de l’éducation. Les discussions entre le Ministère de l’éducation, les commissaires et les enseignants se poursuivirent jusqu’en 1964, date à laquelle fut passée la Loi sur l’éducation et la formation des enseignants.
Le domaine des négociations entre enseignants et commissaires, cependant, demeurait une source de conflits. Après la Loi sur les négociations salariales pour enseignants de 1949, les désaccords demandant conciliation et médiation pullulèrent, jusqu’à ce qu’en 1965 le gouvernement forme une commission dirigée par le juge Ben Moore en vue de recommander une solution. En 1968, la loi de 1949 fut remplacée par la Loi sur les accords salariaux pour enseignants, qui comprenait : des accords conclus entre enseignants et comités scolaires couvrant plusieurs unités scolaires ; la possibilité d’un conciliateur nommé par le ministre ; et une limite placée sur l’étendue des accords portant sur les salaires et indemnités. Après le changement de gouvernement en 1971, une nouvelle Loi sur la négociation collective pour enseignants fut passée au cours de la session de printemps de la législature, en vue d’une négociation à deux niveaux : au niveau provincial, les représentants des enseignants négociaient avec les commissaires et les représentants du gouvernement sur les salaires, certaines indemnités, et les principaux bénéfices ; au niveau de la division scolaire, des représentants locaux négociaient au nom des enseignants avec les représentants des conseils scolaires locaux. Ce processus est demeuré presque inchangé. A l’exception de la négociation collective, les relations coopératives entre enseignants et commissaires se poursuivirent sur les bases jetées par Woodrow Lloyd. A la fin du 20ième siècle, les surintendants et directeurs des services pédagogiques (sous les auspices de leur organisation, la Ligue des administrateurs, directeurs et surintendants de l’éducation, ou LEADS), les directeurs financiers des conseils colaires (sous les auspices de leur organisation, l’Association des directeurs financiers scolaires de la Saskatchewan), et l’association mère (l’Association des conseils scolaires de la Saskatchewan, ou SASC) firent partie du groupe semi-officiel qui influait sur l’élaboration des politiques en éducation depuis la maternelle jusqu’à la douzième année. Ces organisations n’étaient pas toujours d’accord et suivaient souvent des directions différentes, mais elles représentaient une force décisionnaire dans le système éducatif de la province.
Au début du 20ième siècle, le Ministère de l’éducation fournit aux enseignants des Programmes d’études pour les école publiques de la Saskatchewan ; le programme de 1913 qui s’adressait aux classes élémentaires était long de trente-sept pages. Les sujets comprenaient l’éducation morale et civique, la culture physique et l’hygiène, la lecture et la littérature, la composition, l’arithmétique, l’histoire, la géographie, les sciences naturelles, l’écriture, le dessin et la musique. Les objectifs de chaque matière étaient résumés en deux ou trois courts paragraphes ; chaque classe était traitée en quelques pages, avec un exposé succinct du contenu de chaque matière. Les trois dernières pages étaient consacrées au travail manuel ainsi qu’à la couture et à la cuisine, et contenaient les partitions musicales. Le Ministère publia également un Programme d’études pour écoles secondaires et collèges ; la version de 1913 avait douze pages. La liste des sujets comprenait la lecture, la composition et l’art oratoire, l’histoire, l’algèbre, la géométrie, la trigonométrie, la chimie, la biologie, la physique, et aussi le latin, le grec, le français et l’allemand. Des sections séparées définissaient le « commercial » comme un mélange de comptabilité, de sténographie et de dactylographie, et mentionnaient un cours spécial sur le sol et son traitement, les végétaux, la gestion agricole et la construction. En 1913, le Ministère publia également une liste des ouvrages de référence pour enseignants et bibliothèques scolaires, longue de trois pages ; dès 1929 ce document était passé à huit pages, le programme d’études pour l’élémentaire à cinquante-six pages, et celui pour le secondaire à cinquante et une. Du point de vue actuel, tous ces documents étaient remarquablement brefs.
Au milieu des années 1920, d’autres programmes d’assistance à l’éducation furent mis en place. En 1926, le gouvernement établit une école par correspondance, l’Outpost Correspondence School, qui apportait ses cours aux étudiants habitant les régions reculées de la province. Dirigée à ses débuts par C.E. Sheldon-Williams, cette branche du Ministère de l’éducation devint bientôt la Saskatchewan Government Correspondence School. En 1931, les émissions radiophoniques assistèrent cette école, où les sujets traités comprenaient l’anglais, l’histoire, les sciences, le latin et l’allemand ; à l’origine, des leçons d’une demi-heure étaient diffusées à six heures du soir. Les difficultés des années 1930 firent annuler ces programmes en 1938, mais grâce à la coopération de Radio-Canada et des ministères de l’éducation des quatre provinces de l’ouest, ces émissions scolaires recommencèrent à être diffusées en automne 1941 ; elles demeurèrent un pilier des programmes éducatifs jusqu’à ce qu’elles cessent en 1982. Dans l’intervalle, la télévision scolaire avait fait ses débuts au milieu des années 1950.
Pendant les années 1920 des pétitions furent adressées au gouvernement, à l’instigation de R.J.D. Williams, afin d’attirer son attention sur les besoins des enfants sourds. A cette époque, ceux-ci étaient envoyés au Manitoba ou à Montréal, ce qui créait des difficultés pour les familles ; aussi le premier ministre J.T.M. Anderson annonça-t-il en automne 1929 que Saskatoon serait le site d’un pensionnat pour enfants sourds. Cette école ouvrit ses portes en septembre 1932 ; R.J.D. Williams en était le doyen, et le resta jusqu’à sa retraite en 1963. L’école, appelée la R.J.D. Williams Provincial School for the Deaf, offrait un programme allant de la maternelle à la douzième année pour élèves sourds ou bien sourds-aveugles âgés de 3 à 21 ans. Pendant les années 1970 et 1980, alors que l’intégration dans les classes ordinaires devenait chose courante, les inscriptions baissèrent, et le 30 juin 1991 l’école cessa ses opérations.
Vers la fin de 1933, le Bureau de lecture de la Saskatchewan fut formé afin de coordonner l’approvisionnement et la distribution de textes autorisés, ainsi que de livres de référence et de bibliothèque, à des prix identiques dans toute la Saskatchewan ; mais ses services déclinèrent à la fin des années 1990, et en 2003 il cessa d’opérer. L’école par correspondance, les émissions colaires, l’école pour enfants sourds et le bureau de lecture ne sont que quelques exemples des efforts apportés par le gouvernement et la communauté à la satisfaction des besoins éducatifs. Parmi les autres programmes on compte : les bibliothèques publiques et scolaires ; le développement d’une cinémathèque ; la formation de SaskMedia en 1974 ; le développement des protocoles d’études de l’ouest du Canada et d’un cadre pan-canadien pour le curriculum scientifique ; l’achat de licences pour bases de données ; la création d’un centre de ressources virtuelles ; le développement d’un consortium des technologies de l’enseignement ; et la création de Community Net au tout début du 21ième siècle.
Avant 1900, la Saskatchewan offrait peu d’éducation postsecondaire ou pour adultes. Certains conseils scolaires offraient ce qu’on peut appeler des programmes techniques professionnels, tels que le travail manuel, la comptabilité, l’agriculture et l’enseignement ménager. Cependant, les inscriptions étaient limitées et peu fut accompli avant l’intervention du gouvernement fédéral. Bien que le gouvernement provincial ait été responsable de l’éducation, la section 91 de l’Acte de l’Amérique Britannique du Nord de 1867 rendait le gouvernement fédéral responsable de la croissance économique et du bien-être du Canada : nanti de ce mandat, auquel s’ajoutaient l’influence d’un monde en voie d’industrialisation rapide et le besoin d’améliorer les pratiques agricoles, le gouvernement fédéral passa en 1912 et 1919 des lois favorisant l’éducation agricole et technique. Cette législation mettait des fonds fédéraux à la disposition des provinces pour le développement dans ces domaines. En réponse, la Saskatchewan passa en 1920 la Loi sur l’enseignement professionnel, qui habilitait les conseils scolaires à établir des écoles pour la formation industrielle de la jeunesse et offrait des subventions pour la construction des installations nécessaires. La population éparse empêcha la plupart des districts scolaires de profiter de ces opportunités, mais cette législation permit la construction de trois écoles techniques : Balfour Technical Collegiate, ouvert à Régina en 1930 ; Moose Jaw Technical School, en 1931 ; et le Technical College Institute à Saskatoon, en 1932. Comme il en était avec d’autres initiatives, cependant, les années 1930 virent peu de progrès en éducation technique et professionnelle.
On considère parfois la Deuxième Guerre mondiale comme le commencement de l’intérêt porté à l’éducation technique et professionnelle pour adultes. Cet intérêt était dû en partie aux besoins créés par la guerre, et en partie aux leçons tirées du chômage des années 1930. En 1944, le Ministère de l’éducation forma la première Division d’enseignement pour adultes, qui aussitôt fit paraître plusieurs publications et parraina un certain nombre d’activités éducatives pour adultes, telles que : Lighted School, ou l’« Ecole allumée » (cours du soir communautaires portant sur les arts, la couture, la menuiserie et le secourisme) ; anglais de base et instruction civique (le précurseur de l’anglais comme langue seconde) ; et des conférences étude-action. Sous certains aspects cette division annonçait le système de collèges communautaires développé dans les années 1960 et 1970, dont les objectifs portaient sur la vie communautaire, l’action civique coopérative, l’alphabétisme, et les problèmes affrontés par la société. Au fil des années 1940, la monté de l’activité industrielle ainsi que les besoins de formation des soldats démobilisés forcèrent les gouvernements fédéral et provincial à établir, conformément à l’Accord sur la formation professionnelle, des centres de formation à Régina, Moose Jaw, Saskatoon et Prince Albert. Cependant, dès 1948 la demande déclina et tous ces programmes fermèrent leurs portes, sauf celui de Saskatoon ; ce dernier, l’Ecole canadienne de formation professionnelle, devint la première institution non académique à long terme en Saskatchewan dont le mandat consistait à offrir aux adultes les moyens d’améliorer leurs compétences techniques et professionnelles.
Par l’intermédiaire de la Loi sur l’assistance aux écoles professionnelles de 1945, le gouvernement fédéral encouragea la construction d’un certain nombre d’écoles secondaires polyvalentes offrant des cours académiques ainsi qu’une formation professionnelle et technique. La Loi sur l’assistance à la formation technique et professionnelle, passée par le gouvernement fédéral en 1960, finançait 75% des dépenses approuvées par la province pour l’enseignement technique et professionnel au niveau secondaire, ce qui permit la construction et l’équipement d’une autre série d’écoles disposées stratégiquement dans toute la province : les écoles secondaires polyvalentes, chargées de dispenser une large gamme de cours répondant aux besoins de tous les élèves du secondaire. La plupart de ces écoles furent en service dès la fin des années 1960.
Au fil des ans, les initiatives fédérales en matière d’éducation technique et professionnelle dans les écoles secondaires de la Saskatchewan menèrent à la création des trois écoles techniques autour de 1930, des écoles polyvalentes dans les années 1940 et 1950, et des écoles secondaires polyvalentes dans les années 1960. Ces initiatives prirent fin en 1965 lorsque le parlement fédéral passa la Loi sur l’éducation professionnelle des adultes, qui annulait tous les programmes professionnels secondaires et les remplaçait par une concentration sur le développement des compétences de base, l’amélioration des compétences existantes, le développement linguistique des immigrants, et les programmes d’apprentissage.
Les programmes d’apprentissage avaient fait peu de progrès avant 1944, date à laquelle le gouvernement provincial, en réponse aux besoins issus de la période de guerre, créa des programmes d’apprentissage officiels. L’adoption en 1945 de la Loi sur l’apprentissage en Saskatchewan, ainsi que le premier Congrès national sur l’apprentissage dans le commerce et l’industrie en 1952, donnèrent le coup de pouce à ces programmes. Après le Congrès, le gouvernement fédéral développa une série d’analyses professionnelles qui conduisirent à un processus éducatif basé sur des programmes et des examens d’apprentissage standard. Lorsqu’un individu répondait aux normes de formation et d’accréditation du système interprovincial, il recevait le Sceau rouge (Red Seal); celui-ci, reconnu nationalement, permettait aux ouvriers qualifiés de se déplacer d’une province à une autre.
A Saskatoon, l’Ecole canadienne de formation professionnelle, en opération depuis les années 1940, avait pour mandat de former et de réintégrer les anciens combattants. Pour subvenir aux besoins de la province en technologie, en industrie et en apprentissage, l’Institut technique de la Saskatchewan fut établi à Moose Jaw en 1959. La demande accrue en main-d’oeuvre qualifiée provoqua en 1963 le transfert d’un certain nombre de programmes de l’Ecole canadienne de formation professionnelle au nouvel Institut technique central de la Saskatchewan à Saskatoon, qui en 1974 devint l’Institut Kelsey des sciences et arts appliqués. A Régina, l’Institut des sciences et arts appliqués de la Saskatchewan (SIAAS) ouvrit ses portes en 1972, avec pour mandat initial d’offrir des programmes en assistanat dentaire, techniques infirmières, soins psychiatriques et assistanat infirmier. Après son transfert à une nouvelle installation en 1973, cet institut fut rebaptisé Institut Wascana des sciences et arts appliqués. Ce n’est qu’en 1986 que l’Institut de technologie du nord ouvrit ses portes à Prince Albert, avec pour mandat d’offrir au nord de la province un enseignement technique basé sur les compétences attendues ; cette démarche, populaire avec les adultes à cause de son modèle d’autoréglage par l’apprenant, fut peu à peu étendue à d’autres programmes.
Pendant les années 1960, les besoins techniques et professionnels étaient satisfaits dans les instituts techniques de Moose Jaw et Saskatoon ; cependant, la Saskatchewan rurale voulait des centres de formation plus rapprochés. Dans le rapport de la Commission royale sur l’agriculture et la vie rurale, rédigé en 1956, un volume entier était consacré à l’éducation rurale : on y trouvait une critique des services d’éducation pour adultes offerts par le gouvernement et l’Université, ainsi qu’un appel aux décideurs pour qu’ils remédient à la situation.
A Prince Albert, les membres de la communauté se réunirent en 1964 pour discuter l’éducation post-secondaire en termes d’alphabétisme, de formation professionnelle et technologique, de transfert à l’université, et de sciences du loisir. Ces discussions conduisirent à la création du premier collège communautaire de la Saskatchewan en 1970. Formé comme organisme sans but lucratif, ce collège était administré par un conseil de groupes communautaires comprenant la chambre de commerce, l’association d’enseignants locale, les conseils scolaires, le conseil municipal, certaines branches du gouvernement fédéral, et des représentants autochtones et métis.
Au niveau provincial, l’Université de la Saskatchewan et le Ministre de l’éducation établirent en mai 1965 une commission paritaire de l’éducation post-secondaire afin d’en examiner tous les aspects ; cette commission, présidée par John W.T. Spinks, présenta son premier rapport provisoire en 1967. Après une élection, le gouvernement créa également en 1972 un Département de la formation continue ; la Loi sur les collèges communautaires fut adoptée en 1973 d’après le rapport de Ron Faris en 1972 ; et en 1976 quatorze collèges communautaires régionaux étaient en place et couvraient l’éducation pour adultes dans toute la province. Ces collèges étaient chargés d’identifier les besoins de leur communauté ainsi que les ressources locales ou provinciales disponibles pour y subvenir, et de coordonner et faciliter l’exécution des programmes. 1988 vit l’adoption de la Loi sur les collèges régionaux, qui changeait le nom des collèges communautaires en « collèges régionaux ». Les programmes associés aux loisirs et aux passe-temps se trouvaient mis de côté au profit de la préparation à l’emploi et au marché du travail ; ces nouveaux programmes continuaient à être offerts par l’intermédiaire des universités et des instituts. Les quatre collèges communautaires urbains et les instituts techniques fusionnèrent en 1988 pour former l’Institut des sciences appliquées et de la technologie de la Saskatchewan (SIAST). Alors commença le mouvement hors des quatre instituts indépendants de Moose Jaw, Saskatoon, Régina et Prince Albert, vers un seul institut doté de quatre centres de programmes. Pendant les années 1990, les collèges et instituts évoluèrent de façon à répondre aux besoins du marché du travail : ces besoins augmentaient, et pour y répondre on eut recours au télé-enseignement, au partenariat avec les employeurs, et aux liaisons avec le gouvernement fédéral.
Durant les années 1960, l’abandon des écoles résidentielles se fit plus fréquent en même temps que le système d’éducation reconnaissait qu’il n’était pas juste de traiter de la même façon les Premières Nations, les Métis et les non-autochtones. En 1972 l’Université de la Saskatchewan établit le Programme de formation des enseignants indiens (ITEP), financé conjointement par Affaires indiennes et du Nord Canada et par l’Université. La même année, la Fédération des nations indiennes de la Saskatchewan formait un centre culturel, le Saskatchewan Indian Cultural Centre, qui préserverait et revitaliserait les langues, la culture et les arts des Premières Nations. Le Collège communautaire indien de la Saskatchewan, fondé en 1976, couvrait une géographie bien définie : les terres des réserves et du domaine public occupées par les Premières Nations. Les autres collèges n’avaient pas le droit d’y pénétrer sans l’accord du Collège communautaire indien, et c’est lui qui engageait par contrat tout service de formation pour adultes. Le Collège se développa rapidement, et en 1985 devint l’Institut indien des technologies de la Saskatchewan (SIIT). Au départ, le SIIT offrait des cours de perfectionnement ainsi que des programmes professionnels de base, mais bientôt il offrit toute une gamme de cours de formation professionnelle et technique, si bien que le 1er juillet 2000 la législation provinciale reconnut le SIIT comme institution postsecondaire.
En 1980, les Métis et ceux qu’on appelait alors les Indiens non inscrits mirent en place le Gabriel Dumont Institute (GDI) et le Programme de formation des enseignants autochtones urbains de la Saskatchewan (SUNTEP). L’Institut Dumont était financé par le gouvernement ; quant à SUNTEP, ses programmes offraient une formation d’enseignants aux étudiants d’origine métisse à Saskatoon, Régina et Prince Albert. En 2005, plus de 400 enseignants avaient déjà été ainsi formés.
L’Institut Gabriel Dumont d’études autochtones et de recherche appliquée, qui a grandi au point de devenir la branche éducative officielle de la Nation métisse-Saskatchewan, offre des opportunités éducatives et professionnelles agréées, en partenariat avec les deux universités, SIAST, et les collèges régionaux. L’une des innovations les plus intéressantes des années 1970 fut la création en 1977 du Programme de formation des enseignants du nord (Northern Teacher Education Program, ou NORTEP). Avec La Ronge pour base, ce programme, financé par le conseil scolaire Northern Lights (Aurore boréale) et les bandes d’Indiens du nord, éduque des enseignants destinés à travailler dans leurs communautés. Il offre également de nombreux cours portant sur les études autochtones, les sciences, l’anglais, le cri et le déné.
Quand le Collège indien fédéré de la Saskatchewan (Saskatchewan Indian Federated College) ouvrit ses portes en automne 1976, il avait neuf étudiants. En 2004, après être devenu l’Université des Premières Nations du Canada (First Nations University of Canada), les inscriptions dépassaient 1 200 et les étudiants provenaient de pratiquement toutes les provinces et tous les territoires. Cette université offre programmes et services sur trois campus (Régina, Saskatoon et Prince Albert), et possède dix départements ainsi que des programmes communautaires et de télé-enseignement. La Saskatchewan est donc maintenant dotée d’organisations capables d’assurer l’éducation des étudiants autochtones et métis, ainsi que la rétention de la culture et des langues autochtones.
En 1944, la nomination de Henry Janzen au poste de directeur du curriculum au sein du Ministère de l’éducation marqua une nouvelle étape dans l’élaboration des programmes d’enseignement en Saskatchewan. Auparavant, les enseignants possédaient peut-être un livre de classe en plus des grandes lignes du programme d’études, mais en général ils devaient développer eux-mêmes leur matériel pédagogique.
Le curriculum commença à évoluer au milieu des années 1940 : des programmes mieux accordés aux différentes matières furent développés pour le secondaire, les livres de classe furent améliorés, et les enseignants furent invités à participer. Les inscriptions au secondaire demeuraient faibles, et seulement un quart des élèves arrivaient en douzième. Pour y remédier, on élargit les programmes de façon à inclure davantage d’assistance aux enseignants et aux élèves, sous la forme de guidance, de matériel didactique et d’émissions scolaires. En 1963, le Ministère de l’éducation adopta le Plan pour la réorganisation de l’enseignement dans les écoles de la Saskatchewan, qui partageait les années d’école en quatre divisions : Division 1 (années 1, 2 et 3), Division 2 (années 4, 5 et 6), Division 3 (années 7, 8 et 9), et Division 4 (années 10, 11 et 12). Ce Plan partait du principe qu’il n’était pas acceptable de sauter une classe, de la redoubler, ou de subir un échec : il fallait plutôt que les enseignants accordent aux élèves davantage de temps pour étudier et pour maîtriser les objectifs d’apprentissage. Il faudrait trois ans pour qu’un élève moyen maîtrise le contenu d’une division ; un élève plus doué prendrait peut-être deux ans, et un plus limité quatre ans. Ceci s’appelait le système de progrès continu.
Le 13 octobre 1971, le Ministre de l’éducation établit la Commission ministérielle sur l’éducation maternelle et la chargea d’étudier la possibilité de mettre en place un programme de maternelle financé par la province. En juin 1972, la commission publia un rapport recommandant en effet la formation d’un programme de maternelle facultatif et à mi-temps ; on suivit cette recommandation, et le programme est encore plus ou moins ce qu’il était dans les années 1970. A la même époque, la pression du public sur le système d’éducation se fit plus intense. Dans les années 1960, des cours s’étaient ajoutés au niveau secondaire afin de retenir les élèves : il s’agissait d’offrir des cours intéressant les élèves sans vocation universitaire, pour qu’au moins ils complètent leur éducation secondaire. Mais les parents ainsi que d’autres membres du public se plaignirent que l’éducation s’en trouvait édulcorée, et demandèrent le retour à l’essentiel. C’était une opinion répandue alors en Amérique du Nord, qui força le Ministre de l’éducation à établir un Comité de révision du curriculum et de l’instruction, en vue de satisfaire les demandes des éléves et du public. Son rapport, intitulé Directions, vit le jour en 1984 ; le Ministre l’approuva et fit un projet d’implantation. Les améliorations apportées au curriculum et aux pratiques d’enseignement facilitèrent une collaboration entre le Ministère de l’éducation et le système éducatif. Les changements effectués – une liste d’objectifs, un programme de base, et un apprentissage basé sur les ressources – dominèrent l’éducation pendant plus de vingt ans.
En même temps qu’il se lançait dans ce projet, le Ministère de l’éducation mettait en place de nouveaux programmes, destinés aux élèves autochtones et métis ainsi qu’à ceux vivant dans la pauvreté ; ces programmes révisaient la teneur culturelle du curriculum et établissaient les écoles communautaires, qui avaient une relation plus étroite avec la communauté, offraient des programmes de nutrition, et utilisaient des aides scolaires dans leurs classes. Seize écoles communautaires furent ainsi créées au début des années 1980 ; de plus, la division catholique de St. Paul établit l’Ecole de survie autochtone de Saskatoon, appelée plus tard Joe Duquette High School. Ces initiatives s’ajoutaient à toute une gamme de programmes développés par les conseils scolaires dans la province entière.
Depuis au moins les années 1950, on doutait en Amérique du Nord de la capacité du système éducatif à répondre aux différences individuelles. Bien que l’Ecole pour enfants sourds ait offert un milieu d’instructioon pour ceux concernés, d’autres élèves ayant des besoins particuliers avaient souvent peu ou pas d’opportunité d’obtenir une éducation, ou bien étaient éduqués dans des institutions. Au cours des années 1950, le gouvernement commença à encourager les unités colaires à instaurer des classes pour enfants doués ou ayant des besoins particuliers. Au milieu des années 1960 la tendance passa aux classes intégrées, où on répondait aux besoins particuliers dans la classe ordinaire. Cette démarche d’inclusion reçut un coup de pouce avec l’adoption en 1971 d’une législation qui amendait la Loi sur les écoles en ordonnant aux conseils scolaires d’offrir des programmes appropriés aux enfants souffrant de handicaps, et de leur procurer un environnement aussi peu restrictif que possible. L’intégration de ces élèves fut en général applaudie, mais eut aussi à faire face à la résistance de certains enseignants, parents et élèves. Même avec des programmes de soutien supplémentaires, les enseignants avaient de la difficulté à instruire les élèves ayant des besoins sérieux tout en offrant une éducation de qualité aux autres; parfois, élèves et parents avaient l’impression que les programmes ordinaires en souffraient. Malgré tout, une enquête sur l’éducation spécialisée, complétée en 2000, confirma que l’inclusion était la philosophie appropriée ; elle recommandait d’accélérer les services intégrés, de mettre en valeur la responsabilisation, et d’augmenter les ressources. Ces recommandations ont été mises en pratique.
Le lien entre le bien-être des écoliers et celui de leurs communautés a été reconnu depuis les débuts de la scolarité en Saskatchewan en 1840. Les écoles et le développement communautaire sont toujours allés de pair dans la province, ce qui explique pourquoi le déclin de la population d’âge scolaire, les divisions scolaires de plus en plus étendues, et la fermeture des écoles ont signifié la mort de certaines communautés. Ces défis incitèrent l’Association des commissaires scolaires de la Saskatchewan à organiser en 1992 un colloque sur le rôle de l’école, avec pour but de créer un forum chargé d’examiner le rôle en expansion de l’école et d’en faciliter une compréhension tournée vers l’avenir, avec le soutien de tous. Le rapport intitulé Directions (1984) avait recommandé que les ministères de la santé, de l’éducation et des services sociaux créent des mécanismes de coordination. Parmi les problèmes sociaux, on comptait le dépeuplement rural, les questions interculturelles, le changement dans les familles, et la violence chez les jeunes ; ces problèmes commençaient à dépasser les prestataires de services et leurs clients, surtout les écoliers. En réponse, le gouvernement publia en 1993 son Plan d’action pour l’enfance. Fin 1998, la partie prenante en éducation demanda auprès du Ministère une critique du rôle de l’école. Le Ministre établit ainsi le Groupe de travail et dialogue public sur le rôle de l’école, présidé par Michael Tymchak, avec pour mandat de se lancer avec la communauté entière dans une discussion du rôle de l’école, et d’identifier dans quelle mesure il existait un fossé entre ce que l’on attend de l’école et ce que celle-ci peut accomplir. En février 2001 le Ministre reçut un rapport intitulé SchoolPLUS : A Vision for Children and Youth (EcolePLUS : une vision pour l’enfance et la jeunesse).
Sur la base de principes similaires, le gouvernement fédéral et la Saskatchewan admirent qu’une amélioration des services à la petite enfance contribuerait à briser le cycle de la pauvreté. La province était impliquée dans une politique de développement de la petite enfance depuis l’inauguration de son Plan d’action pour l’enfance, en 1993. Toutes les provinces reconnaissaient le bien-fondé de tels programmes (allant du prénatal à la prématernelle) dans la lutte contre des problèmes comme le syndrome d’alcoolisme foetal ; en résultat, les premiers ministres du Canada publièrent en septembre 2001 un « Communiqué sur la petite enfance » qui soulignait la détermination des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux de travailler ensemble à répondre aux besoins de perfectionnement de tous les enfants canadiens. Le gouvernement fédéral s’engageait à financer le programme ; quant à la Saskatchewan, elle créa le programme KidsFirst (Les enfants d’abord), qui entra en vigueur en septembre 2002 dans huit communautés du sud de la province et dans toutes celles de la région nord.
Pendant ce temps, le rapport SchoolPLUS était arrivé à la conclusion qu’il existe un fossé entre les aptitudes de l’école et ce qu’en attend la communauté, et recommandait d’élargir le rôle de l’école et de faire de celle-ci un centre de discussion des problèmes sociaux : chargée de ces responsabilités supplémentaires, l’école deviendrait alors EcolePLUS. En 2002, la gouvernement publia sa réponse avec la signature et l’engagement de six de ses ministres, ainsi qu’un message explicatif du premier ministre : les recommandations étaient approuvées, et le gouvernement s’engageait à mettre en application le concept d’EcolePLUS. Dans une importante déclaration de principe, le gouvernement reconnaissait que le rôle de l’école avait changé et avait désormais deux fonctions : éduquer l’enfance et la jeunesse, et servir de centre communautaire pour la distribution de services sociaux de santé, de loisirs, de culture, de justice et autres, aux enfants et à leurs familles.
L’histoire de l’éducation en Saskatchewan est remplie de tentatives aux niveaux local, provincial et national, pour répondre aux besoins communautaires en enseignement et en apprentissage. Ces initiatives se sont adressées à une population répartie sur une vaste superficie, habitant des communautés isolées, provenant de diverses traditions culturelles, linguistiques et religieuses, et jouissant de situations socio-économiques différentes. Tout au long de son histoire, la province a considéré l’éducation comme la fondation nécessaire à la réalisation de meilleures perspectives d’avenir.
Contributor: Ken Horsman
Translated By: Patrick Douaud
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